Trois questions à Anne Stéfanini, directrice de Novancia

Le Moci. Deux grandes écoles de la CCIP (chambre d’industrie et de commerce de Paris), Advancia et Negocia, ont fusionné pour donner naissance à Novancia. Qu’est-ce qui change ?

Anne Stéfanini. Nous avons souhaité redonner ses lettres de noblesse au commerce. Novancia formera une nouvelle génération de managers dotés de la double compétence commerciale et entrepreneuriale : les business developers. Notre objectif est donc de préparer nos étudiants à réexploiter, relire et retravailler les marchés existants et les nouveaux marchés à ouvrir. C’est pourquoi Novancia se concentre sur les deux étapes du cursus grande école, avec un programme bachelor (bac + 3) accessible après le bac, et un master (bac + 5), accessible après un bac + 3, conformément au schéma LMD (licence, master, doctorat). Le bachelor a été repensé et Novancia a accueilli en septembre dernier la première promotion de ce nouveau programme (accessible via le concours Atout+3).

Le master démarrera en septembre 2012. On y retrouvera les deux spécialités d’Advancia et de Negocia que sont l’entrepreneuriat et le commerce. Mais nous avons renforcé sa dimension internationale, déjà très présente – plus de 80 partenariats – avec des institutions à l’étranger, en lui ajoutant une « majeure » « International Business development » enseignée en anglais.

Novancia met également l’accent sur l’innovation, une priorité pour nos entreprises partenaires. Et aussi pour les étudiants qui veulent augmenter leur employabilité. Nous disposons de trois ou cinq ans pour développer leur capacité et leur appétence à innover. Et leur enseigner à relier innovation technologique et opportunités de développement. Pour atteindre cet objectif, nous avons noué des partenariats originaux avec des entreprises, comme avec L’Oréal (les étudiants sont mobilisés pour inventer un packaging innovant pour les produits de styling de la marque). Nous avons aussi mis en place des cours de créativité pour les aider à surmonter leurs à priori ou leur peur de l’échec. 

Le Moci. Les PME constituent-elles un débouché pour les jeunes diplômés ?

Anne Stéfanini. Nous nous appuyons sur les projets conduits pour les entreprises et les associations pour leur faire apprécier les petites structures polyvalentes. À l’instar du projet Djeet (Diagnostic des jeunes entreprises en économies de transition et développées) qui leur permet de partir six semaines dans des économies en transition (Roumanie, Bulgarie, Russie, Algérie ou Estonie) en ayant pour mission de favoriser les liens entre les entreprises de ces pays et les PME françaises.

C’est un réel enjeu pour les PME dont un tiers seulement disposent d’un service export employant une personne au moins. Novancia a à cœur d’être plus à l’écoute des blocages à la croissance des PME et donc de produire un réel effort pour placer des élèves dans les PME régionales.

Nous misons également sur les missions en entreprise pour éveiller leur intérêt : un à deux tiers d’entre elles sont effectuées dans une PME. Les jeunes se font une certaine idée des fonctions en grande entreprise, mais connaissent peu la réalité des métiers. 

Le Moci. Est-ce la raison pour laquelle vous mettez l’accent sur l’apprentissage ? 

Anne Stéfanini. L’apprentissage est une dimension forte de Novancia qui propose ce mode d’enseignement dès la 3e année du programme bachelor et pendant toute la durée du master. Notre objectif est de dépasser les 500 apprentis pour 1 800 étudiants en régime de croissance. C’est une modalité très importante de la formation. En effet, le jeune qui choisit l’apprentissage est un salarié, ce qui change sa vision de l’entreprise, mais également celle de l’entreprise sur l’apprenti. Le rapport à l’insertion est différent. Le seul obstacle au développement de l’apprentissage est son financement par l’entreprise et la collectivité.

Propos recueillis par S. F.