Qu’ils se rendent à l’étranger pour participer à un salon ou à une mission de prospection, voire pour préparer le terrain en vue d’installer une nouvelle filiale, les responsables d’entreprises ou commerciaux en déplacement professionnel ont souvent besoin d’un hébergement opérationnel dans leur pays de destination pour rencontrer leurs prospects ou organiser des réunions avec leurs clients, pour des durées plus ou moins longues. Il existe de nombreux prestataires dans ce domaine. Pour la première fois, Le Moci recense les acteurs français ou francophones qui proposent des solutions.
Les acteurs du marché de la location de bureaux équipés et d’espaces de travail clés en main proposent dans les métropoles mondiales, de New York à Shanghai, des solutions d’hébergement flexibles pour des locations de quelques heures, de plusieurs jours ou de longue durée, répondant aux besoins des professionnels en déplacement. De la PME qui démarre son activité à l’export au grand groupe qui souhaite ouvrir une nouvelle filiale, en passant par la start-up qui veut accélérer en se projetant à l’international.
Acteur majeur du marché des centres d’affaires, le groupe Regus, depuis sa création en 1989 à Bruxelles, a tissé sa toile à l’international où il dispose d’un réseau étoffé de 3 200 adresses dans 1 100 villes de 120 pays. « On a un large spectre de services pour adresser les voyageurs nomades qui se déplacent très fréquemment – des espaces de co-working ou salons d’affaires, de la domiciliation partout dans le monde, des bureaux itinérants », détaille Christophe Burckart, directeur général de Regus France.
Une demande en hausse de 25 %
Selon lui une tendance claire se dessine sur le marché : « la demande pour ce type de services a augmenté de 25 % depuis quatre ans », analyse Christophe Burckart. Une vague sur laquelle surfe Regus. « En moins de quatre ans, le nombre de nos centres d’affaires en France et dans le monde a doublé », renseigne le dirigeant. Ainsi, au cours des quatre dernières années, le spécialiste de la location de centres d’affaires a ouvert 1 500 adresses dans le monde (France incluse). Son succès, Regus le doit en particulier à la pratique de tarifs souples qui s’échelonnent de 89 euros par mois pour un accès illimité à tous les salons d’affaires à 150 euros de l’heure pour un bureau privatif. « Il y a une croissance exponentielle du marché », observe encore Christophe Burckart. « Il y a de plus en plus d’acteurs et surtout de plus en plus d’utilisateurs ».
Une demande de co-working alimentée par les start-up
L’émergence des start-up, qui vont à l’international pour accélérer, a contribué au dynamisme du marché de la location d’espaces de travail, en particulier de co-working. « Les start-up utilisent les espaces de co-working lors de leurs déplacements pour limiter au maximum leurs coûts », constate le directeur général de Regus France, qui a commencé à investir ce créneau il y a dix ans.
Un constat partagé par Boris Lechevalier, co-fondateur et directeur associé de la société Altios, experte dans le conseil et l’accompagnement opérationnel des entreprises exportatrices à l’international. « Depuis 4 ou 5 ans, on voit pousser comme des champignons en Europe à Londres et Madrid, mais aussi en Amérique du Nord, à New York et Montréal, des espaces de co-working ».
Pour les SAI, un service complémentaire au conseil sur l’implantation
Les sociétés d’accompagnement à l’international (SAI) ont également investi, mais dans une moindre mesure, le marché de la location de bureaux équipés. Car il s’agit surtout d’un service complémentaire, qu’elles peuvent parfois, pour certaines d’entre elles, apporter en plus de leurs prestations premières qui relèvent du conseil et de la mise en contact : l’appui à l’internationalisation, du choix du marché à prospecter à une implantation commerciale pérenne.
Dans les 18 pays où elle est présente, la SAI Altios propose aux entreprises, en plus de ses services de conseil à l’implantation et de portage salarial, des bureaux installés dans ses locaux. « Aujourd’hui, on héberge une centaine d’entreprises », informe Boris Lechevalier. « Mais, prévient-il, on n’est pas Regus, notre métier, c’est d’abord de fournir du conseil et de faciliter l’implantation locale ». La démarche est complexe : « il faut ouvrir un compte en banque, et les filiales ont des obligations légales car chaque pays à sa propre législation », précise le cofondateur d’Altios.
Toutefois, dans ce contexte, l’hébergement à l’étranger « reste un service utile et pertinent », estime Boris Lechevalier en particulier pour l’accueil des V.I.E (volontaires internationaux en entreprises). Ce service, spécifiquement français, est prisé des entreprises pour encadrer les V.I.E qu’elles envoient dans des pays complexes comme le Brésil, l’Inde ou le Mexique. « Nous sommes présents au Mexique depuis une vingtaine d’années, nous avons un rôle de facilitateur, de l’obtention du visa au recrutement du personnel », déroule Boris Lechevalier. Outre des solutions d’hébergement ponctuel, la SAI propose des services de domiciliation postale, juridique ou encore commerciale pour les créateurs d’entreprise.
C’est également le cas de Salveo. Dans les 50 pays où elle appuie ses entreprises dans leur stratégie opérationnelle et dans le développement de leur croissance à l’international, la SAI Salveo propose, elle aussi, des prestations de domiciliation postale et ou juridique. « Nous faisons de la gestion de filiale », souligne Johann Sponar, directeur général du groupe Salveo. En effet, le cœur de métier de cette SAI fondée en 1991, c’est l’appui et la représentation d’entreprises à l’international. « On n’est pas concurrent de Regus, nous ne sommes pas de simples loueurs de mètres carrés, insiste-t-il, on encadre les entreprises dans leur stratégie pour développer leur chiffre d’affaires à l’international ». Portage salarial, solutions RH, coaching de collaborateurs font partie des prestations.
La SAI Dualest intervient pour sa part dans la zone de la Communauté des États indépendants (CEI), en particulier en Russie, Azerbaïdjan, Kazakhstan et Biélorussie. « Nous avons trois activités : le conseil et l’accompagnement export, l’implantation marché et les services de domiciliation (fiscale, juridique et postale) », indique Amaury A. Vildrac, directeur associé de Dualest. La SAI loue, uniquement dans ses locaux à Moscou, des bureaux aux entreprises françaises ayant des activités d’e-commerce et de distribution, dans le cadre du démarrage de leur activité sur le marché russe. « En moyenne, nous hébergeons les entreprises que nous accompagnons pour une durée de 36 mois, voire au-delà, 48 mois », renseigne Amaury A. Vildrac. « Avec 150 millions de consommateurs, la Russie est une zone incontournable qui offre un potentiel commercial pour les biens de consommation, estime le directeur associé de Dualest, mais, assure-t-il, il faut être sur place ».
Les CCI FI proposent des bureaux dans 65 pays
Les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international (CCI FI) s’aventurent aussi sur ce terrain. Dans 65 pays, des CCI FI ont ouvert dans leurs locaux des centres d’affaires. Ayant une bonne connaissance de leurs écosystèmes locaux, publics et privés, et de leur marché, elles ont une légitimité évidente sur les prestations de location de bureaux implantés localement et un certain nombre d’entre elles ont beaucoup investi ces dernières années pour développer leurs capacités dans ce domaine.
À cet égard, les CCI FI louent des bureaux individuels ou en open space, fournissent un accès aux équipements partagés (imprimante, scanneur, photocopieuse). Cette offre d’hébergement est complétée par un ensemble de services d’accompagnement à l’implantation, tels que l’assistance au recrutement, le portage salarial, la création de filiale, l’assistance administrative et jusqu’à l’assistance commerciale dans certains pays.
L’existence d’une telle possibilité est d’autant plus appréciable dans les pays où les opérateurs français sont encore peu implantés. « Notre plus grand Business Center est celui de Rangoon où nous disposons d’une vingtaine de desks et d’un open space de 2 à 4 bureaux », relate Guillaume Rebière, directeur de la CCI France Myanmar. « On propose aussi de la domiciliation virtuelle », complète-t-il.
Forte du succès de son premier centre d’affaires à Rangoon, capitale économique du pays, la CCI franco-birmane a inauguré en novembre 2017, un nouveau centre d’affaires dans le district de Mingalar, à Mandalay, deuxième ville du pays. Le tarif des locations pour les membres de la Chambre va de 250 dollars par mois pour un bureau individuel à 1 400 dollars pour un bureau de 6 personnes. Les prix démarrent à 400 dollars par mois pour un bureau individuel pour les entreprises qui ne sont pas membres de la Chambre.
Le Business Center de Mandalay met à disposition des entreprises françaises, birmanes et internationales, des espaces de travail, de réunion et pour l’organisation d’événements. Celles-ci bénéficient d’un contact direct avec l’équipe et les membres du réseau d’affaires de la CCI France Myanmar basés à Rangoon.
Dans leur phase de démarrage pour conquérir un marché à l’international, les entreprises ont besoin, avant d’envisager une implantation en propre, d’un hébergement temporaire mais aussi d’un encadrement. Domiciliation de leur société avec une adresse et un numéro de téléphone local, mise à disposition de bureaux pour leurs collaborateurs, incluant les V.I.E, salles de réunion pour l’accueil de leurs clients, salons d’affaires à l’aéroport, autant de services proposés aussi bien par des spécialistes de la location de bureaux comme Regus que les SAI ou le réseau des CCI FI.
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