fbpx

Taïwan, futur tremplin vers la Chine continentale

Taïwan a entrepris de se rapprocher de la Chine continentale et se présente désormais comme un tremplin vers l’autre rive, faisant naître de nouvelles opportunités d’affaires. Mode d’emploi pour se positionner sur ce marché dynamique.

Bénéficiant d’une situation géographique stratégique (à 160 kilomètres des côtes chinoises, deux heures d’avion de la Corée du Sud et deux heures trente du Japon), l’île de Taïwan entretient avec son gigantesque voisin des relations tendues (voir « Chronologie des relation sino-taïwanaises » plus loin). Du coup, vu de France, l’idée d’aller faire du commerce avec les Chinois depuis Taïwan semble saugrenue. Il en va tout autrement dans les faits. Comme le souligne une note de la Mission économique à Taipei, « depuis que le gouvernement de Taïwan a autorisé ses entreprises à investir sur le continent en 1987, celles-ci y auraient placé entre 100 et 200 milliards de dollars US (en incluant les flux transitant par Hong Kong), ce qui fait de Taïwan de facto le premier investisseur étranger en Chine continentale ».
 
Quatre jours après les élections du 14 janvier qui ont reconduit pour cinq ans le président Ma Ying-jeou (Kuomintang), Wu Den-yih, le nouveau vice-président, a déclaré que la signature d’un accord de protection des investissements entre les deux rives restait une des priorités du nouveau gouvernement. « Traditionnellement, le paysage politique taïwanais se divise en deux blocs, l’un opposé à la Chine, l’autre pour la normalisation des relations. Mais, lors des dernières élections, le débat a porté sur la question de savoir comment faire des affaires avec la Chine », note Adriana Archambault, directrice de la chambre française de commerce et d’industrie à Taïwan. Ce réchauffement des relations sino-taïwanaises a été amorcé en 2008 avec la signature d’une série d’accords dont ceux concernant la reprise des vols directs. Il y a désormais 558 vols hebdomadaires entre Taipei et une quarantaine de villes chinoises !
 
En juin 2010, une nouvelle étape a été franchie dans ce processus de rapprochement avec la signature d’un accord cadre de coopération économique (ECFA en anglais). Si un traité de libre-échange n’est pas à l’ordre du jour, ce document permet néanmoins de poser les bases des futures négociations. Il prévoit le démantèlement tarifaire pour 539 produits chinois et 267 produits taïwanais. Un premier pas, puisque selon de récentes déclarations du négociateur taïwanais, 5 000 autres lignes tarifaires pourraient être concernées d’ici deux ans.

L’impact de cet accord, entré en vigueur au 1er janvier 2011, est cependant limité, 80 % des échanges entre les deux rives n’étant pas concernés. Toujours est-il que le mécanisme est en marche et qu’il offrira de nouvelles possibilités aux entreprises étrangères présentes à Taïwan. « Nous voyons, de la part des entreprises, un intérêt grandissant pour Taïwan en tant que plateforme d’échanges », confirme Adriana Archambault. Autre conséquence du rapprochement entre la Chine continentale et Taïwan, les touristes chinois individuels sont désormais autorisés à se rendre à Taïwan. Et à y consommer, notamment des produits de luxe français. Toutes les grandes enseignes sont d’ailleurs présentes, profitant de la présence de ces riches touristes chinois, mais aussi d’un marché local de 23 millions d’habitants. Car, comme l’a souligné Sheng-chung Lin, le vice-ministre de l’Économie, lors de sa venue en France en février dernier : « Nous sommes la 24e économie mondiale selon le FMI, le 17e exportateur mondial et le 16e importateur, et le revenu annuel par habitant s’élève à 43 000 dollars. » Les distributeurs français, très présents sur l’île, en ont profité. Auchan est partenaire de Ruentex, avec lequel il développe ses supermarchés en Chine continentale depuis Taïwan, et Carrefour est arrivé sur l’île en 1988. 

Taïwan est également, et surtout, connu pour ses compétences en électronique, fruit d’une intense activité de recherche et développement. L’île dispose en effet de trois parcs scientifiques qui contribuent à 40 % des revenus de l’industrie des technologies de l’information. Tous secteurs confondus (des TIC aux biotechnologies en passant par le photovoltaïque), ces parcs ont généré un chiffre d’affaires de 2,155 milliards de dollars taïwanais en 2010.

Les autorités locales incitent d’ailleurs les entreprises étrangères à venir installer leurs services de recherche et développement sur place. En février, Oséo a signé un partenariat avec elles afin d’accroître la coopération entre les deux pays.
 
Enfin, un marché plus inattendu s’ouvre aux entreprises françaises. En septembre 2011, un accord a en effet été conclu pour simplifier les procédures d’importation de pommes françaises (80 000 tonnes en 2011), jusque-là soumises à de rigoureux contrôles phytosanitaires. Les vergers autorisés à exporter vers Taïwan font désormais l’objet d’une liste approuvée par le Baphiq (Bureau of Animal and Plant Health Inspection and Quarantine). Cet accord est une avancée notoire de la part de Taïwan, où les contrôles phytosanitaires sont réputés tatillons. C’est d’ailleurs une des pommes de discorde entre l’Union européenne et l’île. Malgré un intense lobbying des dirigeants taïwanais, il y a fort peu de chances pour qu’un accord de libre-échange soit conclu avant 2016.

Sophie Creusillet


Chronologie des relations sino-taïwanaises

1895 : la suite de la guerre sino-japonaise, Taïwan est cédée au Japon. 
1945 : Après la capitulation du Japon, les nationalistes du Kuomintang prennent le contrôle de l’île avec l’accord des Alliés (conférence du Caire). 
1947 : Manifestations populaires et instauration de la loi martiale. 
1949 : Mao Zedong proclame l’avènement de la République populaire de Chine (RPC). Les nationalistes du Kuomintang trouvent refuge sur l’île, forment un gouvernement et interdisent toute relation avec la Chine communiste.
1971 : Le siège de la Chine aux Nations unies, jusque-là occupé par Taïwan, revient à Pékin.
1987 : Les Taïwanais sont autorisés à se rendre en Chine continentale pour des réunions de famille, qui ouvrent la voie aux échanges commerciaux.
1990 : Création à Taipei de la Fondation pour les échanges dans le détroit (SEF) en vue de gérer les questions bilatérales. La Chine crée l’Association pour les échanges dans le détroit de Taïwan (ARATS).
1995 : Pékin suspend des négociations vers une normalisation pour protester contre un voyage du président Lee Teng-hui aux États-Unis.
1996 : Lee Teng-hui élu avec 54 % des voix à la première élection présidentielle au suffrage universel. Peu avant le scrutin, tirs chinois de missiles non loin des côtes taïwanaises.
2000 : Élection à la présidence de Chen Shui-bian, chef du Parti démocrate progressiste (DPP) prônant l’indépendance officielle de Taïwan. Réélu, de justesse, en mars 2004.
2005 : Pékin adopte une loi anti-sécession prévoyant le recours à des moyens « non pacifiques » si Taïwan déclare l’indépendance.
2005 : Le président du Kuomintang, Lien Chan, est reçu à Pékin par le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), Hu Jintao. C’est une première entre des dirigeants de ces partis depuis 1949.
2007 : Hu Jintao appelle à « un accord de paix » avec Taïwan mais reste opposé à son indépendance.
2008 : Arrivée au pouvoir de Ma Ying-jeou, qui a multiplié les mesures favorables au réchauffement avec l’administration de Pékin.


Chiffres-clés


Population : 23 millions d’habitants

Superficie : 36 000 km² (400 km sur 145 km)

PIB 2011 : 431 milliards de dollars US (6e économie en Asie, 24e au niveau mondial)

Taux de croissance du PIB : – 1,9 % en 2009, 10,9 % en 2010, 4,9 % en 2011 (prévision)

PIB par habitant : 20 629 dollars US (43 087 dollars US en France)

Classement Doing business de la Banque mondiale :
25e/183 pays

Classement à l’IPC (indice de perception de la corruption) de Transparency International :32e/182 pays

Sources : FMI, Banque mondiale, Transparency International.

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.