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Electronique : les infrastructures créent un cercle vertueux

Chaque année, l’électronique gagne en puissance, avec de nouveaux arrivants ou des spécialistes qui se renforcent. Portée par l’automobile, l’aéronautique et le ferroviaire, cette industrie transversale s’est structurée autour d’une association professionnelle et d’un cluster à Mohammedia.

Comme l’automobile et l’aéronautique, l’électronique doit être un des moteurs de l’industrie marocaine. Les débuts ont été prometteurs, avec l’arrivée de grands noms de l’électronique grand public (Siera, Fagor, DBM Maroc, Nemotek, Powerex), mais surtout professionnel (Schneider Electric, Alstom, Legrand, Sensus, Adetel, Stequial Crouzet, Nemotek, Thales, Yazaki, Sumitomo, Delphi, Valeo, Lear, STMicroelectronics, Powerex). « De 2009 à 2011, le nombre d’employés est passé de 7 300 à 9 200, tandis que les ventes à l’export ont bondi de 13 %, passant de moins de 500 millions d’euros à 630 millions », indiquait Adil Chikhi, directeur du développement de l’Agence marocaine de développement des investissements (Amdi) le 28 septembre dernier.

Prochain défi : gagner 9 000 emplois sur six ans (2009-2015) et 220 millions d’euros de produit intérieur brut supplémentaire grâce à l’électronique. Cette industrie transversale va continuer à être portée par les grands projets dans l’automobile, l’aéronautique, ou le ferroviaire. Ainsi, il y a moins d’un an, Alstom et Nexans se sont associés pour fabriquer à Fès des câbles et armoires électriques pour le TGV et le tramway, moyennant un investissement de 300 millions d’euros.

De son côté, l’américain Lear a investi 11 millions de dollars dans le parc Technopolis (Rabat) pour produire des chargeurs de batterie ou des modules de points d’accès pour de grands constructeurs automobiles européens. « C’était pour l’entreprise le moyen de réduire les délais et les coûts de livraison sur le marché européen, tout en bénéficiant de la proximité géographique de plusieurs usines du groupe. Ici, nous profitons de l’expertise de l’unité de production située en Espagne », explique Alexandre Brue, PDG de Lear Maroc.

Comme d’autres sociétés étrangères (Thales, STMicroelectronics, Segaplast/Nief), Lear a adhéré au Cluster électronique, mécatronique et mécanique du Maroc (CE3M), lancée à Mohammedia en 2010. En même temps, trois autres clusters ont été créés dans : la microélectronique, les technologies de l’information et de la communication, et la valorisation des produits de la pêche. Celui de Mohammedia compte 30 membres, dont une vingtaine de sociétés, le ministère de l’Industrie et du Commerce, la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (Fimme), des universités ou encore le Centre d’études et de recherches des industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (Cerimme) de Casablanca.

Les quatre clusters ont une obligation : lancer 81 projets de recherche et développement (R & D) collaboratifs, avec 266 emplois à créer dans ce secteur, déposer 28 brevets, et créer 24 start-up. Le cluster de Mohammedia a déjà généré une dizaine de projets collaboratifs et des start-up sont lancées, notamment dans les énergies renouvelables. « Sans l’État, qui finance en grande partie le cluster et les projets, nous ne pourrions pas y parvenir », tient à souligner Saïd Benahajjou, vice-président de CE3M et secrétaire général de l’Association du secteur de l’électronique (Asel), qui compte 70 sociétés de l’électronique, des TIC ou de la mécanique.

Saïd Benahajjou est également actionnaire et directeur général de l’équipementier Adetel Maroc, une filiale du spécialiste français de l’électronique embarquée ou en environnement contraint pour l’automobile, l’aéronautique et le ferroviaire Adetel, basé à Lyon. C’est l’actuel patron de la société marocaine, qui a proposé à Adetel de s’implanter à Mohammedia en 2007. « Après avoir été le responsable du bureau d’ingénierie d’une multinationale aux Etats-Unis, je voulais revenir au Maroc à l’époque », relate Saïd Benahajjou.

Pendant deux ans, Adetel Maroc a conçu et réalisé des prototypes d’équipements, tandis que sa maison mère sous-traitait toute sa production en France. Toutefois, en 2009, la filiale marocaine a décidé de fabriquer elle-même pour gagner des marchés dans le cadre des grands travaux de tramways et de TGV. Elle a commencé aussi à exporter en Afrique subsaharienne et, enfin, dans l’Hexagone pour plusieurs secteurs industriels, dont le ferroviaire et l’aéronautique. « Quand nous avons commencé à produire, l’entreprise à Lyon comptait 400 salariés. Ils sont maintenant 600 et nous 85 », se félicite le patron marocain. Un nouveau défi lui a été confié : étendre l’expertise du groupe en Afrique dans de nouveaux secteurs, comme les énergies renouvelables.

François Pargny


Avantages fiscaux et subventions dans l’électronique

Impôt sur les sociétés :
– 0 % pendant les cinq premières années, puis :
– hors zone franche : 17,5 %
– en zone franche : 8,75 % pendant les 20 ans qui suivent. Ensuite 17,5 %

Subventions d’investissements :

– Fonds de promotion de l’investissement : aides à l’investissement hors zone franche et subventions pour l’acquisition de sites, pour les infrastructures et la formation
– Fonds Hassan II : aides pour l’achat du terrain, des bâtiments et des équipements industriels

Subventions à l’embauche de Marocains :

– À l’embauche : de 135 euros pour un opérateur à 3 600 euros pour un ingénieur ou un cadre
– Formation continue : de 450 euros pour un opérateur à 1 800 euros pour un ingénieur ou cadre

Source : ministère de l’Industrie et du Commerce

L’électronique veut lancer un cluster dans l’automobile

Saïd Benahajjou (voir ci-dessous) réfléchit à la fondation d’un cluster de l’électronique dédié à l’automobile. La localisation géographique de cette nouvelle infrastructure n’est pas encore déterminée, mais il estime que « c’est la volonté de la profession d’associer des entreprises étrangères, notamment françaises » à ce grand projet soutenu par l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica). « Dans un premier temps, nous voulons apporter de la valeur ajoutée aux sous-traitants présents, mais nous espérons aussi que des entreprises françaises viendront s’implanter sur place », délivre le patron de l’équipementier Adetel Maroc, diplômé de l’Ecole d’ingénieurs de Cachan. « Au début, nous voulons servir le marché maghrébin puis nous étendre dans toute l’Afrique », ajoute-t-il. Enfin, Saïd Benahajjou formule un rêve : « bien sûr il y a encore beaucoup à faire. Mais pourquoi ne pas croire qu’un jour nous pourrons travailler à la motorisation d’une voiture électrique, par exemple ». Aujourd’hui, trois sites spécialisés dans l’automobile pourraient recevoir le futur cluster : Casablanca, Kenitra et Tanger.

François Pargny

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