De la levure pour la santé intestinale aux substituts du sucre en passant par les ingrédients anti-cholestérol, le pôle de compétitivité Nutrition santé longévité (NSL) conçoit et produit pour les industries agroalimentaires (IAA) les ingrédients de demain.
En région Nord-Pas-de-Calais, NSL fédère une cinquantaine d’entreprises et une vingtaine d’organismes de recherche et développement (R&D) autour d’un objectif commun : trouver des solutions pour prévenir, par l’alimentation, des maladies devenues de véritables enjeux de santé publique : maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, maladie d’Alzheimer… De nombreuses entreprises des IAA travaillent sur l’élaboration d’« alicaments » (contraction des termes « aliment » et « médicament »). Les équipes du pôle se chargent de leur fournir les ingrédients adéquats. C’est, par exemple, NSL qui a mis au point les ingrédients anti-cholestérol de la margarine Primevert. « La filière ingrédient est celle qui innove le plus dans l’agroalimentaire. Nous sommes plus actifs que ceux du produit fini. Pour preuve, nous investissons 4 % de notre chiffre d’affaires en R&D, contre 2 % pour eux », soutient Étienne Vervaecke, directeur d’Eurasanté, la branche d’animation commerciale du pôle. La majeure partie des produits vendus aux industries agroalimentaires sont des ingrédients additifs. Tandis que pour le grand public, les produits sont finis, avec par exemple une chicorée antioxydante commercialisée par Leroux. Cette initiative commerciale illustre la montée en puissance des produits antioxydants auprès des consommateurs. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus renseignés sur l’existence d’ingrédients autrefois réservés aux spécialistes. « Nos produits commencent à être connus du grand public », se réjouit M. Vervaecke. Et de citer les oméga 3, la stevia ou les probiotiques.
Les exigences réglementaires européennes, un atout à l’export
Les entreprises de l’Union européenne ont vu la montée en puissance des exigences réglementaires quant à ces ingrédients. « De plus en plus de preuves scientifiques sont demandées, témoigne le directeur d’Eurasanté. Et d’ajouter : « On peut se dire qu’il est plus simple de vendre hors Europe car les normes sont moins exigeantes, mais, en réalité, nous jouissons d’une bonne image à l’étranger du fait de cette exigence européenne ! Nous avions peur que trop d’exigence tue notre industrie. Au contraire, notre image en a bénéficié, c’est positif ! La réglementation est un facteur de compétitivité. »
Quelque 40 % des ingrédients sont vendus hors de France. Selon Étienne Vervaecke, cette réussite internationale est « clairement conditionnée par la plus-value apportée ». « Le positionnement de la France ne permet pas de se différencier par le prix, mais bien par l’innovation. Nous devons avoir un temps d’avance par rapport à l’offre locale. Et si nous disposons de bons ingrédients, c’est grâce à l’investissement en R&D », explique-t-il. D’autant que l’industrie de l’ingrédient se développe fortement en Europe, où les exigences en matière de réglementation sont d’un très haut niveau de sévérité (voir encadré ci-dessous). Dans le reste du monde, les grands groupes membres du pôle sont largement globalisés (Amérique, Asie, Europe). Ainsi Roquette Frères, qui transforme les céréales en glucose, sorbitol, maltose…, Ingredia, fabricant d’ingrédients antistress, ou encore Lesaffre, leader mondial dans la fabrication de levures, en particulier pour la panification. Les entreprises intermédiaires visent pour leur part d’abord l’Europe, pour une question de taille et d’accès, précise Étienne Vervaecke.
A. C.