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Normes : aménagement urbain, une coopération prometteuse

Le 25 avril dernier, lors de la visite du président français en Chine, l’Afnor (Association française de normalisation) signait avec son homologue chinois la SAC (Standardization administration of China) une déclaration officielle de coopération en matière de normalisation en présence des chefs d’États des deux pays. Cette signature avait été mise au programme de la visite présidentielle française à la demande insistante des Chinois. Elle n’a pas fait la Une des journaux. Et pourtant…

Les sujets généraux de coopération identifiés dans l’accord général sont vastes : villes intelligentes, gestion de l’énergie, conservation de l’énergie, protection de l’environnement, agroalimentaire, équipements ferroviaires, technologies de l’information, secteur social, services de santé, services. Ils sont stratégiques pour les deux pays : la Chine parce qu’elle a un besoin urgent de moderniser son système de normes dans tous ces domaines après avoir connu une phase de développement industriel et urbain débridé, la France parce qu’elle y a des savoir-faire éprouvés et que son ministère du Commerce extérieur les a structurés en filières, autour du concept de « Mieux vivre », pour mieux les promouvoir à l’export.

Au-delà de cet intérêt général, se profile un axe encore plus concret de coopération. La France a décroché la présidence d’un comité stratégique pour les deux pays à l’ISO, l’Organisation internationale de normalisation : il s’agit du Comité technique (CT) 268 chargés de coordonner les travaux internationaux de normalisation dans le domaine de l’aménagement durable. Des travaux qui déboucheront à terme sur des outils standards – méthodologiques par exemple – qui auront toutes les chances de s’imposer, au plan international, en matière de pilotage des politiques publiques. Un sujet de plus haute importance pour les autorités chinoises. Dans le domaine de l’aménagement durable, la Chine, qui vit depuis plusieurs années au rythme des scandales ou catastrophes liés aux excès d’un développement urbain hors de contrôle, « a un vrai problème d’opinion publique », analyse Olivier Peyrat, directeur général de l’Afnor, fin connaisseur d’un système de normalisation chinois éclaté et en mal d’unification. « Ils veulent des outils pour mettre tout le monde d’accord » et imposer sur l’ensemble du territoire des standards de politiques publiques.

L’Afnor et la SAC se connaissent déjà bien. « Nous avions déjà un partenariat large avec les Chinois depuis 2007, explique Olivier Peyrat, le directeur général de l’Afnor. Quand l’ISO a commencé à s’interroger sur l’énergie, nous avons co-animé des travaux de cartographie des besoins dans ce domaine ». Le protocole signé à Pékin actualise les termes de cette coopération pour la structurer autour des travaux du fameux CT 268. Si les Chinois sont aussi demandeurs, c’est qu’outre d’énormes enjeux intérieurs, ils sont de plus en plus conscients de l’importance des normes internationales et de la nécessité de participer à leur élaboration très en amont pour garder une certaine influence et ne pas les subir. « If you are not at the table, you are on the menu » dit ce dicton qu’affectionnent les experts en négociations internationales et que cite volontiers Olivier Peyrat. Une norme Iso met entre 4 à 5 ans à sortir. Ceux qui ont participé aux travaux de bout en bout ont toutes les chances de les inspirer. « C’est du soft marketing » résume le dirigeant.
 
De plus, l’Afnor, qui est le troisième contributeur de l’ISO et le deuxième au Comité européen de normalisation (CEN), est un partenaire de choix pour la Chine. De tous les protocoles de coopération que l’Afnor a avec les BRICS, son directeur général estime d’ailleurs que celui avec la Chine « recèle le plus gros potentiel ». Quelles peuvent être les retombées d’une telle coopération pour les entreprises françaises ?

Positives, d’évidence. À moyen et long terme, cette coopération va influer sur les outils de politiques publiques chinois dans des domaines comme la construction, l’énergie, la gestion des déchets ou encore les services collectifs urbains. Un exemple : face au vieillissement de la population, les autorités chinoises veulent parvenir à maintenir autonomes plus de 80 % des personnes de plus de 80 ans. Y parvenir en ville passera par des politiques publiques appropriées qui toucheront de nombreux domaines pour faciliter cette transition. Autant dire que l’enjeu de moyen et long terme est énorme, pouvant déboucher sur des marchés porteurs de contrats ou de partenariats commerciaux dans de nombreux domaines. Les acteurs français ont intérêt à s’y intéresser de près. Concrètement, après la signature à Pékin, l’Afnor et la SAC vont définir plus précisément les domaines de coopération prioritaire qui feront l’objet de programmes de travail précis. L’aménagement urbain est d’ores et déjà retenu. « Il faut voir quel est l’appétit des acteurs français, s’ils sont prêts à s’engager dans la durée, y compris financièrement, souligne Olivier Peyrat. Assurer le secrétariat d’un comité ISO, c’est gérer les travaux de 50 pays. L’Afnor n’en a pas les moyens, elle fonctionne sur le mode de la contractualisation ». Concrètement, les acteurs socio-économiques peuvent s’impliquer en finançant des experts qui suivront les travaux*. Les Chinois, c’est sûr, y mettront des moyens. 

C. G. 

*L’Afnor a créé une adresse e-mail où les acteurs socio-économique peuvent faire part de leur intérêt : [email protected]

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