Débordant du strict cadre du transport, pour aborder, rapidement, celui de la logistique, il n’est pas inutile d’évoquer l’externalisation.
L’externalisation ce n’est pas nouveau, d’après mon conseiller ! Dans les années 1990, il y a eu un vent de folie dans certaines entreprises qui ont copié le modèle américain « Externaliser les services annexes pour se recentrer sur leur « core business ». La stratégie c’est avérée payante pour certain, désastreuse pour d’autre.
En effet l’externalisation « sauvage » effectuée par certaines entreprises les ont conduit à perdre la maîtrise des opérations mais aussi l’expertise de domaines de compétences essentiels. Une aubaine pour les cabinets de conseils qui se sont multipliés et qui pour certains ont réalisé des résultats exceptionnels !
Depuis, les entreprises ont intégré dans leurs stratégies la notion de faire faire par des experts conjugués aux déploiements d’ERP (Enterprise Resource Planning) – ces gros systèmes informatiques de gestion- appropriés. Aujourd’hui les entreprises sont confrontées à l’épineux problème de « qui doit renseigner l’ERP ? ». Pour mon conseiller, ce sont de nouvelles missions en perspective pour les consultants…
Sous-traitance ou externalisation ?
Prenez ce que vous voulez ! Il y aura toujours des personnes qui vous expliqueront la différence entre la sous-traitance et l’externalisation.
Dans les deux cas, il s’agit, pour une entreprise, de faire faire par une autre ce qu’elle ne veut, ou ne peut, plus faire. Dans l’industrie, on a affaire à des sous-traitants ou à des fournisseurs. En logistique, c’est beaucoup plus compliqué. On peut avoir affaire à des 1PL, des 2PL, des 3PL, des 4PL, des 5PL ou même des LLP.
Repère
Les définitions qui suivent sont souvent admises, même si, comme toujours quand le mot touche plus au concept qu’à la réalité, les divergences peuvent exister.
1/ Définitions : 1 PL, 2 PL, 3 PL
• 1 PL, First Party Logistics : c’est de la sous-traitance du transport de marchandises. Vous n’avez pas de camions, ou voulez vous débarrasser des vôtres, alors vous sous-traitez le transport de vos marchandises à un transporteur pour compte d’autrui.
Vous payez au transport, au kilomètre ou à la tonne et chaque année vous essayez de limiter la hausse de tarif que le transporteur vous demande.
La qualité du transport n’est pas forcément votre priorité du moment que personne ne se plaint.
• 2PL, Second Party Logistics : on y ajoute de l’entreposage. Là, vous vous adressez à un transporteur qui a un entrepôt.
Vous payez le transport comme précédemment et l’entreposage à la palette mouvementée, pour le reste, c’est pareil.
• 3PL, Third Party Logistics : on y ajoute des prestations logistiques, préparation de commandes, personnalisation retardée… Il est demandé au 3PL d’avoir des camions, peut-être mais pas obligatoirement un entrepôt, du personnel, des compétences techniques moyennes, un système d’informations performant et, surtout, de s’engager à améliorer sa prestation, son efficacité. Soit en augmentant le nombre de ses tâches, soit en les faisant plus vite et, surtout, moins chères.
À noter que, comme le prestataire se sera battu pour avoir votre marché, le seul moyen à sa disposition pour faire moins cher est d’utiliser son personnel pour répondre au plus grand nombre possible de clients. L’objectif est de répartir la masse salariale la plus faible possible sur le maximum de clients, en réduisant le moins possible le niveau de qualité de chacun, jusqu’au seuil d’acceptabilité de chacun des clients.
La facturation est plus compliquée et dépend du type de marchandises, de marché.
La qualité est trop souvent uniquement mesurée à l’aune des niveaux de stocks ou de leur tenue.
En général, à ce stade, vous commencez à penser que votre cœur de métier, votre « core business » est ailleurs, dans la conception, la fabrication, le marketing, mais pas dans cette partie si peu noble qu’est la logistique, la distribution ou, pire, l’entreposage ou le transport. C’est pour ça que beaucoup d’entreprises ont commencé à sous-traiter, pour ne plus s’occuper que de leur « core business ».
De plus, c’est une partie que les entreprises maîtrisent mal, voire pas du tout. On a des produits, des colis, des gens qui préparent des commandes, des transporteurs qui livrent et des clients qui ne disent rien, alors c’est que ça doit aller.
Si une sirène vous propose de vous libérer de cette partie que vous connaissez mal, de vous libérer du personnel qui ne parle pas la même langue que vous, tout çà en vous faisant gagner de l’argent… Vous aurez envie de répondre au chant de cette sirène et vous vous enfoncerez dans la sous-traitance d’une de vos activités que vous ne connaissez pas, donc que vous ne pourrez pas efficacement contrôler.
Car, dans beaucoup de cas, les entreprises ne perdent pas vraiment le contrôle de cette activité, puisqu’elles ne l’ont jamais eu.
Mais, à partir des 3PL, elles perdent l’un des deux seuls liens qui les relient au client, la livraison. Reste à sous-traiter la prise de commande et il n’y aura plus de lien du tout, que des données marketing.
2/ 4 PL, LLP, 5 PL et leurs dangers
• 4PL, Fourth Party Logistics : il s’agit d’un intégrateur qui assemble ses propres ressources, capacités et technologies et celles d’autres prestataires pour concevoir et piloter des supply chains complexes.
Le prestataire 4PL exerce une activité de planification et de coordination de flux d’informations. Il conçoit à la fois l’architecture logistique et le système d’informations. Mais il ne réalise pas les flux physiques qui sont confiés à des prestataires distincts.
Oublié le colis, bien loin la livraison. Et le client dans tout ça ? Il est une donnée parmi d’autres dans ce monde qu’est la supply chain qui va du fournisseur du fournisseur au client du client.
L’entreprise est prisonnière de son 4PL avec lequel elle a souvent conclu un contrat de plusieurs années.
« Vous comprenez avec tous ces investissements… ».
Le 4PL n’a pas d’actif, que de la matière grise.
• LLP, Lead Logistics Provider : il fait la même chose que le 4PL mais a des actifs, donc est un peu moins virtuel.
• 5PL : il conçoit et réalise des solutions logistiques (surtout des programmes pour des systèmes d’information) et fait travailler des 3PL.
La prison est plus spacieuse mais le retour plus difficile, voire impossible. Mon conseiller, lui, a une conviction : toute solution irréversible est dangereuse, toute organisation qui fait perdre le contact avec son client l’est aussi.
3/ Les certifications des opérateurs logistiques
Regardez les offres des candidats : la plupart des commissionnaires de transport et en douane ont un grand nombre d’agréments :
• Commissionnaire de transport agrée n°…
• Commissionnaire en douane agrée n°…
• OEA – C n°…
• Certifier ISO 28001 – 90001…
• C-TPAT (c’est l’OEA américain)…
Mais est-ce un critère de choix ? Cela dépend. Ainsi :
• Les agréments « Commissionnaire de transport »
« Commissionnaire en douane » sont obligatoires pour exercer.
• Les certifications ISO sont en principe des preuves d’organisation et d’assurance qualités (procédures écrites, cahier des charges qualités, actions correctives régulières…)
• Pour l’OEA (opérateur économique agréé), le certificat « simplification douanière » est plus simple à obtenir que le certificat « sécurité ». En effet, si les titulaires de procédure de dédouanement sont automatiquement éligibles à l’OEA « simplification douanière » (questionnaire identique), pour l’agrément S (sécurité) cela dépend du mode de transport et de la situation du site de l’entreprise :
– Les commissionnaires multi-sites sont souvent confrontés à des investissements de mise à niveau sûreté/sécurité très élevés.
– C’est clairement un agrément très intéressant pour les commissionnaires (et, indirectement, leurs clients) car il doit leur permettre d’obtenir des autorisations plus rapidement, ce qui devrait avoir des répercussions positives pour les chargeurs.
• Le C-TPAT est délivré uniquement aux sites américains par les autorités américaines du CBP (US Customs & Border Protection) : pour les échanges avec les États-Unis, un commissionnaire agréé C-TPAT ou ayant un correspondant agréé devient donc essentiel.