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Guide business Vietnam 2015 : Jean-Michel Caldaguès, président de la section Vietnam des CCEF

 

 

 

 

 

 

Le Moci. Après deux ans de négociations, l’Union européenne et le Vietnam sont parvenus à s’entendre sur un traité de libre-échange. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Michel Caldaguès. Le Vietnam a clairement choisi la voie de l’ouverture des échanges, et pas seulement avec l’Europe. Il est clair que l’accord avec l’UE doit inciter les entreprises françaises, groupes comme PME, à s’intéresser au Vietnam ou à s’y renforcer. Mais il faut aussi considérer l’intégration de ce pays dans son environnement asiatique. Il est un des douze signataires du Trans-Pacific Partnership (TPP), est membre de l’Association des nations du Sud-est (Asean) qui disposera d’un marché commun dès le 1er janvier prochain [NDLR, avec la création de la Communauté économique de l’Asean (CEA)]. Il a aussi conclu un accord de libre-échange avec la Russie et ses pays satellites d’Europe de l’Est. Voici donc un pays particulièrement attractif pour les investisseurs étrangers, où il sera bon de produire pour ensuite exporter en profitant des traités de libre-échange signés. Les investissements directs étrangers (IDE) y sont déjà très élevés, mais on en attend encore une poussée très sensible. Depuis plusieurs années, les IDE tournent autour de 10 milliards de dollars par an. Pendant les huit premiers mois de cette année, les IDE décaissés ont déjà dépassé ce chiffre et on s’attend à la fin de l’année à un bond spectaculaire de leur montant global.

 

Le Moci. Le Vietnam est entouré de pays très courtisés : Chine, Hong Kong, Corée, Singapour ou encore Malaisie. Comment le faire figurer sur les radars des Français ?

J-M. C. C’était le thème du dernier Conseil économique que l’ambassadeur de France réunit tous les trimestres. On réfléchit en ce moment à lancer des actions concrètes, car le Vietnam pâtit d’un déficit d’image. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que tous les pays cités sont à un stade de développement supérieur et que, même si le Vietnam a connu un développement spectaculaire au cours des dix dernières années, l’engouement qui lui a grandement profité à l’époque a largement diminué à partir de 2009. La crise économique a été très sérieuse au Vietnam, qui a subi ce que la Corée ou la Thaïlande ont connu à la fin des années 90 : surchauffe de l’économie, bulles spéculatives, y compris dans l’immobilier. Malgré la crise, la croissance est restée à 4-4,5 % par an. Aujourd’hui, tous les signaux sont au vert et la croissance y est la plus forte d’Asie avec les Philippines. Reste principalement à restructurer le secteur bancaire et à mener la transformation des entreprises publiques en sociétés par actions, avec une ouverture au capital privé. Ensuite, il faut bien avouer que la présence française au Vietnam est bien en dessous de ce qu’elle devrait être, avec, en particulier, une part de marché dans les importations de 1 % seulement. Notons, toutefois, un léger mieux cette année, puisque pendant les six premiers mois de cette année les exportations françaises par rapport à janvier-juin 2014 ont gagné 70 % – 30 % hors aéronautique –, dépassant ainsi les 600 millions d’euros. Cette année, on s’attend ainsi pour la première fois à franchir la barre de 1 milliard d’euros, contre 784 millions en 2014.

 

Le Moci. Le Vietnam est réputé pour être un marché difficile. Quels conseils donneriez-vous aux PME pour l’aborder ?

J-M. C. Le marché est extrêmement difficile, parce que le processus décisionnaire n’y est pas toujours clair et transparent et que la concurrence y est vive, notamment de la part de nations asiatiques comme le Japon, la Corée et la Chine. La meilleure solution pour percer est d’avoir une base locale, a minima un bureau de représentation. Et pour les PME qui ne le peuvent pas toujours, identifier les bonnes entreprises privées – certaines sont remarquablement bien gérées – et nouer des partenariats avec elles. Aujourd’hui, c’est le secteur privé qui tire la croissance. La reprise est bien visible. Les chantiers de construction sont relancés et le potentiel est énorme dans les infrastructures et les biens d’équipement. Mais aussi dans l’agro-industrie, où la France a un savoir-faire tant dans les cultures que dans l’élevage. Dans les technologies de l’information et les logiciels, les Vietnamiens sont particulièrement doués et disposent d’un bon niveau. Dans la consommation, l’émergence de la classe moyenne se traduit par une modernisation de la distribution, avec des malls et centres commerciaux, surtout asiatiques. Mais on peut aussi citer les Big C de Casino. Mais comme partout en Asie, dans des mégalopoles qui s’étendent, les superettes de quartier demeurent les formats de proximité les mieux adaptés.

Propos recueillis par François Pargny

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