La technologie et l’exportation ont toujours été deux priorités de l’État tunisien. D’où le développement progressif de technopoles favorables à l’organisation de filières sous forme de clusters et de zones franches. Revue de détail des réalisations et des projets.
Implantée dans le Bioparc d’Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg, la société NovAlix a créé une filiale à 30 km au nord-ouest de Tunis sur le site de la nouvelle technopole de Sidi Thabet, dédiée à la biotechnologie. Lors d’un colloque, à Paris le 15 février 2019, Stephan Jenn, son président, expliquait que la décision avait été prise d’investir 1,5 million d’euros pour aménager laboratoires et locaux.
« Notre société de services, qui fait de la sous-traitance de recherche externalisée en amont de la chimie et la pharmacie, pourra ainsi produire des molécules de référence pour le Maghreb, car les coûts de production en Tunisie sont compétitifs », assurait-il. Le dirigeant expliquait encore qu’un pilote fonctionnait déjà et que cinq millions d’euros devront être encore injectés pour se doter d’un véritable laboratoire, avec 100 à 150 chercheurs à terme.
11 technopoles ont vu le jour
Sidi Thabet est la plus récente des 11 technopoles dont s’est enrichie la Tunisie depuis la création du pôle de compétitivité El Gazala dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) en août 1997.
Toutes les technopoles, associant secteur privé et organismes de formation et recherche spécialisés, répondent à une volonté de clusterisation du territoire national, soulignait Neila Nouira Gongi, la présidente de Tunisia Technoparks, l’association des technopoles et pôles de compétitivité, et P-dg du pôle de compétitivité textile de Monastir-El Faija, lors d’un forum à Tunis au début de l’année, intitulé « Investir dans l’innovation collaborative ». Pour certaines technopoles qui sont multisectorielles, c’est plus une logique d’aménagement du territoire que d’organisation sectorielle qui a joué (voir la carte).
Le biotechpole de Sidi Thabet, de son vrai nom, compte une pépinière d’entreprises, avec six start-up tunisiennes, tel que Green Mind (dermocosmétique) et Water Spirit (production d’astaxanthine, pigment issu de micro-algues), et deux étrangères, dont NovAlix Tunisie. « Les investisseurs sont encore confrontés à des problèmes administratifs. Nous travaillons avec l’État à des procédures plus simples et plus claires dans des délais plus acceptables », indique Hichem Hurki, le trésorier de l’Association tunisienne des technopoles et directeur général de Novation City à Sousse.
Géré par une société privée, le pôle mécatronique de Sousse comprend outre la technopole Novation City une zone de services et une zone industrielle qui permettent de rentabiliser les investissements. Pour que la mission de la technopole ne soit pas détournée, l’État interdit, en effet, les ventes de terrains et bâtiments. Seules des locations sont autorisées.
Le développement des zones franches
La création de zones industrielles couplées à des technopoles n’a pas empêché l’État de créer des zones franches. Une se trouve à proximité du pôle technologique de Bizerte, consacré à l’agroalimentaire. Créé en 1993, le Parc d’activités économiques de Bizerte (PAEB) comptait au début de l’année 65 entreprises étrangères des industries mécaniques, électriques et électroniques, du yachting, de la pharmacie, la plasturgie, le textile-habillement.
Une deuxième zone franche existe au sud-est à Zarzis, et le 7 mars, à 45 kilomètres encore au sud de cette cité portuaire, les travaux d’une troisième zone franche ont été lancés à Ben Guerdane, situé également à une dizaine de kilomètres de la frontière libyenne. L’idée : en faire une zone logistique sur le modèle de Dubaï, y adjoindre une zone commerciale et un espace pour les loisirs : hôtels, restaurants, cliniques, vente de produits détaxés. La société Scet-Tunisie a remporté l’appel d’offres pour élaborer la zone franche. Les débuts de cette dernière sont annoncés en 2021.
François Pargny