Le Moci. Quelles sont les grandes étapes du pôle de compétitivité de mécatronique à Sousse depuis sa création en 2004 ?
Hichem Turki. En 2009, soit cinq ans après sa création, la technopole, qui était un projet d’État en 2004, a fait l’objet d’un partenariat public-privé. Les besoins de financement étaient tels qu’ils impliquaient un changement fondamental dans la conception stratégique du projet. En effet, le développement de la technopole passe par une disponibilité de ressources financières importantes qui ne pouvaient pas venir seulement des capitaux investis et crédits bancaires, mais aussi par la création de source de revenus à réinvestir dans la construction.
C’est ainsi qu’est née SPCS (Société du Pôle de Compétitivité de Sousse) et l’idée de créer deux nouvelles zones, une de services (voisine et complémentaire de la technopole) et l’autre industrielle à Enfidha, ville qui accueillera le premier port en eaux profondes de Tunisie à 40 kilomètres de Sousse.
En 2014, trois ans après la Révolution du jasmin, le capital de SPCS a été recomposé, avec comme actionnaire de référence à 30 % la Caisse de dépôts et consignations (CDC) et à 70 % des groupes privés, comme OneTech, HBG, Amen ou encore le Consortium tuniso-koweïtien de développement CTKD, devenu Ekuity Capital.
En avril 2018, SPCS est devenue « Novation City » avec pour objectif ultime de s’ouvrir sur le monde de la technologie et du business, avec trois déclinaisons : Novation Mechatronic City (la technopole), Novation Business City (la zone de services) et Novation Industrial City (la zone industrielle).
Le Moci. Il y a quelques années, a été créé un cluster national de la mécatronique. Comment évolue-t-il ?
H. T. Nous avons créé en 2014 le CMT (Cluster Mécatronique Tunisie), qui, grâce à un don de l’AFD (Agence Française de Développement) d’une valeur de 750 000 euros, a pu financer des projets collaboratifs et innovateurs. Une dizaine de projets a pu être ainsi commercialisée en Europe. Ce, de la voiturette électrique à la télécommande sans fil de matériel dangereux comme les grues. De 16 membres au départ, le cluster Mécatronique Tunisie est passé à 92 entreprises et une dizaine d’institutions : écoles, centres de recherche. S’agissant des sociétés, un tiers sont des multinationales, à l’instar d’Ardia ou de Plastivaloire, un tiers des PME tunisiennes et un tiers des start-up, ce qui fait du CMT un modèle de réussite.
Le Start-Up Act qui vient d’être voté en Tunisie va donner un nouveau souffle. Sur les douze premières labellisées, l’une d’entre elles, Enova Robotics, est implantée chez nous. Novation City travaille sur trois axes : smart cities, industrie 4.0, transport. En particulier, nous avons un programme d’innovation inversée. On cherche des innovations pour des entreprises. C’est ainsi que pour dans le cadre du programme industrie 4.0 de la société d’électronique Eleonetech, Enova Robotics développe un système de robots et chariots.
Le Moci. Quels sont les résultats de vos trois zones spécialisées ?
H. T. S’agissant de la technopole Novation Mechatronic City couvrant 50 hectares, 1 500 m2 sont occupés et 5 000 m2 sont en construction. Les premières locations seront attribuées en décembre à des entreprises tunisiennes exportatrices. Un groupe allemand de composants automobiles doit aussi s’implanter sur 15 000 m2, avec à la clé 700 ingénieurs à terme. Notez l’importance du volet formation-recherche, avec tous les ans, 12 400 diplômés, 1 000 ingénieurs et 3 100 techniciens. Pour la zone de services Novation Business City également de 50 ha, un tiers est aménagé. Nous attendons deux écoles privées, une française, une britannique, une université en informatique. Les premiers coups de pioche seront donnés dans quatre-cinq mois, ce qui signifie que l’ouverture de la première école se fera en septembre 2010. Quant à la zone industrielle, sur ses 150 ha de superficie, un tiers également est aménagé et 80 % de la superficie sont vendus. Des travaux de construction sont déjà commencés et la première société qui devrait être active en juillet-août sera française. Il s’agira du papetier Hamelin, qui créera 400 emplois à Enfidha pour fabriquer des cahiers.
Propos recueillis par François Pargny