Malgré les aléas politiques, la France demeure le premier partenaire de la Tunisie en matière de commerce, d’investissement et d’aide. Quelques entreprises ont décidé en 2011 de s’y implanter, comme Bic, Auchan et Qualipac.
« Sans être franchement mauvaises, les relations entre la France et la Nouvelle Tunisie sont un peu froides », confie une source bien informée à Tunis. En cause d’abord, le prétexte avancé par Paris – les élections présidentielles du 22 avril et du 6 mai – pour ne pas donner suite à la demande de visite officielle en France du chef d’Etat tunisien, Moncef Marzouki. Ensuite, le refus des autorités françaises d’abandonner une partie de la dette tunisienne. Enfin, le report de la mission du Medef en Tunisie.
La déception est d’autant plus forte à Tunis, que le gouvernement issu des premières élections démocratiques considère la France comme un partenaire incontournable. Malgré l’absence de grands projets au pays du jasmin, les PME françaises y sont toujours aussi actives, nuance Jacques Torregrossa, qui dirige le bureau d’Ubifrance à Tunis. « Nous avons accompagné 438 entreprises l’an dernier », se félicite-t-il. Même si la part de marché de la France en Tunisie a tendance à s’éroder – en un an elle aurait ainsi perdu un point pour s’établir à 18,4 % en 2011, d’après les Douanes tunisiennes – la France demeure son premier fournisseur, tout comme elle est aussi son principal pourvoyeur d’investissements directs étrangers (IDE) et d’aide, avec près des deux tiers des flux bilatéraux.
D’après la base de données GTA/GTIS, les exportations de la France ont gagné 4,5 % en 2011 pour s’élever à 3,6 milliards d’euros. Le matériel électrique, qui est son premier poste de vente, a ainsi augmenté de 12 % pour représenter dorénavant 21,73 % de l’ensemble de ses exportations. En janvier 2012, les livraisons de la France à la Tunisie ont encore bondi de 28,28 % par rapport au premier mois de l’an dernier.
En matière d’IDE, malgré les incertitudes liées à la transition démocratique en Tunisie, Bic a décidé d’implanter dans le gouvernorat de Bizerte une unité de fabrication de stylos à destination de l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord. Le groupe, qui a posé une option sur un terrain de 30 000 m2 dans la technopole d’El Azib, a prévu d’investir 13 millions de dinars (6,5 millions d’euros) dans des machines d’injection plastique et de recruter 200 personnes dans un premier temps. L’usine devrait être opérationnelle fin 2013-début 2014.
De son côté, le géant Auchan a pris 10 % du distributeur tunisien Magasin général. D’après une note du Service économique régional (SER), la France a conservé sa première place comme investisseur étranger en 2011, à la fois en nombre de projets (140), en flux (210 millions de dinars, soit 105 millions d’euros, représentant 13 % des IDE entrants) et en emplois créés (3 494). Ce, en dépit d’une chute de 17 % de ses flux en valeur en un an. La France, fin 2010, disposait déjà d’un nombre d’entreprises établies de l’ordre de 1 270, occupant près de 114 000 emplois.
Enfin, la Tunisie, rappelle le SER, « est, depuis 1993, l’un des premiers bénéficiaires des financements du groupe AFD, avec environ 1,7 milliard d’euros d’engagements cumulés ». Comme en 2011, l’Agence française de développement devrait décaisser environ 200 millions d’euros. « L’an dernier, nous avions ciblé la formation, le financement de l’économie et un peu le développement régional. Cette année, nous rééquilibrerons en faveur de l’emploi et du développement régional », précise Cyrille Bellier, directeur adjoint de l’AFD à Tunis.
François Pargny
Conditionnement : Qualipac s’implantera à Zaghouan
Fabricant de conditionnements pour la parfumerie et la cosmétique, Qualipac a prévu d’opérer mi-2013 à partir de la zone industrielle Zriba 4, près de Zaghouan (60 km au sud-est de Tunis). La filiale du groupe Pochet ne s’implantera pas seul, puisqu’elle s’allie au tunisien Plastic Electromechanic Company (Pec), un spécialiste de l’injection plastique, de l’assemblage et du câblage automobile parmi les premières entreprises à s’être installées à Zriba après le fabricant de ceintures de sécurité Autoliv.
Qualipac et Pec vont former une joint-venture, dont le français sera majoritaire, et injecter au départ huit millions d’euros. Comme tout nouvel établissement dans la zone de développement régional de Zaghouan, elle va bénéficier d’une prime d’investissement, correspondant à 15 % du total engagé. « Imaginé un an avant la révolution, ce projet va permettre aux deux partenaires d’attaquer de nouveaux marchés et, notamment pour nous, de travailler sur des pièces automobiles pour Autoliv », se félicite Imed Charfeddine, PDG de Pec (1 300 salariés).
F. P.