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Trois questions à Bruno Paret, président de la section Sénégal des CCEF

Le Moci. Comment se portent les relations bilatérales ?

Bruno Paret. Nous ne pouvons pas nous plaindre, car nous sommes les mieux informés. Les Français, pour des raisons historiques, bénéficient de diplomates ayant une excellente connaissance de l’Afrique, d’un réseau de Services économiques bien informés et d’une connaissance géographique, pour ne pas dire militaire de la région, sans égal. Or, sur le plan diplomatique, le Sénégal qui ne compte que 13 millions d’habitants, pèse autant qu’un pays de 82 millions d’individus. C’est un poids lourd de la diplomatie régionale. Et nous sommes le premier acteur économique de ce pays, son premier fournisseur. Certes, il faut encore y développer les capacités à exporter et la concurrence s’y renforce, mais croyez-vous que les Turcs possèdent la même connaissance que nous du Mali, marché de proximité qui va redémarrer. Pensez au capital acquis par les quelque 1 000 sociétés françaises présentes en Afrique, dont 150, grandes et PME, au Sénégal. Les Turcs ne bénéficient pas de cette relation intime que nous avons, pas plus que les Espagnols qui cherchent aujourd’hui des relais de croissance sur le continent.

Le Moci. Que faire pour qu’un nombre croissant de PME s’implantent au Sénégal ?

B. P. Attention, le marché est faible et les entreprises françaises risquent de se concurrencer entre elles. Donc, si nous cherchons à attirer de nouvelles sociétés au Sénégal, il faut bien identifier les niches et les secteurs porteurs. C’est pourquoi il est important que l’information remonte aussi du Sénégal vers la France et pas seulement que la communauté française se rende au sud. Les Français du Sénégal – délégation commerciale, hommes d’affaires, CCEF – ne vendent pas assez ce pays dans l’Hexagone. S’agissant maintenant des domaines d’activité les plus porteurs, je place en tête l’agro business. A côté des grands noms, comme la Compagnie sucrière et la Compagnie fruitière, des petits privés exportent déjà en Europe. Ensuite l’énergie. Le manque d’électricité est un frein réel à l’industrialisation du pays et à l’attraction de nouveaux investisseurs. Enfin, bien sûr, le tourisme. Si le tourisme d’affaires se porte bien, Abdoulaye Wade, le prédécesseur du président Macky Sall, ne privilégiait pas ce secteur. Et le pays souffre aujourd’hui de capacités hôtelières insuffisantes. Il est vrai aussi que l’imposition du visa à partir du 1er juillet ne va pas arranger la situation dans ce secteur.

Le Moci. Dans le rapport Doing Business 2013 de la Banque mondiale, le Sénégal est tombé à la 166e place sur 185 économies…

B. P. N’empêche… Orange se félicite tous les jours de son partenariat avec la Société nationale des télécommunications Sonatel. Eiffage construit des autoroutes. Bien sûr, il y a des impayés. Mais la vérité est que nous prospérons. Il faut développer un savoir-faire, un savoir-être et un savoir-vivre en Afrique. Il faut se faire à l’idée que l’Afrique possède ses spécificités. Il y a de la corruption, en France aussi, l’Afrique de papa et les prés carrés, c’est du passé. Ce qui n’empêche pas de conforter des relations déjà excellentes. Laurent Fabius, notre ministre des Affaires étrangères, s’est déplacé à Dakar, tout comme d’autres hommes politiques. En avril dernier, tour à tour, nous avons reçu une délégation de l’Institut des Hautes études de la défense nationale (IHEDN), qui réunit militaires et civils de haut niveau ,– ainsi qu’une autre de la CCI Paris-Ile-de-France. Il est essentiel que les élites qui composent l’IHEDN ouvrent les yeux sur l’Afrique, découvrent avec un nouvel état d’esprit un marché africain mal connu et développent une vision stratégique. Elles doivent savoir que le pays est en paix, même si désormais il s’agit d’une paix menacée par l’instabilité dans la région et la montée de l’islamisme radical qui peut contaminer le Sénégal si on n’y prend pas garde. Quant à la CCI, une quinzaine d’entreprises plutôt orientées vers les TIC ont bénéficié de contacts intéressants dans un secteur que les Sénégalais maîtrisent plutôt bien.

Propos recueillis par François Pargny

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