Malgré l’offensive chinoise et indienne et les livraisons nigérianes d’hydrocarbures, la France demeure de loin le premier fournisseur du Sénégal. Revue de détail.
Entre 2010 et 2012, la part de marché de la France dans les importations sénégalaises est tombée de plus de 20 % à moins de 16,2 %, d’après la base de données GTA/GTIS. « La France subit une érosion somme toute normale compte tenu de sa forte domination. Et elle reste le premier fournisseur », constate Julien Kerdoncuf, responsable des Analyses sectorielles et de l’environnement des affaires au Service économique régional (SER) de Dakar.
De fait, si le Nigeria détenait l’an dernier une part de marché de 13 %, ses livraisons sont presqu’exclusivement composées d’hydrocarbures. Avec à peine 6,3 % du marché sénégalais, l’Inde et la Chine arrivaient loin derrière. L’Inde a fourni notamment des céréales, « du riz, alors que le concurrent de la France pour le blé est le Brésil », précise Julien Kerdoncuf. La Chine, quant à elle, a enregistré une poussée de ses ventes automobiles.
Au premier semestre 2013, l’ex-Empire du Milieu s’est hissé au deuxième rang, avec une part de 8,55 %. Il restait, néanmoins, loin derrière la France, avec 17,9 %. « Aujourd’hui, la concurrence est asiatique », commente Julien Kerdoncuf. Cette compétition s’exerce d’abord sur les prix. Ensuite, Pékin propose des financements liés. Ce fut le cas pour la boucle de transmission électrique de Dakar, l’entreprise chinoise CMEC apportant dans ses bagages personnel et matériel chinois. Pékin a aussi accordé un don pour la construction du Grand théâtre national dans la capitale sénégalaise.
En valeur absolue, sur un montant d’importations sénégalaises de 4,5 milliards d’euros en 2012 (+ 17,9 % sur 2011), 730 millions provenaient de France (à noter que selon les Douanes françaises, les exportations tricolores au Sénégal sont bien supérieures, avec un montant de 828 millions d’euros). Pendant les trois premiers mois de l’année, alors que les achats extérieurs du Sénégal dépassaient un milliard d’euros (- 7,7 % par rapport au premier semestre 2012), plus de 185 millions ont été réalisés dans l’Hexagone.
F. P.
Investissements français : Eiffage, Castel, Bolloré…
Présent depuis 1926 au Sénégal, Eiffage est un groupe puissant, y ayant réalisé de nombreux chantiers, comme la reconstruction du marché Kermel, la construction du port et de la route de la corniche de Ouakam à Dakar, la réhabilitation du pont Emile Badiane et du port à Ziguinchor, l’assainissement du quartier Pikine et la reconstruction du pont Faidherbe à Saint-Louis, ou encore la réalisation de l’autoroute à péage entre Dakar et Diass (42 kilomètres), siège du futur aéroport international Blaise Diagne, prévu courant 2015.
En dehors des BTP, tous les domaines d’activité sont représentés : filière agricole (Compagnie fruitière…) mines et industrie (Vicat, Air Liquide…), transport (Air France, CMA CGM, Bolloré Afrique Logistics…), etc. Ces implantations sont anciennes. « Les nouveaux venus sont rares ces dernières années », constate-t-on au Service économique régional (SER) à Dakar. Le groupe Onomo est entré dans le secteur hôtelier, Eramet investit 500 millions de dollars dans l’exploitation de sables titanifères (zircon et ilménite), Sofiprotéol a racheté les Oléagineux du Sénégal (Oleosen). Alors que les Chinois achètent les graines d’arachide, Castel, propriétaire de Soboa (bière), a, pour sa part, acquis Novasen, une huilerie qui appartenait à l’homme d’affaires Abdoulaye Diop
D’après la Banque de France, la France est demeuré le premier investisseur étranger dans le pays en 2011, avec un stock de 776 millions d’euros, dont un flux entrant de 43 millions cette année-là. Par ailleurs, le stock global d’investissements directs étrangers (IDE) y serait légèrement supérieur à 1,9 milliard d’euros, selon la Cnuced.
F. P.