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Electricité : comment soigner le talon d’Achille de l’économie

Pour rétablir son économie, le Sénégal doit disposer d’énergie. Ce qu’il tente de réaliser, dans le cadre du Plan de restructuration et de relance du secteur de l’électricité, avec la location de centrales, la réhabilitation des anciennes unités et la construction de nouvelles. Détails.

Composants électroniques, équipements de sécurité, systèmes de gestion de production, consoles et salles d’opération… les fournisseurs de matériel liés à la génération électrique doivent donc dès aujourd’hui avancer leurs pions. En 2011, pour faire face aux délestages, qui ont plombé l’économie sénégalaise, le gouvernement avait lancé le plan d’urgence Takkal – aujourd’hui rebaptisé Plan de restructuration et de relance du secteur de l’électricité – à trois étages : location, réhabilitation, construction. De façon concrète, la réhabilitation des centrales existantes est entamée, mais elle ne suffit pas. La demande d’électricité croît de 7 % par an au Sénégal, selon Valeria Fichera, représentant résident du FMI (Fonds monétaire international). D’où la décision de recourir à des mesures intermédiaires, mais coûteuses (avec utilisation de diesel ou de fuel lourd), comme la location de trois centrales modulaires de 50 mégawatts (MG) chacune (une est encore en activité à ce jour). S’agissant maintenant du volet construction, les décisions importantes en matière d’investissement sont sans cesse retardées, comme la réalisation de deux centrales à charbon à Siendou, près de Bargny, l’une de 125 MW, la seconde de 2 fois 125 MW.

La Banque africaine de développement (BAD), qui coordonne le groupe des bailleurs de fonds dans l’énergie, a décidé de soutenir les projets de Siendou, alors que la Banque mondiale n’était pas favorable à une initiative qu’elle jugeait néfaste pour l’environnement. Le scepticisme était d’autant plus fort que le consortium international retenu était piloté par un groupe suédois quasi inconnu, Nykomb. Aujourd’hui, la Compagnie d’électricité du Sénégal (CES) qu’il a créé n’a toujours pas commencé les travaux. Ce qui est d’autant plus préoccupant qu’il faudra attendre quatre à cinq ans avant que la deuxième centrale voit le jour, cette fois-ci avec un client sérieux, le coréen Kepco. Aujourd’hui, on n’attend plus la première centrale avant le premier semestre 2015. La Société nationale d’électricité (Senelec) est l’acheteur unique. Pour la seconde unité, les négociations achoppent sur le contrat d’achat par Senelec. À chaque fois, il s’agit d’un partenariat public-privé (PPP) ou IPP (Indépendant Power Producer).

Conscient du retard pris, on précise que des solutions de repli sont envisagées. « Nous négocions à l’heure actuelle avec trois promoteurs de centrales à charbon, deux indiens et un brésilien », indique Bakary Diop, le directeur des Etudes générales, ex-directeur de la Production. Depuis le lancement de Takkal, grâce à l’appui de l’AFD, la réhabilitation des centrales existantes a porté ses fruits : des unités, représentant 35 MW ont pu être mises en place début 2013 et ce chiffre devrait passer à 140 MW courant 2014. En 2013, la production installée, qui repose à plus de 90 % sur des technologies thermiques, s’élève à 683 MW. Chacun s’accordait à penser alors que le secteur électrique sénégalais pouvait satisfaire la demande. Force est de constater que ce n’est pas encore tout à fait le cas, puisque les coupures d’électrique demeurent fréquentes à Dakar le week-end. Début juin, des coupures dans la capitale étaient aussi enregistrées en semaine, ou à deux heures par jour, au grand dam des industriels.

F. P.

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