Porte d’entrée sur l’Afrique, le Sénégal attire des entreprises de pays aussi différents que l’Espagne et le Maroc, mais proches géographiquement, ou la Turquie. Explications.
Entreprise moyenne de BTP en Espagne, Groupo Marco réalise des travaux dans les mines de phosphates de la région de Thiès et s’intéresse à un projet d’assainissement des eaux, financé à Dakar par la Banque mondiale. Elle a aussi offert ses services dans la sous-traitance aux grands noms français du secteur, Eiffage et Vinci, mais en vain jusqu’à présent.
« Pour nous Espagnols, le Sénégal est la porte d’entrée de l’Afrique », confie son directeur des Projets de développement en Afrique, Daniel Bardaji Gabàs. Les Marocains partagent aussi cet avis, mais l’Espagne inquiète plus les entreprises françaises, car il s’agit, comme l’Allemagne et l’Italie, d’un pays capable de proposer des produits à forte valeur ajoutée dans l’industrie, le matériel électrique, la machine-outil.
« Dans le BTP, l’industrie et l’agroalimentaire, ils arrivent en proposant des prix moins élevés sur tout le continent », observe ainsi Gérard Sénac, P-dg d’Eiffage Sénégal et président du Conseil des investisseurs européens au Sénégal (CIES). Le mois dernier, les sociétés espagnoles ont décidé de créer leur organisation, l’Association des entrepreneurs espagnols au Sénégal (AEES), refusant tout net d’adhérer au CIES, dominé par les concurrents français (110 membres sur les 135 qui génèrent 30 % des recettes fiscales de l’Etat).
Certaines entreprises françaises ou européennes profitent de leur implantation au Maroc, comme Scania, Delattre Levivier ou Nexans, pour développer une offre plus compétitive au Sénégal. « Le Maroc et le Sénégal ont développé de longue date des relations de sang, de sentiment et de culture. Il faut maintenant les renforcer avec des relations de business », délivre Abdelkrim Raghni, administrateur directeur général de CBAO, première banque de la place par le total de bilan (1 milliard d’euros) et le réseau (158 points de vente), filiale du poids lourd marocain Attijariwafa.
De nombreuses sociétés, originaires du Royaume chérifien et qui y sont établies, ont pris pied au pays de la Téranga (hospitalité) : Somagec (génie civil), Office national de l’électricité (électrification rurale à Louga et Saint Louis), IBM (informatique), Royal Air Maroc (transport) ou encore le laboratoire Sothema qui a inauguré son usine dakaroise de génériques, le 18 mars, en présence du roi Mohamed VI et du président sénégalais Macky Sall.
Acquise par Attijariwafa Bank en 2008, CBAO est « voué à travailler dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) », soutient Abdelkrim Raghni. Ce qui n’empêche pas la banque sénégalaise d’être présente en France, avec la CBIP, et en Guinée Bissao, avec la Sofib, spécialisée dans le transfert d’argent. L’établissement financier vient ainsi d’ouvrir une succursale au Burkina Faso, d’obtenir l’agrément pour en créer une au Niger et introduit une demande dans ce sens au Bénin.
La Tunisie et la Turquie sont aussi actives. La première avec une mission organisée, début juin, sous l’égide de Tunisia Export. La seconde, avec E-visa, un système électronique d’obtention de visa en 24 heures, disponible pour les ressortissants sénégalais depuis le 17 avril. La Turquie a, par ailleurs, décidé de financer la construction du Palais des congrès de Diamniadio, qui doit accueillir le Sommet de la francophonie de novembre 2014.
F. P.