Le Moci. L’Institut flamand de la logistique (VIL) a été fondé en 2003 par la Région flamande à proximité du port d’Anvers, deuxième port européen après Rotterdam. Quelle est votre mission ?
Liesbeth Geysels. La Flandre veut être une des régions européennes les plus avancées dans la logistique. La mission qui nous est dévolue est de stimuler l’innovation auprès des chargeurs et prestataires de services et de permettre à notre région d’être toujours plus attractive en matière d’innovation et de développement durable. VIL doit donc aussi concilier économie et écologie dans une région où la logistique représente déjà 9 % du produit intérieur et plus de 200 000 emplois. D’où la priorité que nous offrons aux PME. De fait, si l’institut opère aussi avec des multinationales, sur ses 308 membres, 52 % sont des PME. Comme centre d’expertise, il peut leur apporter des conseils et des subsides pour développer l’innovation. Les sociétés adhérentes de moins 100 salariés lui versent chaque année une cotisation de 500 euros, soit la moitié de celle que doivent acquitter les entreprises de plus 250 employés, tout comme, d’ailleurs, les membres associés : gestionnaires d’infrastructures, de zones industrielles, consultants, etc. VIL est financé à 80 % par le ministre flamand de l’Innovation, ce qui lui permet de remplir pleinement sa mission. Pour le financement des projets en 2012, notre budget s’élève à 2 millions d’euros, ce qui nous permet de couvrir jusqu’à 80 % du coût d’un projet d’innovation, allant de la recherche à son application pratique. Le solde de 20 % est payé par les sociétés participantes.
Le Moci. De façon concrète, comment agissez-vous ?
Liesbeth Geysels. VIL commence par identifier les besoins de l’industrie. Ensuite, l’institut conduit la recherche, souvent avec l’appui d’universités. Puis les résultats sont testés en pratique pendant plusieurs mois dans les locaux des entreprises participantes, et, enfin, diffusés. Les moyens de dissémination de l’information sont des publications, des ateliers, le site Internet ou encore des événements. S’agissant des projets, VIL a beaucoup œuvré en matière de traçabilité. L’institut a, par exemple, appliqué le système d’identification par fréquence radio ou RFID, une technologie permettant d’identifier un objet, d’en suivre le cheminement et d’en connaître les caractéristiques à distance, pour les palettes, les caisses, les conteneurs à rouleaux, etc. La même technologie RFID a été utilisée avec la douane belge dans le cadre du projet de plateforme logistique électronique flamande (VELP). Des boîtiers électroniques reliés par satellites ont été fixés à des conteneurs venant d’Afrique du Sud et du Brésil. Les formalités douanières étant ainsi facilitées, le port d’Anvers a pu dégager sur ces deux destinations un avantage de 24 heures sur ses concurrents.
Le Moci. La Flandre possède plusieurs grands ports, comme Anvers, Gand ou Zeebrugge. VIL est-il compétent pour l’aménagement des infrastructures régionales ?
Liesbeth Geysels. VIL est amené à réfléchir à la compétitivité des infrastructures de la Flandre. Prenons les grands ports. Ce sont des portes d’entrée naturelles sur le territoire. Mais, dans notre région, il y a aussi ce que l’on appelle les portes d’entrée intérieures (extended gateways en anglais). C’est, par exemple, le cas du port fluvial de Genk, dans le Limbourg, qui est connecté à l’Escaut. De même, nous avons établi un schéma de plateformes multimodales à l’intérieur de la région. Il y a déjà des plateformes actives comme à Meerhout, dans la province d’Anvers. Elle permet à Nike de recevoir ses conteneurs de chaussures de sport, qui lui sont acheminés depuis les ports. Cette plateforme multimodale est d’autant plus importante pour le groupe américain qu’il vient de renforcer son centre de distribution européen dans la province d’Anvers.
Propos recueillis par François Pargny