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Questions à Jean Rossi, président de la section Pologne des Conseillers du commerce extérieur de la France

Le Moci. La France, grâce à ses grandes entreprises, est un investisseur majeur en Pologne, mais elle affiche aussi un déficit commercial de 1,3 milliard d’euros, en raison de la faible présence de ses PME. Comment remédier à cette situation ?

Jean Rossi. Les PME viennent peu en Pologne. Ou elles sont venues et reparties. Certaines arrivées dans les bagages de la grande distribution n’ont pas réussi à se diversifier et s’adapter. Les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) estiment qu’il faut aller chercher les PME en France grâce aux Chambres de commerce et d’industrie (CCI) en France. À cette fin, la section réalise un film de promotion sur les investissements en Pologne, qui va être sur les réseaux sociaux et mis à la disposition des CCI en France pour la promotion de la Pologne lors de séminaires auxquels assistera l’un des membres des CCE Pologne pour donner un témoignage vécu. Autre axe stratégique, mettre en contact les dirigeants des PME françaises avec les CCEF pour les aider à structurer leur implantation – c’est du parrainage – et leur donner les informations indispensables sur le contexte réglementaire, les bonnes pratiques, les chausse-trappes. Pour aborder la Pologne, une entreprise doit absolument préparer son projet en amont et penser moyen ou long terme. Pour cela, il est important de constituer une filiale commerciale ou de disposer au moins sur place d’un responsable de projet.


Le Moci. Finalement, les CCEF en Pologne, c’est un peu le CAC 40 avec ses quarante membres…

J. R. Partiellement. Parmi nos membres – au demeurant, 27 % de femmes – il y a des PME, par exemple dans l’immobilier, la téléphonie, la décoration intérieure, les audio-livres. Il n’y a pas une semaine où nous ne sommes contactés par une PME. La Pologne représente un grand marché d’environ 40 millions d’habitants, avec une croissance enviable de près de 3 % attendue cette année. La qualité de la main-d’œuvre est avérée, tout comme la stabilité économique, juridique et fiscale. L’impôt sur les sociétés est de 19 %. Le point noir, c’est le chômage, 14 % d’après les autorités, et même 20 % pour les moins de 25 ans. En matière d’investissement direct étranger (IDE), il n’y pas de discrimination à l’encontre des étrangers. Il est fréquent de rencontrer des gens qui parlent anglais et français, ce qui favorise bien la communication. Une société peut encore être constituée en trois semaines, le capital social exigé est faible et l’accueil est favorable. Le niveau de vie va augmenter 
et dans une région parfois mouvementée – regardez la crise ukrainienne – la Pologne reste stable et tient bien sa place dans les IDE mondiaux. 


Le Moci. Quelles sont les aides accordées en matière d’investissement ?

J. R. S’il n’y a pas de barrière à l’investissement, les autorités ne sont pas enclines à la surenchère en matière d’aides à l’investissement, comme l’a montré l’implantation de Peugeot il y a quelques années en République tchèque au détriment de la Pologne. Au demeurant, entre aides régionales et aides locales, il y a pléthore, ce qui peut paraître compliqué pour les PME. La Pologne a également créé des zones économiques spéciales (ZES), qui offrent aux entreprises qui s’y installent des exonérations d’impôts et de charges sociales, mais ce n’est peut-être pas suffisant. Selon nous, les PME ont moins besoin d’aide financière que d’accompagnement et d’informations pratiques.


Le Moci. Conseilleriez-vous à une PME de commencer par prospecter Varsovie avant le reste du pays. Et dans quel secteur ? 

J. R. Commencer par la capitale me paraît, en effet, indiqué, car il s’agit du plus gros marché et les prix y étant plus élevés, l’offre française y est également plus adaptée. Pour autant, il y a tant à faire dans les autres grandes villes, comme Wroclaw, Katowice ou Gdansk, mais les prix y sont plus bas. Quant aux secteurs d’attaque, la concurrence internationale peut être redoutable, sans parler de la compétition avec les sociétés locales. Le Polonais est un entrepreneur dans l’âme, surtout dans la sous-traitance et les services. C’est pourquoi une PME française me paraîtrait a priori plus à l’aise dans l’industrie, la chimie, les activités qui lui permettent d’apporter sa qualité technique, son innovation et de générer de la valeur ajoutée.

Propos recueillis par François Pargny

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