Dans les secteurs les plus variés, le Pérou offre toute une palette d’opportunités, qui demeurent largement méconnues en France. La bonne santé de l’économie laisse présager la poursuite du développement du pays pendant les années à venir. Présentation des principaux créneaux porteurs.
Comme la plupart des pays d’Amérique latine, le Pérou souffre d’un gros retard en matière d’infrastructures, comme l’attestent les embouteillages dans Lima. Le gouvernement a donné une impulsion aux investissements publics, qui sont passés d’un montant équivalent à 4,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011 à 6 % en 2014. Selon les économistes locaux, cet engagement devrait se maintenir au cours des années à venir, avec le développement de nouveaux projets (routes, voies ferrées, ports, aéroports, etc.).
« Le développement progressif des transports urbains de masse offre d’excellentes opportunités aux entreprises françaises », explique Martine Lebacq, directrice de la Chambre de commerce et d’industrie franco-péruvienne (CCIPF). Un vaste projet de construction de plusieurs lignes
de métro a été engagé à Lima. Début 2012, Alstom a obtenu un contrat pour la fourniture de 19 rames Metropolis pour la ligne 1, la première ligne de métro du Pérou, dont la construction a été confiée à un consortium constitué par le brésilien Odebrecht et le péruvien Graña y Montero. L’appel d’offres pour la construction de la ligne 2 (35 km) a été gagné par le consortium Nuevo Metro de Lima en mars 2014. L’investissement prévu pour cette ligne souterraine sera de 6 milliards de dollars. Plusieurs villes de province envisagent de se doter de tramways urbains. Il y a également de gros besoins dans le logement. Le déficit est estimé à 1,5 million de logements à l’échelle du pays. L’industrie de la construction devrait connaître une croissance soutenue en 2015-2016, selon les experts locaux.
Mines et énergie : boom des investissements
Depuis l’époque de la colonisation espagnole, les mines sont un élément essentiel de l’économie péruvienne, grâce à l‘abondance et à la variété des ressources : plus de 40 minerais sont exploités, dont les plus importants sont le cuivre, l’or, l’argent, le plomb, le zinc, le fer, le molybdène, ainsi que des minerais non métalliques. Le secteur minier contribue pour 14,5 % du produit intérieur brut (PIB) du Pérou. L’activité, qui a souffert en 2014 du repli des cours mondiaux, devrait enregistrer une croissance de 3,9 % en 2015 et de 6,9 % en 2016, selon Macroconsult. Si la France est mal positionnée, dans la mesure où elle n’a pas d’industrie minière, le secteur demeure un important acheteur de biens et de services.
L’industrie électrique est tout aussi dynamique avec une croissance des investissements de 30 % par an depuis 2006. Les projets en cours d’exécution pendant la période 2013-2016 s’élèvent à 6,3 milliards de dollars, dont 3,7 milliards dans la génération et 0,9 milliard dans la transmission. La France est bien présente avec GDF Suez Energy, dont la filiale Enersur produit près de 20 % de l’énergie électrique péruvienne. Celle-ci a remporté, en décembre 2013, l’appel d’offres pour la construction et l’exploitation d’une centrale thermique d’une capacité de 500 MW à Ilo, dans le sud du pays, pour un montant d’investissement total de 500 millions de dollars.
Le Pérou dispose également d’importantes ressources en hydrocarbures que le gouvernement souhaite valoriser. En juin 2014, le projet de construction, de gestion et de maintenance d’un grand gazoduc (1000 km) dans le sud du Pérou a été adjugé à un consortium constitué par Odebrecht (Brésil) et Enagas (Espagne).
Ce projet devrait permettre d’acheminer du gaz naturel vers la côte, afin de produire de l’électricité. Le gouvernement souhaiterait également constituer un pôle pétrochimique.
Biens de consommation : l’ascension de la classe moyenne
La croissance de l’économie péruvienne a entraîné une baisse drastique de la pauvreté : de 50,5 % de la population en 2000 à 24,2 % en 2012, selon une étude récente du Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud). Le Pérou est le pays d’Amérique latine où la classe moyenne a le plus progressé, passant de 33,8 % de la population en 2000 à 40 % en 2012. Cette redistribution des revenus et le développement du crédit stimulent la demande. Selon Macroconsult, la consommation des ménages devrait progresser à un taux proche de 5 % par an en 2015 et en 2016. Ce phénomène ouvre des perspectives intéressantes pour les exportateurs français de biens de consommation, d’autant que le Pérou est un marché ouvert. L’expansion de la consommation a entrainé le développement des centres commerciaux à Lima, mais aussi dans les villes de province (Ica, Arequipa, Trujillo, etc.). Les grandes chaînes chiliennes de la distribution (Falabella, Ripley, etc.) ont joué un rôle clé dans la transformation du commerce péruvien conjointement avec des opérateurs péruviens. Les investissements dans le commerce devraient continuer à un rythme soutenu pendant les années à venir.
Daniel Solano