Les échanges commerciaux entre le Pérou et la France sont modestes, malgré des relations politiques intenses. L’État latino-américain mérite d’être mieux prospecté, notamment par les petites et moyennes entreprises. À elles de profiter de l’impulsion qui y sera donnée à l’occasion de la visite du président français en mars 2015.
Selon les statistiques douanières françaises, les exportations françaises vers le Pérou ont atteint 205 millions d’euros en 2013, un chiffre modeste qui place ce pays au rang de 10e client de la France en Amérique latine. Les importations sont supérieures (305 millions en 2013) et la balance commerciale bilatérale est déficitaire.
Cependant, les statistiques douanières ne rendent pas compte complètement de la situation. « Il y a de plus en plus d’entreprises françaises qui exportent via Miami, Panama ou des filiales à l’étranger », affirme William Pécriaux, chef du service économique pour le Pérou et la Bolivie. Panama est une plate-forme de réexportation pour les biens de consommation. La présence commerciale tricolore au Pérou est donc plus importante qu’il semble au vu des chiffres.
Si l’on s’en tient aux données douanières, trois secteurs concentrent près des trois quarts des ventes françaises : les équipements mécaniques et électroniques (50,1 % des exportations en 2013), les produits chimiques, parfums et cosmétiques (12,8 %) et les produits pharmaceutiques (9,6 %). L’impact de l’accord de libre-échange entre le Pérou et l’Union européenne, qui est entré en vigueur le 1er mars 2013, n’est pas encore perceptible dans les statistiques douanières. La libéralisation des importations crée un contexte favorable pour les livraisons de produits tricolores. Les exportateurs français doivent, cependant, évoluer dans un contexte très concurrentiel. Le Pérou se trouve sur la façade pacifique de l’Amérique du sud et les pays asiatiques (Chine, Japon et Corée du sud principalement) y sont très présents. La pression asiatique est visible, en particulier dans l’automobile, secteur dans lequel les exportations françaises ont baissé de 55 % en 2013 à 5,5 millions d’euros.
La Chine a fait une percée remarquable, puisqu’avec une part de marché (PDM) de 19,2 % en 2013, elle talonne désormais les États-Unis, premier fournisseur traditionnel, avec une PDM de 20 %. La part de marché française est inférieure à 1 % et la France se classe au 20e rang des fournisseurs. En matière d’investissements directs étrangers (IDE), la position tricolore est à peine meilleure, la France occupant le 15e rang fin 2013 avec un stock de 345 millions de dollars (1 % du total). Les hydrocarbures et la génération électrique représentent plus de 65 % du stock d’IDE d’origine française avec, notamment, la filiale de Perenco. Il y a 82 filiales de sociétés françaises, un chiffre qui n’inclut pas cependant les petites entreprises, commerces ou bureaux de représentation multicartes créés localement par des Français (une cinquantaine environ). Parmi les principaux investissements français, on peut citer Veolia, Suez Environnement, GDF Suez, Sanofi, Perenco, Alstom, Nexans, L’Oréal, Sodexo, VCIS, Newrest.
Cette présence économique et commerciale modeste contraste avec la qualité de la relation bilatérale. « Les relations politiques sont denses », explique un spécialiste. Plusieurs ministres français (Jean-Yves Le Drian, Kader Arif, Benoît Hamon, Laurent Fabius) se sont rendus au Pérou au cours des deux dernières années. Le Président du Pérou, Ollanta Humala, qui fut en poste à Paris au début des années 2000 en tant qu’attaché militaire, est francophone et francophile. Il a témoigné depuis son élection de sa volonté de renforcer le dialogue politique et la coopération avec la France. Il a rencontré François Hollande à trois reprises (novembre 2012, octobre 2013 et juillet 2014). Ce dernier se rendra en visite officielle au Pérou en mars 2015.
Daniel Solano