Entretien avec Emmanuel Bonnet, président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-péruvienne (CCIPF)

Le Moci. Pour quelles raisons faut-il s’intéresser au Pérou ?

Emmanuel Bonnet. Le Pérou bénéfice d’indicateurs macro-économiques très positifs : une croissance comprise entre 5 et 7 % par an depuis une décennie, une inflation maîtrisée, une balance commerciale excédentaire et des réserves en devises équivalentes à 18 mois d’importations. Le Pérou a, par ailleurs, fait le choix d’une ouverture sur le monde et le commerce extérieur a été largement libéralisé, ce qui facilite les importations. Le gouvernement a signé plusieurs accords de libre-échange, dont l’un avec l’Union européenne qui est entré en vigueur le 1er mars 2013. L’expansion de la classe moyenne, qui dynamise la consommation des ménages, et le développement des investissements créent de réelles possibilités d’affaires pour les PME, dans la mesure où le Pérou ne dispose que d’un tissu réduit d’industries, à l’exception de l’agroalimentaire.

Le Moci. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de secteurs porteurs pour les PME ?

E.B. Le Pérou a d’importantes ressources minières, pétrolières et gazières. Les investissements en cours ouvrent des perspectives intéressantes pour les fournisseurs de biens et de services. Dans le secteur agricole, il reste de grands espaces à mettre en valeur, principalement dans le nord du pays. C’est une opportunité pour les investisseurs, mais aussi pour les fournisseurs dans différents domaines : technologies, procédés, machinisme, conditionnement, etc. Dans le tourisme, beaucoup reste à faire. Le Pérou a des atouts bien connus, mais il y a aussi des possibilités dans toute une série de domaines : organisation et gestion hôtelières, montage de circuits touristiques, tourisme rural, logistique, application des TIC au tourisme, etc. L’exemple de certains Français qui ont réussi dans des niches montre qu’il y a des opportunités pour ceux qui sont en mesure d’apporter et de développer des savoir-faire pointus.

Le Moci. Quels conseils adresseriez-vous aux PME intéressées par le marché péruvien ?

E.B. Je pense qu’il faut d’abord venir ici pour constater le dynamisme des affaires et rencontrer des partenaires potentiels. Nous sommes dans un pays latin : le contact personnel est primordial pour créer la confiance. Cependant, il faut bien veiller, par la suite, à assurer le suivi. Le marché péruvien est très concurrentiel et les Péruviens sont très sollicités, notamment par les Asiatiques. Il est possible de vendre initialement en direct depuis la France. Mais pour développer un réel courant d’affaires, il est nécessaire de disposer d’un relais sur place : agent ou importateur-distributeur. La PME doit bien sélectionner son partenaire local, car l’ouverture des frontières a incité beaucoup de Péruviens à s’intéresser au commerce. Il faut donc, au préalable, valider la solvabilité ainsi que la réputation des sociétés retenues, ce qui est d’ailleurs assez aisé au Pérou grâce à l’existence de bases de données très complètes. Il faut aussi tenir compte du fait que les connaissances techniques des importateurs-distributeurs sont souvent très minces. Les clients finaux font davantage confiance lorsqu’une assistance technique et un service après-vente sont apportés par l’entreprise étrangère.

Le Moci. Quel est le rôle de la Chambre ?

E.B. Depuis avril 2012, la CCIPF représente de manière exclusive Ubifrance au Pérou dans le cadre d’une délégation de service public (DSP). Cette nouvelle mission permet également à la Chambre de développer son réseau de contacts internationaux et d’offrir un éventail de services commerciaux plus vaste à ses associés. Nous sommes l’interlocuteur de référence pour conseiller et accompagner les entreprises dans leur stratégie commerciale à l’export.
Depuis deux ans et demi, nous constatons une recrudescence des missions organisées par les Chambres de commerce et d’industrie régionales (CCIR). On est passé d’une à cinq missions par an, ce qui témoigne d’un réel intérêt pour le marché péruvien.

Propos recueillis par Daniel Solano