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Malaisie Guide business 2014

La Malaisie veut devenir un pays à revenu élevé d’ici à 2020. Un programme de transformation économique (ETP) a été conçu, des moteurs de la croissance (NKEAs) sont identifiés, comme dans l’énergie, les infrastructures, l’électronique ou encore la santé. Le bon moment pour y aller.

Peu connue de la plupart des entreprises françaises, la Malaisie mérite pourtant le détour. Martine Dorance, l’ambassadeur de France dans ce pays de 30 millions d’habitants, n’hésite pas à qualifier la Malaisie de « trésor caché ». Il est vrai que la jeune fédération malaisienne, moins d’un demi-siècle après sa naissance en 1957, peut s’enorgueillir d’une réelle stabilité politique et économique.

En quarante-sept ans, le pouvoir d’achat s’est considérablement élevé, la politique de redistribution fonctionne et les investissements directs étrangers continuent à affluer, avec, toutefois, des hauts et des bas : 12,2 milliards de dollars en 2011, 10,1 milliards en 2012, 12,5 milliards l’an dernier.

Composée au nord de la péninsule qui s’étend de la Thaïlande à Singapour et au sud par la partie septentrionale (hors Brunei) de l’île de Bornéo, la Malaisie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire. Un succès à mettre au compte des gouvernements qui se sont succédés, mais une réussite encore insuffisante dans un environnement régional très compétitif. La Malaisie est, en effet, concurrencée en Asie du Sud-est par plusieurs voisins à bas coût, comme la Thaïlande et l’Indonésie, et par d’autres bien plus avancés dans l’ère des productions à forte valeur ajoutée, à l’instar de Singapour et de la Corée du Sud.

Prise en étau, la Malaisie a choisi à la fois de monter en gamme dans toute une série de secteurs traditionnels (hydrocarbures, composants électriques et électroniques, tourisme…) et de créer de nouveaux pôles dotés de technologies avancées, comme l’aéronautique, la pharmacie, les biotechnologies et les équipements de santé.

Dès 2009, le gouvernement d’Abdullah Badawi (2003-2009) s’était engagé à ce que le revenu national brut (RNB) par habitant passe de 6 700 dollars en 2009 à 15 000 dollars en 2020, RNB minimum, selon l’OCDE, pour rejoindre le club des pays développés. C’est ainsi ce gouvernement qui a été l’architecte de la Vision 2020 et du plan de transformation économique (ETP) qui en découle.

L’an dernier, le PIB par habitant a dépassé la barre des 10 000 dollars (voir chiffres clés, page 24). « Je me souviens très bien des discussions. J’y ai participé pour une part, avec, notamment, 1 000 représentants du secteur privé », relate Mohd Azharuddin, directeur du Transport public au sein de Pemandu, l’agence de l’État en charge de la planification de l’ETP, et, à ce titre, du développement du Grand Kuala Lumpur (GKL) et de la Vallée du Klang. Le GKL est le premier des douze « moteurs de la croissance clés pour la nation » ou NKEAs, le seul, au demeurant, qui ne soit pas sectoriel, aux côtés de l’énergie, les services financiers, le commerce de gros et de détail, l’huile de palme et le caoutchouc, le tourisme, l’électronique, les services aux entreprises, la communication et les infrastructures, l’éducation, l’agriculture et la santé.

Nulle surprise, dans une économie tournée vers les services (55 % du PIB) et les hydrocarbures, de trouver parmi les NKEAs l’énergie et les services d’affaires, à côté de secteurs traditionnellement forts, comme l’huile de palme et l’électronique. Entre les taxes perçues à l’exportation, les dividendes versés par Petronas – la puissante compagnie nationale obligatoirement partie prenante aux contrats de partage de production –, et les taxes acquittées par les compagnies étrangères, « les hydrocarbures représentent à eux seuls entre 30 à 40 % des revenus de l’État », rappelle François Matraire, directeur jusqu’à septembre 2014 du bureau d’Ubifrance, à Kuala Lumpur.

Outre Pemandu, qui évalue les progrès de l’ETP, deux agences ont été constituées : Malaysian Petroleum Services Corporation (MPRC), dont le but est que la Malaisie devienne le hub régional en matière d’hydrocarbures vers 2017 ; et Invest KL, chargé d’attirer les 500 plus grandes compagnies internationales à Kuala Lumpur. Les deux sont actives en matière de promotion à l’étranger, mais il arrive aussi que des entreprises s’adressent directement à elles ou via Pemandu. Au bout de la chaîne, se trouve l’agence publique d’information et de conseil Malaysian Investment Development Authority (Mida), qui attribue des aides fiscales.

Parmi les sociétés qui sont « passées » par Pemandu, figure le spécialiste français de l’ingénierie Altran. C’est Fabrice Godeau, aujourd’hui le patron de l’entité malaisienne du groupe français, qui a contacté puis a introduit Altran en Malaisie. Comme il résidait déjà sur place, il s’est adressé directement à Pemandu, ce qui lui a été fort utile pour bénéficier des avantages et inscrire son action dans le cadre de l’ETP.

Dans la pratique, chaque NKEA comprend plusieurs points d’entrée prioritaires (EPP). Par exemple, dans le cas du 8e NKEA, qui porte sur les Services d’affaires, six EPP sont définis : 1) renforcer les services de maintenance, réparation et révision (MRO) dans l’aviation ; 2) mettre en place des services de partage et d’outsourcing compétitifs ; 3) positionner la Malaisie comme un centre mondial des données ; 4) stimuler l’industrie des technologies vertes ; 5) accroître les services des sociétés spécialisées dans l’ingénierie ; et 6) transformer la Malaisie en un hub en matière de construction et de réparation navales.

Altran étant ce qu’on appelle un « pure player » dans l’ingénierie, son investissement entre dans le cadre du 5e EPP. Son plan d’affaires a été audité par Price Waterhouse. « Nous nous sommes engagés à créer 200 postes d’ingénieur d’ici à 2020 », relate Fabrice Godeau, Français résidant en Asie depuis 19 ans. « Pour nous, affirme-t-il encore, le gouvernement est un partenaire. Il comprend nos demandes. Pour Altran par exemple, il ne met pas de limite à l’immigration. Mais il sait aussi que nous allons former des Malaisiens. Et d’ici à cinq ans, j’espère que la société sera pilotée par des Malaisiens ».

Avantage de la démarche, pour constituer Altran Malaysia à Kuala Lumpur, le spécialiste français de l’ingénierie a reçu l’appui d’Invest KL, qui lui a organisé divers rendez-vous, notamment avec l’institut des industries avancées Ami ou Might Meteor, qui fournit des budgets de formation pour des ouvriers et des cadres. L’agence publique lui a aussi permis d’obtenir le statut de compagnie multimédia (MSC), donnant en l’occurrence, comme avantages, de pouvoir adresser ses demandes de permis de travail en ligne, grâce à un logiciel spécialisé, et de ne pas payer d’impôts sur les bénéfices pendant cinq ans (+ 5 ans renouvelable). Enfin, elle l’a mis en relation avec Mida pour l’enregistrement du bureau de représentation auquel sont liées les aides. « Tous les trimestres, il nous est demandé de faire un point sur nos investissements et nos recrutements. Entre 2013 et 2014, précise Fabrice Godeau, nous sommes passés de cinq à quinze ingénieurs, ce qui nous oblige à multiplier les métiers et les secteurs d’intervention ». Pour trouver cette main-d’œuvre qualifiée, le directeur général d’Altran Malaysia dispose d’un « vivier local » avec les universités spécialisées dans les technologies dans le pays et la communauté des Malaisiens bénéficiant de bourses en Europe.

« Nous allons également aider les sociétés locales à innover. C’est pourquoi la société a signé une lettre d’intention avec un groupe malaisien pour développer des produits de haute technologie », dévoile encore le dirigeant français. Avant d’opérer largement dans la région, Altran Malaysia va se concentrer pendant encore au moins deux ans sur la Malaisie et Singapour. « Avec notre structure à Singapour, qui dépend du bureau régional à Kuala Lumpur, nous allons développer dans la cité État des produits de haute technologie pour une société singapourienne dans le domaine de l’avionique », se réjouit Fabrice Godeau.

Bien que la Malaisie et Singapour se jalousent plus ou moins ouvertement, entre les deux voisins asiatiques, il y a des synergies et des complémentarités à trouver. Déjà des PME singapouriennes sont encouragées à s’installer dans la zone économique spéciale d’Iskandar, au-delà de la frontière malaisienne*. « Singapour et Kuala Lumpur, c’est un peu comme Lyon et Genève. Si elles peuvent s’entendre, elles partageront leurs avantages réciproques », délivre Zainal Amanshah, directeur exécutif d’Invest KL. « Nous collaborons déjà. Un groupe de travail dans les semi-conducteurs a été constitué. Singapour a l’expertise et nous l’espace », renchérit Noorhazlina Mohamad Nor, la toute nouvelle représentante de Mida à Paris.

« Ce qui nous importe, ajoute la directrice du bureau de l’agence en France, c’est de favoriser la formation de clusters ». Par exemple, dans l’électricité, avec le LED, les semi-conducteurs et le solaire, avec des entreprises telles que Philips ou Intel ; ou dans l’aéronautique, autour d’Airbus, qui a ouvert en Malaisie un centre de services à la clientèle.

De notre envoyé spécial en Malaisie, François Pargny

 *Lire à cet égard le Guide Business Singapour 2014 n° 1967 du 26 juin sur www. www.lemoci.com/0115-229-Guide-business- Singapour-2014.html

 

Retrouvez la carte Malaisie sur « Les cinq corridors de développement et les projets ferroviaires » :  https://www.lemoci.com/wp-content/uploads/2014/10/Carte-Malaisie.pdf

 

 

Chiffres-clés

Superficie : 330 803 km²
Population : 30 millions d’habitants (avril 2014)
Produit intérieur brut (PIB) : 312,5 milliards de dollars en 2013
PIB/habitant : 10 060 dollars en 2013
Croissance du PIB : 4,7 % en 2013, entre 4,5 et 5,5 % en 2014
Inflation : 2,1 % en 2013, entre 3 et 4 % en 2014
Chômage : 3,1% fin 2013.
Exportations : 219,3 milliards de dollars en 2013
Importations : 186,7 milliards de dollars en 2013

Source : Service Économique de Kuala Lumpur
(Fiche signalétique – avril 2014 https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/399772)

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