Le Moci. Vous êtes le porte-parole du cluster Pétrole et gaz (*). Quelle est l’offre de ce groupe de travail aux autorités libyennes ?
Jean-Jacques Royant. Suite au voyage du secrétaire d’État au Commerce extérieur Pierre Lellouche, le 12 octobre à Tripoli, le groupe de travail a remis une offre globale à la Compagnie nationale d’hydrocarbures NOC.
Nos propositions couvrent largement la filière, allant de l’amont pétrolier, avec la revue des données géophysiques et les études de réservoirs, l’optimisation dans la récupération du pétrole sur les champs existants, à l’aval, avec la remise à niveau technique des installations de surface, la modernisation des raffineries et des unités de production de gaz naturel liquéfié à Marsa El Bragha qui sont à bout de souffle.
Le Moci. Vous avez rencontré le nouveau président de la NOC, Nuri Berruien, et le directeur de la coopération internationale, Salah Ben Ali. Avez-vous abordé avec eux les questions de contenu local et de formation ?
Jean-Jacques Royant. Oui, c’est très important. Comme l’industrie locale n’est pas suffisamment structurée, jusqu’à présent, toutes les entreprises françaises ou étrangères travaillant en Libye ont essentiellement confié la réalisation des travaux à des sociétés étrangères.
Aujourd’hui, le concept de contenu local redevient d’actualité et nos sociétés vont devoir réfléchir à la fois à la formation des employés et ingénieurs libyens et à des implantations industrielles pour répondre aux projets futurs de la Libye. Les adhérents du Groupement des entreprises parapétrolières et paragazières-Association des techniciens et professionnels du pétrole (GEP-AFTP) ont déjà prouvé leurs capacités d’adaptation aux besoins locaux dans d’autres parties du monde, comme le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, elles disposent d’un noyau de sociétés libyennes comme partenaires. Il leur faut maintenant les aider à se développer et à atteindre le niveau de qualité indispensable dans nos métiers. Quant à la formation, force est de constater que les élites ayant été attirées à l’étranger, les besoins sont énormes, tant pour les ingénieurs que pour les techniciens.
Les Libyens ont ainsi pris conscience de la nécessité de développer l’entretien et la maintenance. Les autorités savent que sans maintenance préventive certains oléoducs, par exemple, vont rester en mauvais état, alors que l’exportation du pétrole soutient le système économique. La Libye a besoin aussi de pièces de rechange. Or, la NOC a fermé ses deux bureaux d’achat Medoil et Al Jawaly. Nous leur avons donc proposé de créer un bureau d’achat provisoire au siège du Gep AFTP à Courbevoie ou dans les locaux d’une de nos sociétés adhérentes.
Le Moci. La Libye est un vaste territoire. Est-ce que les autorités ont l’intention d’ouvrir de nouveaux champs d’exploration ?
Jean-Jacques Royant. Oui, les autorités parlent de lancer un appel d’offres – on ne sait pas très bien quand – pour relancer l’exploration dans des régions jusqu’à présent insuffisamment exploitées et dans de nouvelles zones sur terre et en mer. L’offshore, très peu développé jusqu’alors, peut être une solution pour aller au-delà du pic de production d’avant la guerre, d’environ 1,6, voire 1,7 million de barils par jour, mais il faudra sans doute que le gouvernement de Tripoli règle d’abord les questions de délimitation des périmètres et du partage du pétrole dans les eaux de la Méditerranée avec Malte et la Turquie. Il faudra donc aussi mener de nouvelles études d’exploration. La France dispose de savoir-faire pour ces nouvelles phases d’exploration, avec CGG Veritas et le Beicip, mais aussi dans d’autres spécialités pour mener les futurs développements dans le domaine des hydrocarbures.
Propos recueillis par F. P.
(*) Cluster Pétrole-gaz : un des onze groupes de travail constitués pour répondre à la demande de reconstruction de la Libye.