Initié en 2008 par l’ancien président Sarkozy et le président Nazarbaiev, le partenariat stratégique entre la France et le Kazakhstan n’a pas été remis en cause par le président François Hollande. Au contraire, le nouveau gouvernement français a repris le flambeau et prépare une visite présidentielle pour 2013.
C’est François Hollande qui a pris son téléphone le 17 septembre 2012 pour appeler son homologue kazakhstanais. Le geste a quelque chose de symbolique. Le chef de l’Etat français signifiait par cet appel que le partenariat stratégique initié par son prédécesseur, lors de sa visite à Astana le 6 octobre 2009, se poursuivra. « Il s’agissait de dire aux Kazakhstanais que l’on continue. Ils le savaient, mais c’était important de le dire », commente Jean-Charles Berthonnet, l’ambassadeur de France au Kazakhstan. Noursoultan Nazarbaïev l’a ainsi entendu, invitant le locataire de l’Elysée à Astana. Les deux présidents se sont ensuite vus à Paris le 21 novembre : une visite du président Hollande est confirmée pour le 1er semestre 2013. « C’est important. Les grands contrats au Kazakhstan ont besoin de feux verts politiques », rappelle Jean-Charles Berthonnet. Quatre ans seulement se sont écoulés depuis que l’ancien président Nicolas Sarkozy a érigé le Kazakhstan en partenaire stratégique de la France en Asie centrale. Une vingtaine de contrats et protocoles d’accord sont signés à l’époque. Une partie du CAC-40 est impliquée : Total, EADS, Alstom, GDF-Suez, Vinci (via Spie Capag), auxquels il faut ajouter Areva, Thalès ou Suez Environnement (Degrémont). De l’avis de tous, cette visite présidentielle a été extrêmement positive pour les échanges franco-kazakhstanais.
La liaison « stratégique » a même une manifestation institutionnelle avec l’existence d’un « Conseil franco-kazakhstanais des affaires » qui se réunit régulièrement depuis, à Paris ou à Astana. Mieux, les contrats de 2009 ont fait des petits, fournissant la base sur laquelle d’autres ont été conclus depuis. En effet, Alstom va produire des moteurs d’aiguillage et assurer pendant 25 ans la maintenance et la modernisation de 27 locomotives passagers. Côté EADS, Airbus Military a vendu début 2012 deux premiers avions militaires de transport C-295 tandis qu’Eurocopter signait une lettre d’intention pour l’achat de 20 hélicoptères EC 725. Dans le secteur pétrolier, Total vient de prendre une participation de 75 % dans deux concessions onshore. Dans le secteur minier, Areva et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) apportent leur expertise scientifique pour évaluer les réserves kazakhstanaises en terres rares. Autant de preuves du sérieux de ce partenariat franco-kazakhstanais (voir aussi pages précédentes). Comme nous l’expliquait l’an passé le représentant d’Astana au « Conseil franco-kazakhstanais des affaires », Aïdan Karibjanov, « ce qui compte, c’est le fait que la France apporte une technologie qui contribue à la diversification de notre économie. C’est notre priorité ». « C’est bien pour cela que nous sommes là, en nous inscrivant pleinement dans la stratégie de fond du Kazakhstan, à savoir le développement des industries non-extractives », renchérit Silvère Delaunay, directeur général d’EADS Kazakhstan, dont les contrats dans les domaines de l’espace, la sécurité civile ou la défense sont basés sur le transfert de technologie et de savoir-faire. Le fait qu’Ubifrance ait ouvert un bureau début 2012 dans le pays est très bon signe, notamment pour les PME françaises.
R. G.
Un cercle d’affaires très français
Créée en octobre 2010, « l’Association des Cercles Français d’Affaires au Kazakhstan » (ACFAK) se veut le « lien avec la communauté d’affaires de la France, les cercles francophones et francophiles d’une part et celle du Kazakhstan d’autre part. » Une trentaine de membres composent l’association. « L’essentiel de la communauté d’affaires française », affirme Jean-Michel Meunier, le président de l’ACFAK et représentant au Kazakhstan de la Société Générale. Deux réunions mensuelles sont l’occasion de rencontrer la nébuleuse française et francophile des affaires à Almaty et Astana. Depuis ses débuts, l’ACFAK organise une réunion mensuelle où le spécialiste d’une question intéressant les entrepreneurs ou un acteur de tel ou tel secteur fait une présentation. La rencontre est suivie d’un déjeuner où représentants locaux des entreprises du CAC40 ou des PME de l’Hexagone évoquent leur expérience et échangent des informations. Celle du mois de novembre a eu pour thème « l’Analyse du marché publicitaire du Kazakhstan et de la publicité extérieure ». Et puis, il y a quelques mois, les « Jeudis du Club Français » ont été créés. « Nous avons voulu une ambiance détendue et très française dans l’esprit. Les hommes d’affaires français et beaucoup de Kazakhstanais travaillant avec nos entreprises, ou ayant tout simplement des liens avec elles, se réunissent pour grignoter, boire un verre », explique Marc Bassot, le vice-président de l’ACFAK. Ce pionnier du Kazakhstan, avec bientôt vingt ans de présence dans le pays, souligne l’importance des rencontres informelles au Kazakhstan, en surfant sur la bonne image de la France en matière de gastronomie et d’art de vivre. L’association offre ses services également aux chambres de commerces, pour 500 euros par an. Pour tout renseignement, on peut consulter le site web (www.france.kz/). L’ACFAK est un réservoir de Français aguerris à l’environnement des affaires kazakhstanais. Une structure qui vient compléter la panoplie d’enceintes destinées à favoriser la présence de la France au Kazakhstan, qu’il s’agisse du « Conseil des affaires kazakhstano-français », des sept Conseillers du Commerce Extérieur ou du tout nouveau « Conseil économique » réuni autour de l’ambassadeur de France.
R. G.