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Japon 2015 : relations bilatérales, la France doit faire mieux

Malgré la culture qui séduit les Japonais, la France occupe une place modeste en matière d’export. Seizième fournisseur de l’archipel, elle est, néanmoins, son troisième investisseur étranger.

 

La France, première des autres ! L’Hexagone a toujours servi de patrie de refuge aux Japonais, où elle bénéficie dans leur cœur d’une sorte de « clause de la nation la plus favorisée » face aux écrasants États-Unis. « Quand un Japonais parle avec un Français, il commence toujours par évoquer une question culturelle. C’est quelque chose d’unique. Nous ne connaissons pas cela avec nos interlocuteurs allemands », observe un diplomate japonais.
Longtemps associée au luxe sous toutes ses formes dans l’esprit du grand public, qui y vit une oasis de culture à partir des années 50 lorsqu’il dut vivre dans l’ombre de l’Amérique, la France est surtout connue et appréciée au Japon pour son art de vivre et son attachement à la culture. Une image qui a fait merveille pour les marques de luxe et la gastronomie de l’Hexagone, toujours considérée comme une des premières du monde.

Les grandes entreprises françaises des autres secteurs de l’économie étaient bien présentes, mais le furent longtemps davantage en qualité d’observateurs que d’acteurs, en particulier dans les domaines industriels. La France a commencé à rattraper ce « déficit d’image » à partir du coup de tonnerre du rachat de Nissan par Renault en 1999, peut-être le seul accord entre constructeurs dans l’industrie automobile qui soit resté fidèle aux idéaux de leurs signataires. Dans la foulée de l’accord Renault-Nissan ont suivi une kyrielle d’équipementiers automobiles (Faurecia, Valeo…) mais aussi l’assureur AXA. Les implantations réussies de Saint-Gobain ou d’Air Liquide commencent à être connues, et Sanofi est devenu un important acteur local de la pharmacie. Arianespace assure toujours la mise en orbite de la plupart des satellites japonais. Même Airbus, non grata pendant des années en raison de la proéminence politique, militaire et civile de l’américain Boeing a fini par percer dans le ciel japonais.

Ceux qui ont réussi répètent toujours les mêmes mantras : l’attachement à la qualité et la nécessité de venir au Japon avec un produit innovant. Ceux qui escomptent vendre des choses déjà fabriquées par les Japonais eux-mêmes ne seront pas bien reçus. Gare aux groupes français qui espèrent réapprendre aux Japonais des pans entiers de leur économie. Les échecs retentissants de Carrefour ou Sephora en ont, par exemple, témoigné. Quelques « irritants » viennent tout de même pimenter la relation franco-japonaise : les normes sanitaires tatillonnes, voire protectionnistes, qui frappent les produits agroalimentaires français. Les libertés que prend le Japon avec les appellations d’origine contrôlée, penchant davantage pour un système de marques à l’américaine qui permet à ses industriels de produire du camembert à Hokkaido. La fermeture de marchés énormes (marché militaire, marché automobile) qui font sortir les diplomates de leurs gonds en privé. Entre autres. Mais le pays attire toujours davantage de Français. Des milliers de jeunes Français y vivent aujourd’hui leur première expérience professionnelle, ferments de nouvelles relations demain.

La France est aujourd’hui le 3e investisseur au Japon (derrière les États-Unis et les Pays-Bas), avec 9 % du stock d’IDE entrants. Le nombre d’implantations françaises au Japon s’est stabilisé autour de 400 entités (200 seulement en 1980) pour 59 000 emplois. La France est le 23e client du Japon et son 16e fournisseur, avec 8,6 milliards d’importations nipponnes en 2014, notamment dans la pharmacie, l’aéronautique et les boissons.

Regis Arnaud

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