Entre Paris et Rome, tout est simple. La France est le premier investisseur étranger en Italie. En revanche, son voisin européen dispose d’un excédent commercial bilatéral confortable, de l’ordre de 5,5 milliards d’euros.
Tous deux membres fondateurs de l’Union européenne, la France et l’Italie ne partagent pas seulement une frontière commune. Il y a une proximité intellectuelle et culturelle, qui se traduit autant dans l’art de vivre que dans le tourisme et les relations politiques et économiques. Ainsi, la France est-elle le premier investisseur international de l’autre côté des Alpes, avec un stock d’investissements directs étrangers (IDE) supérieur à 40 milliards d’euros, la présence de 1 500 filiales d’entreprises de l’Hexagone employant, au total, 280 000 personnes et générant un chiffre d’affaires global de 88 milliards d’euros par an, d’après le Service économique régional, basé à Rome.
L’Italie, en revanche, ne serait que le 7e investisseur dans l’Hexagone, avec 1 400 entreprises cumulant 100 000 emplois. Donc, avantage, pourrait-on dire, à la France. Toutefois, en ce qui concerne le commerce extérieur, c’est le contraire. La deuxième puissance industrielle d’Europe, derrière l’Allemagne, dame le pion à la France, qui a ainsi accusé l’an dernier avec ce partenaire un déficit global des échanges de biens de 5,42 milliards d’euros. « La moitié de l’évolution du solde sur dix ans est due au commerce automobile, l’Italie important des voitures de marque française, mais de moins en moins fabriquées dans l’Hexagone », commente Paul Hunsinger, ministre conseiller pour les Affaires économiques, chef du Service économique régional.
Malgré tout, l’automobile demeure le premier poste d’exportation vers l’Italie, avec un montant de 3,19 milliards d’euros sur un total de 30,82 milliards en 2014, devant les machines et les produits mécaniques, avec 2,27 milliards. L’Italie est ainsi le troisième client de la France, après l’Allemagne et devancée de peu en 2014 par la Belgique (+ 262 millions d’euros d’exportations françaises).
D’après les Douanes italiennes, pendant les onze premiers mois de 2014, la France était le deuxième fournisseur de l’Italie, avec plus de 28 milliards d’euros d’importations, derrière l’Allemagne. Sa part de marché (PDM), en augmentation depuis plusieurs années, s’élevant ainsi à 8,57 %, elle précédait la Chine, qui dépassait pour la première fois la barre des 7 %.
François Pargny
Chantiers navals, étiquetage : les deux grands dossiers franco-italiens
Entre le Premier ministre italien Matteo Renzi et son homologue français Manuel Valls, comme avec le président Hollande, la relation serait sans nuage. Et d’ailleurs, il n’existe pas de contentieux entre les deux pays, qui ont surtout abordé, en matière économique, l’avenir des chantiers navals de Saint-Nazaire, lors du dernier Sommet bilatéral, le 24 février à Paris. Bien que le carnet de commandes soit plein, le coréen STX, en difficulté, a annoncé son intention de vendre et la société Fincantieri (holding financière Fintecna, contrôlée par le ministère italien de l’Économie) serait un éventuel repreneur. De leur côté, Medef et Confindustria ont tenu une réunion du Comité franco-italien des entreprises (CFIE), dont on retiendra surtout la volonté de travailler sur « la problématique du Made in ». Côté français, la déléguée générale de l’Union des industries textiles (UIT), Emmanuelle Butaud Stubbs, anime un groupe de travail. France et Italie, à l’inverse de l’Europe du Nord, partagent le désir de la Commission européenne d’imposer l’étiquetage obligatoire des produits.