Malgré les fluctuations conjoncturelles – fin de la bulle vinicole, recul des produits de luxe –, les échanges commerciaux de la France avec cette plaque tournante que représente la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong pour les produits à destination de la République populaire de Chine restent forts. Ils sont confortés par des investissements directs importants.
Après une année 2012 flamboyante et une progression de 33 % des importations françaises à Hong Kong, les flux ont chuté de 10 % au premier semestre 2013. En fait, cette contraction est directement liée à la non-livraison d’avions sur cette période de l’année, mais il traduit aussi le ralentissement général, puisque les trois quarts des exportations françaises à Hong Kong sont en fait réexportées dans la région, et en particulier en Chine. La campagne contre les dépenses somptuaires lancée par le nouveau président chinois semble affecter assez fortement les secteurs du luxe dans la Province spéciale, plaque tournante de ce commerce avec la République populaire de Chine. Les importations de maroquinerie (principalement sacs à main) ont baissé de 7 % et les importations de montres de 27 % (voir aussi l’évolution du top 10 des produits français importés à Hong Kong (page suivante).
Le vin est toujours dans la phase post-bulle spéculative qui a éclaté en 2011 et si les volumes se sont maintenus, les exportations ont baissé de 10 % en valeur. « La contraction de 10 % au premier semestre 2013 doit être mise en perspective des quatre dernières années de forte croissance, +150 % entre 2009 et 2012 » indique Stéphane Cieniewski Chef du service économique à Hong Kong. L’excédent bilatéral, qui pourrait être de l’ordre de 6 milliards d’euros pour l’année reste néanmoins le 2e plus fort excédent du commerce extérieur français, juste derrière le Royaume Uni. Côté investissements, l’intérêt que portent les entreprises françaises pour la RAS ne se dément pas. Selon une enquête de InvestHK, établissement public de promotion de Hong Kong auprès des investisseurs étrangers, publiée en octobre 2012, la France, avec 299 entreprises locales, dont 62 sièges régionaux, serait le 8e pays le plus présent dans le tissu économique de Hong Kong. Elle est devancée par les États-Unis (1 388), le Japon (1 218), la RDPC (853), le Royaume-Uni (565), Taïwan (450), l’Allemagne (332) et Singapour (327). Mais si on y ajoute les entreprises créées localement par des Français, le service économique du Consulat estime que l’on arrive à 750 entreprises, générant un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards d’euros et employant 33 000 personnes. Pour ce qui est des entreprises indépendantes créés localement par des Français, il s’agit tant d’import-export, que de conseil, de restauration, de sourcing, de contrôle qualité, de communication, de services informatiques, de vente en ligne, de formation, ou encore d’événementiel. Un véritable micro-système !
Les grandes entreprises françaises sont quant à elles présentes dans les grands secteurs piliers de l’économie hongkongaise : finance, transports et développement urbain, services et commerce, du luxe notamment. Dans le secteur financier, les trois grandes banques françaises, Société Générale, Crédit Lyonnais (Crédit Agricole), BNP Paribas ont toutes leur siège régional à Hong Kong, où elles exercent aussi une importante activité locale. Suez et Véolia sont là dans les transports (Tram) et dans le marché de la propreté. Dans la construction et l’ingénierie, Bouygues et Vinci ont une présence historique à Hong Kong par le biais de leur filiale Dragages et Bachy Soletanche. Schneider a pour sa part installé son patron et une partie de la direction du groupe à Hong Kong par souci de proximité avec son principal marché de croissance. Les grands noms du luxe, LVMH, PPR, Richemont, ainsi que les marques indépendantes (Chanel) sont tous présents. Les architectes français sont en revanche assez absents du paysage hongkongais, la principale exception récente étant la réalisation en 2011 de l’institut de design et de technologie par le cabinet Coldefy.
Quant au chiffre de Français enregistrés chaque mois au Consulat de France, il a un peu ralenti après une croissance de 10 % par an pendant quelques années, jusqu’en 2012. La communauté française est estimée à 16 000 personnes, ce qui en fait la première d’Asie, ex-aequo avec Shanghai.
F.d.C.
Un territoire qui attire les IDE du monde entier, incluant la Chine
Les investissements directs étrangers (IDE) ont connu une chute dans le monde en 2012, lié au ralentissement économique global, et Hong Kong n’a pas échappé à la tendance : 75 milliards en 2012, contre 96 milliards en 2013, selon le dernier rapport de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) daté juin 2013. Mais la situation a commencé à se redresser dès la fin de 2012. Dans ce contexte, Hong Kong est passé au 3e rang mondial des pays récipiendaires d’IDE en 2012, soit une place gagnée sur le classement 2011. Hong Kong continue d’attirer les multinationales – et de grands groupes chinois – qui choisissent d’y établir soit une direction locale, soit leur siège régional. Ce qui en fait un carrefour intéressant.
F.d.C.
Repère
En 2012 la France s’est située au 14e rang des pays fournisseurs de la Région administrative spéciale chinoise avec 5,7 milliards d’euros et une part de marché de 1,33 % dans les importations de Hong Kong, selon les statistiques d’importations officielles de Hong Kong compilées par la base de données GTA-GTIS. L’Hexagone se hissait au 2e rang des fournisseurs européens du territoire (derrière le Royaume Uni mais devant l’Allemagne et l’Italie).
Vu du côté français, Hong Kong est la 15e destination des exportations françaises. La tendance sur les 8 premiers mois de 2013 est à un fort ralentissement des échanges, liés à l’absence de grandes livraisons aéronautiques, mais aussi à des chutes de livraisons dans les produits de luxe et le vin. Les exportations françaises étaient en baisse de 9,53 % sur les 7 premiers mois de l’année 2013 (par rapport à la même période de 2012) et la part de marché française dans les importations de la RAS s’établissait à 1,25 % à fin août (statistiques hongkongaises).
C. G.