« Hong Kong augmente ses importations de produits français pour satisfaire la demande du marché chinois »
Le Moci. Quels sont les produits français qui marchent à Hong Kong ?
Marc Allard. Très clairement, les biens de consommation de moyen et haut de gamme dont sont friands les Hongkongais, mais aussi les Chinois. Tous les ans, entre 65 % et 70 % des exportations françaises sont ensuite réexportés vers d’autres pays de la région, à commencer par la Chine où la consommation est en forte croissance.
Le vin, dont la France détient 60 % de parts de marché, tire également les exportations hexagonales. Là encore, une grande partie est réexportée. Ce profil explique que la France soit le pays européen qui se sert le plus de Hong Kong comme une plateforme de redistribution vers la Chine et les autres pays de la région.
Par ailleurs, si de grands noms du luxe sont présents, les distributeurs hongkongais recherchent des marques de mode. Ils sont très intéressés par les marques françaises qui véhiculent une image d’authenticité, pour les distribuer à Hong Kong et sur le continent. C’est ce qui s’est passé avec les chaussures Kickers qui marchent très bien en Chine. Beaucoup d’entreprises veulent aller directement en Chine continentale, mais il est beaucoup plus facile de passer par Hong Kong et de demander à son distributeur de s’occuper du marché chinois. Les agents locaux sont sur place, ils sont les premiers spécialistes de leurs marchés et ont en général de très bons carnets d’adresses.
Le Moci. La balance commerciale de Hong Kong vis-à-vis de la France est déficitaire. Comment l’expliquez-vous ?
Marc Allard. En effet, c’est une nouveauté ! Les exportations hongkongaises vers la France, réexportations comprises, ont atteint 5,078 milliards de dollars US en 2011 et les importations de produits français 5,353 milliards. Le déficit commercial s’est donc élevé à 275 millions de dollars. Hong Kong augmente ses importations de produits français pour satisfaire la demande du marché chinois et la France a ralenti ses importations. Nous consommons moins, et donc nous importons moins de biens de consommations produits en Chine, en raison de la récession économique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Quant aux exportations de produits made in Hong Kong, qui ne produit pas grand-chose, elles sont infinitésimales : moins de 2 % du total. Il s’agit de prototypes ou de teintures de produits textiles.
Le Moci. Il est beaucoup question des relations politiques entre la Chine continentale et Hong Kong. Ont-elles des répercussions dans le monde des affaires ?
Marc Allard.Non, car il s’agit de discussions au niveau central et les hommes d’affaires traitent avec les régions. Le vrai malaise en ce moment c’est l’augmentation du coût du travail en Chine continentale, en particulier pour les PME qui ont plus de mal à s’adapter à cette nouvelle donne.
Un salaire mensuel dans les grandes villes côtières s’élève à 200 euros par mois, contre 260 au Maroc. Est-ce que le jeu en vaut encore la chandelle quand on sait que les coûts logistiques ont explosé ces derniers 18 mois ? Les centrales d’achats privilégient de plus en plus les pays proches de l’Europe de l’Ouest comme le Maghreb ou l’Europe de l’Est, ainsi que d’autres pays asiatiques comme le Bangladesh, le Pakistan, le Myanmar ou le Vietnam. Mais il manque des infrastructures à ces pays et on ne peut pas oublier du jour au lendemain les capacités de production de la Chine et ses savoir-faire.
Propos recueillis par Sophie Creusillet