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Les PME françaises qui ont osé Hong Kong

Dans trois domaines différents (l’informatique, le vin et la réalité augmentée) trois PME françaises ont choisi Hong Kong comme base d’implantation pour se développer en Chine continentale et en Asie. Avec succès. Voici leur parcours.

CDN Tech facilite l’accès au web chinois

Absorbé en 2010 par Euro Asian Equities (EAE), une société française d’infogérance présente en Chine depuis 2006, CDN Tech, spécialisé dans l’accélération de contenus, a ouvert en mai 2012 une filiale dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong. Pour des raisons… techniques.

Taux d’équipement et de connexions en hausse vertigineuse, essor du e-commerce et des sites BtoB, le web chinois et son potentiel de développement aiguisent les appétits. Il semble pourtant plus aisé d’être en dehors de la Chine continentale pour en profiter. En cause, le fameux pare-feu chinois qui, en plus de restreindre l’accès aux zones de libre expression que sont les blogs et les réseaux sociaux, pose d’importants problèmes techniques. « Les informations sont filtrées voir bloquées ce qui, d’une part, ralentit la navigation et, d’autre part, peut paralyser des sites qui ne sont pas en cause mais qui partagent les mêmes serveurs que des sites frappés de censure », explique Loïc Hennocq directeur général d’Ecritel Chine, une société intégrée en 2007 à EAE et en charge du développement de CDN Tech en Asie. C’est donc pour contourner ces impératifs techniques que CDN Tech a ouvert sa filiale à Hong Kong, où la toile est libre. Le métier de cette entreprise est justement d’accélérer la mise à disposition des contenus web en proposant à ses clients, de grandes sociétés internationales visant le marché chinois, une solution de Content Delivery Network (CDN). Concrètement, CDN Tech propose un bouquet d’opérateurs, l’un prenant le relais de l’autre en cas de ralentissement ou de blocage. Un système impossible à mettre en place en Chine où la mutualisation des serveurs et donc la mutualisation de la censure peuvent paralyser un site du jour au lendemain.

Si la RAS fait figure de havre de paix numérique, « il est important d’être présent en Chine continentale et à Hong Kong », souligne Loïc Hennocq. Car si le fameux « one country two systems » permet aux entreprises de trouver à Hong Kong des parades aux complications administratives et réglementaires chinoises, ce ne sont pas les sept millions d’habitants de l’île qui font tourner la boutique, mais bien le vaste marché chinois. Cependant, avoir un pied dans les deux systèmes requiert une grande souplesse. « Si vous avez un compte à la HSBC de Hong Kong, mais que vous perdez votre carte bleue en Chine continentale, la HSBC de Chine ne pourra rien pour vous et ce qui vaut pour les particuliers vaut également pour les entreprises », prévient Loïc Hennocq.

Reste que ce dernier est resté vivre à Shanghai, son port d’attache : « Ca ne pose pas de problème car aller à Hong Kong depuis Shanghai est très simple », remarque-t-il. Avant d’ajouter : « Mais il faut aller régulièrement à Hong Kong, pour le développement commercial d’une entreprise, c’est là que tout se passe ».

S. C.

L’école du vin colle à une soif de sophistication

Les Hongkongais découvrent avec frénésie les plaisirs du vin. Ventes aux enchères, dégustations, bars à vin, distributeurs… C’est sur un marché désormais saturé que l’Ecole du vin est en train de se faire une place. Grâce à un maître mot : la pédagogie.

« Le marché du vin est sophistiqué et le Hongkongais n’est pas un gogo, prévient Olivier Thiénot, le fondateur de l’Ecole du vin. Il veut se former, acquérir une culture et maîtriser les codes ». Avec l’abolition des taxes à l’importation en 2008, le territoire, qui n’a aucune tradition viticole, s’est découvert une passion pour les bons vins.

« Les écoles anglo-saxonnes, très présentes, sont beaucoup plus techniques que nous dans leur approche et la caution française est évidemment importante dans ce secteur », résume ce passionné de vin qui a lancé ses premiers cours (en français, anglais et chinois) il y a un an. « Nous avons misé sur la pédagogie : lors des formations tous les vins sont proposés, y compris les rosés, dans l’idée de tout découvrir. Les clients acceptent de faire l’effort et nous plaçons toujours deux trois bouteilles iconiques pour les récompenser ». Hébergée à la French Chamber of Commerce and Industry in Hong Kong (FCCIHK), l’Ecole du vin a choisi une structure la plus légère possible pour s’installer à Hong Kong. Pas d’importateur, peu de stock et pas d’école physique, mais des formateurs aux profils affûtés : une Hongkongaise pure souche et une Française totalement bilingue anglais-français. « Cette organisation nous permet de faire du relationnel, ce qui est primordial à Hong Kong comme en Chine continentale. Je vis à Paris mais je ne fais pas d’économie sur mes déplacements. Nous publions un article par mois dans une revue spécialisée et nous participons à des testings régulièrement », souligne Olivier Thiénot.

Bien sûr, l’Ecole du vin souhaite partir à la conquête du marché chinois. Mais échaudé par une mauvaise aventure à Shanghai, le P-dg, toujours soucieux de ne pas faire de dépenses inutiles, a trouvé une parade : « Hong Kong nous aura servi de laboratoire en nous permettant d’adapter nos formations au public local qui compose 60 % de notre clientèle. Nous allons maintenant développer des programmes destinés aux Cantonnais en visite à Hong Kong ». Selon Olivier Thiénot, « réussir à Hong Kong est un gage de sérieux pour les Chinois ». Ce qui n’empêche pas ce pédagogue du vin de tabler aussi sur les réseaux français : « 10 % de ma clientèle fait partie de l’alliance française et il ne faut pas oublier que Hong Kong compte la troisième communauté française dans le monde ».

S. C.

Total Immersion rayonne dans toute l’Asie

La PME française des TIC Total Immersion, leader mondial de la réalité augmentée, a pris pied il y a deux ans et demi à Hong Kong. Objectif : rayonner dans toute l’Asie, où elle réalise désormais 30 % de son chiffre d’affaires.
Chine continentale, Corée, Japon, Taïwan… Philippe de Passorio, directeur régional de Total Immersion pour l’Asie et le Pacifique, sillonne l’Asie en quête de nouveaux partenaires et clients. Cette PME française basée à Suresnes, en région parisienne, était au départ spécialisée dans la conception de simulateurs pour l’automobile et l’armement. « Nous sommes les premiers à avoir sorti cette technologie du laboratoire », affirme M. de Passorio. En l’occurrence celui de l’école polytechnique de Lausanne, en Suisse. Les applications sont multiples : essayage de lunettes depuis chez soi sur les sites d’Atol ou de Smart Buy (un e-commerçant chinois), jeux vidéo pour des opérateurs téléphoniques chinois ou japonais, opérations marketings (comme le lancement des figurines des personnages d’Avatar), l’aéronautique (essais virtuels de l’A380). « Il y a deux ans, pour faire une démonstration de notre technologie, il fallait transporter deux tours de PC et beaucoup de câbles, maintenant un portable ou un smartphone suffisent ! ». Philippe de Passorio voyage donc léger. Et beaucoup !

Lorsque l’entreprise, créée en 1999, décide de s’installer en Asie, les destinations se bousculent au portillon. Les très technophiles Corée et Japon ? Directement en Chine continentale ? Et Singapour ? C’est finalement un choix de raison auquel procède la PME : « Nous avons prospecté à Hong Kong sur le conseil de nos investisseurs, explique le directeur régional. Sa situation est centrale, nous sommes à deux heures d’avion de Shanghai, trois de Pékin et quatre de Tokyo. Il n’y pas de taxes et il y a un certain prestige à être installé à Hong Kong ». Un prestige qui a un coût : des loyers stratosphériques. Pour alléger la facture, Total Immersion a d’abord songé à poser ses valises dans les locaux du Cyberport, le gigantesque incubateur hongkongais. « Finalement, c’était trop loin du centre, de ses bars et ses restaurants, où l’on peut sortir avec nos clients », souligne Philippe de Passorio. Car à Hong Kong, quand on ne travaille pas, on réseaute. Et la ville regorge d’établissements de standing, de clubs sportifs où les communautés d’affaires se réunissent. Mais comment se loger en plein centre sans dilapider son budget ? La solution a été d’être hébergé à la French Chamber of Commerce and Industry in Hong Kong (FCCIHK), où la PME loue un bureau à un tarif défiant toute concurrence (l’équivalent de 250 euros par mois). Si la vision de Total Immersion est essentiellement régionale et mise sur des marchés matures comme le Japon ou la Corée, elle n’en oublie pas moins que le potentiel de développement des TIC en Chine continentale est immense. Et que le pays fournit une main d’œuvre bon marché. Même si l’essentiel de la R & D est resté en France, Total Immersion dispose à Shanghai d’une équipe offshore de 46 développeurs créant des produits destinés à l’Asie.

S. C.

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