L’ancienne colonie britannique, qui célèbre cette année le quinzième anniversaire de son rattachement à la République populaire de Chine, est « le » tremplin pour partir à la conquête du marché chinois, grâce
au fameux « one country, two systems ». Ce territoire offre aussi de plus en plus d’opportunités aux PME dans des secteurs comme le luxe, l’agroalimentaire, le vin, les TIC ou la logistique. Revue de détail.
Mais que font-ils tous à Hong Kong ? La langue de Molière résonne dans les boutiques, les bureaux et les restaurants… Au 31 décembre 2011, le registre du consulat de France comptait 10 334 inscrits, constituant la troisième communauté française dans le monde. Sur ce rocher de 7 millions d’habitants situé en face de la Chine continentale, quelque 700 sociétés françaises implantées localement ou créées sur place par des Français emploient 30 000 locaux et génèrent un revenu annuel de 7 milliards d’euros, selon le consulat. De fait, le HKTDC (Hong Kong Trade Development Council), la FCCIHK (French Chamber of Commerce and Industry in Hong Kong, la Chambre de commerce et d’industrie française) ou le bureau Ubifrance croulent sous les demandes de jeunes, diplômés ou non, peinant à trouver un travail en France et désireux de tenter l’aventure asiatique. Ce confetti aux portes de la Chine fait mentir les préjugés sur les « Frenchies ». Si les exportations hexagonales font pâle figure comparées à celles des concurrents européens (voir page 20), la présence d’une communauté dynamique et solidaire permet de trouver sur place une multitude de relais institutionnels et privés. « Il y a à Hong Kong un enthousiasme, un dynamisme qu’on ne retrouve pas en France, il est facile et sûr de s’y installer, les relations avec les administrations sont fluides, la fiscalité est attractive et on y travaille en anglais », résume Didier Balme, président de l’association France-Hong Kong et ancien directeur Asie de BNP Paribas. Si Hong Kong est redevenue chinoise en 1997, elle n’en bénéficie pas moins du statut de « Région administrative spéciale (RAS) » dont elle est la seule à bénéficier avec Macao. C’est le fameux « one country, two systems ». À Hong Kong, l’environnement des affaires très libéral contraste violemment avec celui du géant voisin.
Le système judiciaire, calqué sur la « common law » britannique, est fiable, l’administration est plus un allié qu’un ennemi, les lobbies sont très présents, la presse et Internet sont libres, les cabinets juridiques spécialisés sur les questions de propriété intellectuelle pullulent. « À Hong Kong on ne plaisante pas avec la corruption. Je me souviens d’un homme d’affaires britannique ayant fait de la prison pour avoir voulu soudoyer le Jockey Club. Il voulait faire inscrire une de ses relations et pensait accélérer son dossier », raconte un homme d’affaires français installé depuis une quinzaine d’années. Car Hong Kong, dont on dit qu’elle est un tremplin vers la Chine, est également un laboratoire économique et financier pour la République populaire.
La RAS bat en effet sa propre monnaie, le dollar de Hong Kong (HKD), et l’on peut choisir entre la devise locale et le yuan au distributeur automatique. Surtout, elle est la seule et unique plateforme offshore d’internationalisation du yuan dans le monde. Ce qui permet à des milliers d’entreprises de travailler directement en yuans avec des fournisseurs ou partenaires chinois et d’investir sur le continent depuis Hong Kong. « Sur 100 dollars investis en Chine, 60 passent par Hong Kong, résume Paul Young qui dirige la filiale de BNP Paribas. Les échanges commerciaux entre les deux entités sont réglés depuis 2004 par l’accord CEPA (Closer Economic Partnership), prévoyant le désarmement tarifaire de 3 000 services et produits. Plus récemment, la création d’une zone spéciale à Shenzhen destinée à améliorer la coopération avec Hong Kong souligne encore un peu plus l’imbrication de l’ancienne colonie britannique et du géant chinois.
Cet environnement géographique, politique et commercial favorable permet aux grandes entreprises françaises du luxe, de la distribution, de la finance ou du sourcing de gérer leurs opérations en Chine à partir d’une base sûre. Mais les savoir-faire français de petites PME dans des secteurs aussi variés que les TIC, la restauration ou l’artisanat ont également la cote. « Les Français sont persuadés que Hong Kong est un endroit pour les grosses sociétés alors qu’il est aussi un marché de niches. Il y a une demande des consommateurs et de notre côté nous souhaitons en attirer plus, car leur petite taille les oblige à externaliser certaines opérations, ce qui crée des emplois locaux. Ceci étant, les PME l’ont bien compris et depuis trois ou quatre ans nous voyons de plus en plus de petites sociétés venir nous voir », confirme Simon Galpin, de l’agence Invest Hong Kong.
Sophie Creusillet
Chiffres clés
Taux de croissance du PIB en 2011* : 5,4 %
Estimation pour 2012 **: 4,2 %
Revenu national brut par habitant * : 32 900 dollars US
Classement à l’indice de perception de la corruption de Transparency International (2011) : 12e sur 183 pays (la France est 25e)
Doing Business * : 2e sur 183 pays derrière Singapour (la France est 29e)
Sources : * FMI ** Banque mondiale