Comme tous les pays qui se développent, le Ghana accueille une distribution moderne, ce qui ouvre de nombreuses opportunités dans les biens de consommation, comme l’alimentation et la parfumerie. Un autre secteur en pleine effervescence, la santé, avec la construction d’une série de projets en cours et à venir.
Biens de consommation
Privilégier le luxe intermédiaire
Le Ghana est un marché spécifique, très différent de son voisin francophone, la Côte d’Ivoire. « On y boit peu, on y mange pour se nourrir », y dit-on couramment. Bref, dans cette colonie britannique, on est moins attaché aux plaisirs de la table, ce qui pourrait rebuter gastronomes et opérateurs du luxe français. « En fait, les Ghanéens aiment le luxe intermédiaire », entonnent en chœur Frédérique Dumont Bonnet, directrice exécutive de la Chambre de commerce et d’industrie France Ghana, et Gwénolé Jan, conseiller économique et commercial à Accra. De façon concrète, le consommateur recherche des produits « de bonne qualité à un prix accessible », précise la dirigeante de CCI France Ghana.
Au cours de ces dernières années, plusieurs centres commerciaux se sont ouverts, comme l’Accra Mall, avec ses supermarchés Shoprite et Game, ou l’A&C Mall. À Accra notamment, la distribution alimentaire est entre les mains essentiellement de Libanais chiites, et non pas chrétiens comme en Afrique de l’Ouest. Exception notable, le Marina Mall a été créé par Fadi, Georges et Fares Restom, représentants d’une famille chrétienne libanaise, essaimant en Afrique à partir du Burkina Faso. Au départ, il n’y avait que des biens d’origine sud-africaine, des entrées de gamme en provenance du Royaume-Uni ou encore des produits turcs, mais aujourd’hui de l’épicerie fine ou du vin français y sont aussi vendus. « Dans le supermarché, la part des vins français est passée de 5 à 15 % », notre Frédérique Dumont Bonnet. La mode et la parfumerie-cosmétique se développent aussi. Comme Moët Hennessy et Pernod Ricard, L’Oréal a installé son bureau régional à Accra. La parfumerie serait plus accessible que les sacs ou la mode, ce qui expliquerait en partie le succès de Zino Boutique, un distributeur d’origine ivoirienne proposant les grandes marques internationales comme Dior, Chanel ou Kenzo.
Dans un environnement qui semble a priori peu propice au grand luxe, des initiatives sont pourtant poursuivies dans ce sens. Preuve en est l’ouverture en décembre 2015 pour 150 millions d’euros d’un hôtel de grand luxe, le Kempinski, à proximité d’un autre établissement de luxe, le Movenpick, situé au cœur de la capitale. « Le Kempinski est au centre d’un vaste projet immobilier, le Gold Coast City », explique Gwénolé Jan. Le complexe doit accueillir sur 14 hectares des résidences, des commerces, un centre d’expositions, des bureaux et des bâtiments administratifs. Chronologiquement, l’établissement doit d’abord accueillir un immeuble de boutiques haut de gamme, puis être enrichi avec des appartements pour les expatriés.
Santé
Des projets d’hôpitaux dans tout le pays
En 2011, certains journaux ghanéens titraient sur « le vide sanitaire ». Depuis, le gouvernement a réagi et de nombreux projets hospitaliers ou des rénovations sont en cours. À l’heure actuelle, neuf établissements militaires sont ainsi en construction, la restructuration d’un hôpital de police est également en voie d’achèvement et un autre hôpital est prévu près de l’aéroport international.
Le 1er avril dernier, le président John Dramani Mahama a inauguré le premier des six hôpitaux de district, dont la construction est inscrite dans un document-cadre spécifique. Situé à Dodowa dans le district de Shai Osudoku, il s’agit d’un établissement ultramoderne de 120 lits. À cette occasion, le chef de l’État a annoncé la livraison des deux suivants à Formena and Kumawu en octobre et deux autres encore à Abetifi et Garu Tempani pendant le premier trimestre 2017.
Tous ces projets et réalisations offrent des opportunités à des spécialistes reconnus, comme la PME française Novair, qui a décroché toute une série de contrats de fourniture de gaz comprimé, d’azote ou d’oxygène, représentant un tiers de son chiffre d’affaires global, auprès de la société Euroget. Cette entreprise égyptienne s’est engagée auprès des ministères de la Santé et de la Défense à concevoir, réaliser et équiper neuf hôpitaux d’une capacité totale de 1 310 lits : un hôpital militaire à Kumasi, deux hôpitaux régionaux à Wa et Kumasi et six hôpitaux de district à Salaga, Nsawkaw, Tepa, Konongo, Twifo-Praso et Madina-Accra. Coût total : 686 millions de dollars.
Quant à l’hôpital Ridge à Accra, appelé à devenir un pôle de santé régional de cinq niveaux, avec « un nouveau bâtiment de 420 lits, plusieurs blocs opératoires et une maternité », expliquait l’opérateur retenu, le français Bouygues, lors de l’obtention du contrat clé en mains en 2014, son montant s’élève à 220 millions de dollars. Le nouveau Ridge doit être achevé en 2017, mais il y a fort à parier qu’il sera inauguré avant les élections générales de novembre prochain. Pour Bouygues, ce projet d’extension est important, « car il s’agira du premier hôpital construit en Afrique avec une éco conception », souligne Gwénolé Jan, conseiller économique et commercial à Accra. L’énergie solaire, par exemple, sera utilisée pour générer l’électricité nécessaire.
François Pargny