À part quelques grandes sociétés, comme Bolloré, Société Générale, Total ou Air Liquide, la présence tricolore au Ghana est encore timide. Surtout en matière d’exportation de biens. Toutefois, 2015 a été une année positive.
Bien que la France demeure un partenaire commercial modeste du Ghana, la tendance est plutôt favorable, puisque ses exportations ont bondi de 136 % à 468,5 millions d’euros l’an dernier, d’après les Douanes françaises. Réservoir traditionnel des livraisons tricolores avec la pharmacie et l’ensemble des produits agricoles et agroalimentaires, les machines-chaudières-appareils et engins mécaniques (malgré une augmentation sensible de 61,46 %) ont été relégués en quatrième place, derrière trois secteurs dont les ventes ont explosé : pétrole raffiné (+ 2 164 %), ouvrages divers en métaux communs (+ 5 102 %) et ouvrages en fonte, fer ou acier (+ 5 129 %). Il faudra donc espérer consolider dans ces trois domaines.
Reste que normalement, l’Hexagone réalise « 70 % de ses exportations avec les produits pétroliers raffinés, les spécialités pharmaceutiques et l’agroalimentaire » et que le gâteau peut s’accroître en investissant dans d’autres activités qui présentent « des marges de développement non négligeables, notamment dans les services liés à la gestion déléguée (distribution de l’eau, traitement des déchets, transport urbain, services de santé…), les biens de consommation de luxe intermédiaire, l’agroalimentaire et le tourisme », expose Gwénolé Jan, conseiller économique et commercial à Accra.
En matière d’investissement direct étranger (IDE), selon la Banque de France, les flux en provenance de l’Hexagone étaient supérieurs à 107 millions de dollars en 2014, et le stock s’établissait ainsi à 861 millions. Quelques opérations majeures peuvent être citées. Ainsi, Meridian Port Services (MPS), société commune de Bolloré, Maersk et GPAH (l’Autorité portuaire du Ghana), va injecter 1,5 milliard de dollars dans l’extension du port de Tema (200 hectares gagnés sur la mer pour quasiment quadrupler le transit de conteneurs équivalents vingt pieds à 3,5 millions d’EVP) et les deux compagnies internationales y ajouteront 300 millions pour élargir la route entre Tema et Accra (transformation de la 4 voies en 6 voies).
Autre présence remarquable, celle de Danone, qui a racheté 51 % de Fan Milk, société internationale créée à l’origine au Ghana. Ce fabricant et distributeur de produits laitiers ou jus de fruits y est particulièrement bien implanté, grâce à son système de vente de porte à porte auprès des petites échoppes pour une consommation immédiate. À noter encore l’usine de la PME Touton qui produit et exporte aujourd’hui 30 000 tonnes de cacao ou les 20 000 hectares de plantation d’hévéa de Ghana Rubber Estate Limited (Grel), filiale de la SIPH détenue à hauteur de 24 % par Michelin. Plusieurs grands noms ont, au demeurant, choisi le Ghana pour installer leur bureau régional, à l’instar de Moët Hennessy, Pernod Ricard et L’Oréal, qui a quitté le Nigeria pour Accra. Sans compter, parmi la quarantaine de filiales tricolores, les investissements de capacité ou de modernisation réalisés ces dernières années par Golden Exotics, filiale de la Compagnie fruitière, Air Liquide, Total et Société Générale (nouveau siège).
François Pargny