Guide business Egypte 2016 : la France fait une percée remarquée

La relation bilatérale est bonne, ce qui s’est traduit par de grands contrats dans le domaine de la défense en 2015. Connue des grandes entreprises françaises, l’Égypte peine à attirer les PME hexagonales. Business France multiplie les opérations pour y remédier.

L’année 2015 sera difficile à battre sur le plan des échanges commerciaux entre la France et l’Égypte. En février, l’Égypte achetait 24 Rafale au GIE Rafale (Dassault, Thalès, Safran), un lot de missiles à MBDA et une frégate multimissions à DCNS pour 5,2 milliards d’euros. En octobre, elle rachetait les deux porte-hélicoptères Mistral qui devaient être livrés à la Russie, pour environ 950 millions d’euros.

C’est le signe évident que la relation politique est au beau fixe. Le président Hollande était l’invité d’honneur à l’inauguration de l’extension du canal de Suez le 6 août. En octobre, c’est le premier ministre Manuel Valls qui faisait escale au Caire, lors d’une tournée au Moyen-Orient. Et François Hollande doit à nouveau se rendre dans le pays en avril.

Logiquement, les exportations françaises vers l’Égypte ont atteint 2,1 milliards d’euros en 2015, en forte hausse. Les importations se situent-elles à 473 millions d’euros. Il y a donc un excédent commercial significatif. Le pays est une terre traditionnelle de grands contrats. En 2014, le stock d’investissement de la France se situait à 3,2 milliards d’euros. Elle est notamment très présente dans le métro depuis le début de sa construction, dans les années 1980, et assure aujourd’hui l’essentiel de la construction de la ligne 3.

En revanche, les PME implantées dans le pays sont rares, surtout si on compare aux chiffres de leurs homologues allemandes ou italiennes. Depuis un an environ, tout comme les grandes entreprises, elles recommencent néanmoins à s’intéresser au pays. « C’est certainement la conférence de Charm el Cheikh, puis l’inauguration de l’extension du canal de Suez, qui ont provoqué ce regain d’intérêt », juge Nadine Barbier, fondatrice de Naos Marketing, basé en Égypte.

Cette Française a anticipé l’arrivée d’entreprises françaises en créant 155 Factory au Caire. Cette structure offre des locaux et du soutien administratif et technique aux entreprises qui s’implantent dans le pays. « L’idée nous est venue il y a huit mois. Les premiers qui s’intéressaient à nouveau au pays nous demandaient des conseils. Je me suis souvenue que ce n’était pas simple de s’implanter, surtout avec les problèmes administratifs », explique Nadine Barbier. « Il faut connaître les bonnes personnes, les bons chemins », abonde Karen Weick, dirigeante de l’entreprise de marketing et communications Mortimer Harvey Africa Middle East, basée au Caire.

« Les demandes de PME françaises sur l’Égypte ont été multipliées par 5 ou 6 en 2014-2015, par rapport à l’année précédente, indique Ludovic Prévost, directeur de Business France en Égypte. Et l’année 2016 est bien engagée. » En conséquence de ce regain d’intérêt, Ludovic Prévost a été nommé en Égypte en septembre dernier, alors que Business France était dirigé le siège régional à Dubai.

Business France a d’abord dirigé ses efforts vers l’agroalimentaire, où la France est déjà bien implantée. Les exportateurs français sont dans le trio des plus gros fournisseurs de céréales de l’Égypte, premier importateur mondial de blé. En outre, les entreprises Bel, Lactalis, Danone et Bongrain sont largement présentes sur les étals. Une délégation d’entreprises françaises a visité le pays en novembre dernier, et deux autres visites seront organisées dans les mois qui viennent. Les services de Business France organiseront aussi, en mars, la venue d’entreprises françaises pour leur faire connaître les bailleurs de fonds actifs dans le pays.

Les entreprises françaises bénéficient en outre de l’excellente relation bilatérale. Pour Ludovic Prévost, « cela rejaillit en termes d’images, les Français sont appréciés. Et le fait qu’aucune entreprise n’ait quitté l’Égypte à cause des événements de la révolution est apprécié par le monde des affaires ».

Rémy Pigaglio