Des mines et des hydrocarbures à l’agriculture et aux TIC, en passant par l’éducation et la santé, les opportunités du marché ivoirien sont multiples. Revue de détail.
Agriculture : les objectifs de diversification et de modernisation
Le succès de la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture. Et les résultats sont là. Par exemple dans le café, de 80 000 tonnes en 2011, la production pourrait passer de 200 000 à 300 000 tonnes de grains de qualité dans les prochaines années. Quant au cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, sa production est en constante augmentation et s’élevait à 1,3 million de tonnes l’an dernier. La politique du gouvernement est aujourd’hui, tout en combinant productions agricoles, élevage et exploitation forestière, de diversifier l’activité vers de nouveaux produits : riz, caoutchouc, canne à sucre.
Autre exemple, celui du coton cultivé sur près de 300 000 hectares. Il y a une dizaine d’années, la production de fibre atteignait le niveau record de 177 000 tonnes, avec un taux moyen d’égrenage de l’ordre de 43,50 % figurant parmi les meilleurs taux d’égrenage au monde. Aujourd’hui, elle renoue avec les bonnes performances, grâce à une subvention de l’État aux producteurs, franchissant aujourd’hui la barre des 350 000 tonnes. L’objectif est de porter ce chiffre à 600 000 tonnes des 2016.
Pour y parvenir, le gouvernement a lancé plusieurs plans, comme le Programme national pour l’investissement agricole (PNIA) qui est le volet agricole du Plan national de développement (PND). Ce programme a recueilli des intentions d’investissements du secteur privé et des partenaires techniques et financiers pour un montant de 2 040,50 milliards de francs CFA, soit plus que l’ensemble des besoins, qui sont évalués à 2 002,818 milliards de FCFA. Parallèlement, un programme d’identification des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs ainsi que leurs exploitations a été lancé. Les autres objectifs aujourd’hui sont de mettre en place le dispositif d’application de la loi relative au domaine foncier rural, de renforcer les capacités techniques des acteurs de la chaîne de production des statistiques agricoles, alimentaires et nutritionnelles, de renouveler les vergers de café et de cacao et d’appuyer la création de nouvelles plantations intensives.
Mines : un potentiel immense, un nouveau code sectoriel
En plus du manganèse qui est de loin la ressource minière la plus exploitée (voir carte, page 18), l’État ivoirien table sur les ressources en or, dont deux gisements seulement sur 10 sont exploités, le nickel, le diamant, le fer, le cobalt et la tantalite. Il a ainsi fixé des objectifs de production : 21 tonnes d’or, un million de carats de diamant, 24 millions de tonnes de fer.
Les opportunités existent, comme le montre les projets de nickel et fer de Biankouma et Touba et l’exploitation de la mine d’or d’Ity à Zouan Hounien. La Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel important : plus de 3 000 millions de tonnes de fer, 6 300 millions de tonnes, de nickel, 1 200 millions de tonnes de bauxite, 4 300 millions de tonnes de manganèse et 100 000 carats de diamant. Manquent les unités de transformation.
Manquent aussi les cartes géologiques, les documents de référence pour les travaux miniers ou encore les infrastructures de base pour la mise en valeur des gisements déjà identifiés. Toutefois, le Parlement ivoirien a franchi un grand pas en votant en février dernier le texte d’un nouveau Code minier permettant à la Côte d’Ivoire de se conformer aux nouvelles exigences du secteur et aux normes internationales et environnementales.
Hydrocarbures : de grands projets et des ambitions
La part des hydrocarbures dans l’économie ivoirienne ne cesse de croître, comme le montre l’importance des projets : huit blocs d’exploration sont encore disponibles, l’extension de la raffinerie d’Abidjan doit permettre d’accroître de 30 % sa capacité actuelle, un pipeline multiproduits doit être construit en mer et la capacité de stockage de gaz doit encore être augmentée. Les réserves de gaz sont estimées à 30 milliards m3, celles de pétrole à 100 millions de barils. Déjà révisé en 2012, il faudra sans doute encore réformer le code pétrolier pour respecter toutes les normes internationales et environnementales. Il faut aussi réévaluer le bassin sédimentaire, tout en construisant des infrastructures de transport et de stockage d’hydrocarbures, réhabiliter le réseau de distribution des produits pétroliers sur toute l’étendue du territoire et réduire les coûts d’accès au gaz butane des ménages. Pour y parvenir, 622,679 milliards de FCFA ont été réservés dans le Plan national de développement (PND) 2012-2015. Depuis 2012, des fonds sont injectés dans la formation et le renforcement des capacités des acteurs et partenaires nationaux en matière de nouvelles technologies dans le pétrole. D’autres projets, comme la création d’installations gazières (centres emplisseurs), sont encore à l’étude.
Energie : améliorer la production et la distribution électrique
Pour réhabiliter et améliorer le rendement global du réseau électrique et renforcer les ouvrages et moyens de production, l’État s’est engagé à électrifier 200 localités rurales par an, 3 000 établissements scolaires et 525 centres de santé, à équiper 500 cantines scolaires en matériels de cuisson utilisant les sources d’énergies modernes, etc. Estimation de tout ce chantier : 610,060 milliards de FCFA sur la période de 2012 à 2015, soit 5,51 % du coût total du Plan national de développement (PND). Des sociétés comme Aggreko, leader mondial des services d’alimentation électrique temporaire et de régulation de la température, Azito Energies ou Ciprel, se sont déjà fortement engagées.
TIC : être un pionnier dans l’économie numérique
Selon le ministre ivoirien de la Poste et des Télécommunications, Bruno Kone, les grands chantiers devraient être accélérés. « Le gouvernement ivoirien demeure disposé et ouvert à toutes les négociations pour permettre de rapidement repositionner le pays comme l’un des pionniers et leader de l’économie numérique sous régionale », a-t-il indiqué lors du Forum Investir en Côte d’Ivoire (ICI 2014), en février dernier. La Côte d’Ivoire affiche 7 % de taux de pénétration et 1,5 million d’utilisateurs de l’Internet. Et l’économie numérique y pesait 8,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2013, avec un taux de pénétration du mobile supérieur à 90 %. Un environnement favorable à de nouveaux investissements, comme la création de centres de données aux normes internationales et le développement d’infrastructures et réseaux de qualité, l’accès aux terminaux et la création de contenus, la mise en place d’un véritable écosystème de développeurs, la gestion de la dématérialisation, la création de solutions sur mesure pour les PME, etc. Ce secteur a connu une expansion remarquable au cours de la dernière décennie, générant annuellement environ 70 milliards de francs CFA de TVA. L’émergence des TIC a favorisé l’apparition de nouveaux services plus rapides et plus simples d’emploi. Malgré tous ces acquis, les tarifs et les coûts d’accès restent relativement élevés et le poids des taxes sur les produits informatiques constitue le principal goulot d’étranglement au développement des TIC. S’il est prévu un nouveau code des télécommunications et un cadre juridique et réglementaire favorable à l’accès, il est question aussi de rouvrir et équiper 66 bureaux de poste dans les ex-zones Centre Nord et Ouest, de mettre en œuvre le projet de gouvernance électronique E-Gouv et de réaliser le projet de maillage du pays en fibre optique. Ces deux derniers projets sont en cours d’exécution.
Education-enseignement : un programme géant d’infrastructures
La réhabilitation de la cité universitaire d’Abidjan vient d’être achevée et, début avril, les premiers étudiants ont reçu les clés de leurs chambres. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan national de développement (PND), qui affiche des objectifs ambitieux : réhabiliter 30 000 classes et construire 25 000 classes dans le primaire, bâtir et équiper des collèges et douze lycées de l’enseignement secondaire, réhabiliter et équiper sept établissements du secondaire, recruter 25 000 enseignants du primaire et 4 000 enseignants du secondaire général, réviser le contenu des enseignements et assurer la formation continue des enseignants.
Dans l’enseignement technique, il est ainsi prévu de réhabiliter neuf lycées professionnels et trois lycées techniques, construire huit lycées techniques, sept lycées professionnels, six ateliers. Dans l’enseignement supérieur, les trois universités du pays doivent être réhabilitées tout comme les deux grandes écoles publiques et les deux Unités régionales de l’enseignement supérieur (Ures). Parallèlement, dans le secteur public, 2 036 enseignants du supérieur doivent être recrutés et les résidences universitaires réhabilitées. Hormis les réhabilitations des cités universitaires et le lancement de programmes de recrutement d’enseignants au secondaire, tous les autres chantiers sont encore en cours de réalisation. Rappelons que le coût global des investissements pour l’ensemble du secteur Education-Formation s’élève à 753,538 milliards FCFA sur la période 2012-2015, soit 6,46 % du coût total du PND.
Santé : investir dans la gestion du système et les hôpitaux
Pour la période 2012-2015, l’enveloppe d’investissement prévue dans le Plan national de développement (PND) est de 594,072 milliards francs CFA, ce qui représente 5,36 % du total du PND. Les objectifs sont notamment d’améliorer le cadre de gestion du système de santé, le financement et la gestion des ressources financières du secteur, d’accroître l’offre des services de santé ou encore d’améliorer la disponibilité et l’accessibilité à des médicaments et autres intrants stratégiques de qualité. Mais le plus gros des travaux à réaliser concerne essentiellement la construction, la réhabilitation et l’équipement de centres hospitaliers universitaires, les travaux ayant effectivement démarré en 2013.
La crise politique et sociale pèse lourdement sur l’offre de soins, ce qui explique qu’une proportion importante de la population n’ait pas accès à des soins préventifs et curatifs de qualité. S’y ajoutent une faible couverture sanitaire, l’inexistence ou l’inadéquation du plateau technique des structures sanitaires ainsi que l’insuffisance et l’inégale répartition du personnel de santé dans le pays.
Enfin, le secteur de la santé est confronté à un problème de financement résultant de la stagnation de la proportion du budget du ministère en charge de la santé, de la paupérisation croissante et de l’inexistence d’un dispositif de couverture du risque maladie.
Killian Kra et Gilbert Kende
Des opportunités d’investissement immédiates
Infrastructures, BTP et environnement
• Réhabilitation d’immeubles.
• Construction de chemins de fer, de routes et de ponts.
• Train urbain d’Abidjan.
• Construction du marché de gros.
• Construction de logements sociaux et de standing.
• Réhabilitation et dépollution de la baie de Cocody.
• Aménagement de la baie du Banco.
• Gestion des déchets.
• Adduction d’eau potable…
Mines, énergie et hydrocarbures
• Recherche et extraction dans les secteurs miniers, pétrolier et gazier.
• Développement de l’énergie solaire.
• Construction de dépôts d’hydrocarbures.
• Extension du réseau de transport et de distribution de l’électricité…
Tourisme, transport
• Construction du complexe olympique d’Abidjan.
• Construction d’hôtels 3 à 5 étoiles.
• Aménagement de la baie lagunaire d’Abidjan…
Industrie
• Usines de transformation des matières premières agricoles (huile de palme, hévéa, cacao, café…).
• Industrie de transformation des produits pétroliers et énergétiques.
• Usines de fabrication d’équipements électroniques et électriques.
• Réhabilitation, création et cession des zones industrielles…
Éducation, emploi et santé
• Construction de cités et résidences pour élèves et étudiants.
• Création des bibliothèques et centres de documentation électronique.
• Construction d’hôpitaux et de centres de santé.
• Construction de lycées et classes scolaires.
• Construction, équipement et exploitation du centre de médecine nucléaire.
• Équipement et exploitation du centre national de radiothérapie et d’oncologie médicale d’Abidjan…