La pratique des affaires n’est pas satisfaisante et l’instabilité politique n’a fait que renforcer un environnement fragile pour les entreprises. La Côte d’Ivoire est, d’ailleurs, reléguée dans les profondeurs du classement Doing Business pour la « facilité de faire des affaires » de la Banque mondiale.
Pour stimuler le secteur économique et industriel, l’État multiplie les initiatives. Ainsi, pour améliorer la position de la Côte d’Ivoire au classement Doing Business (167e sur 189 pays classés), le gouvernement ivoirien a mis en place, le 10 janvier 2014, un groupe de travail. Celui-ci réfléchit sur six indicateurs que sont la création d’entreprise, le paiement des impôts, le permis de construire, l’exécution des contrats, le commerce transfrontalier et le transfert de propriété.
Outre un code des investissements plus attractif, le gouvernement a créé un tribunal du commerce et installé un guichet unique des investissements permettant de remplir toutes les formalités et créer en 48 heures une entreprise en Côte d’Ivoire. « L’objectif final est de travailler à l’amélioration du climat des affaires pour attirer davantage d’investisseurs », souligne le directeur général du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici) Emmanuel Essis Esmel.
Mais encore faut-il donner un coup d’accélérateur pour que les choses avancent plus vite. Tel est l’avis de nombreux observateurs et acteurs du monde des affaires en Côte d’Ivoire. Pour le patronat ivoirien, l’amélioration de l’environnement des affaires demeure une préoccupation majeure. Il appelle ainsi à prendre des mesures urgentes et à mettre en place des réformes rapides pour améliorer le climat des affaires et favoriser ainsi les investissements productifs.
Car si la Banque mondiale dans son classement Doing business 2014 indique que la Côte d’Ivoire a gagné dix places (elle était au 177e rang en 2013), la pratique des affaires dans le pays reste sujette à des contraintes et/ou spécificités locales. Celles-ci ne sont pas propres à des opérateurs économiques particuliers, mais à l’ensemble des investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Chef de service Formalités et assistance au Cepici, Sylviane Aolio est parfaitement au fait de griefs qui reviennent régulièrement chez les créateurs d’entreprise. « Un des problèmes récurrents et spécifiques à la Côte d’Ivoire pour les investisseurs étrangers reste la question du rapatriement de capitaux au moment de la création de leurs entreprises », explique-t-elle. C’est une préoccupation très forte pour les opérateurs voulant créer une société sur place.
Le recrutement du personnel reste aussi, selon Sylviane Aolio, un casse-tête pour de nombreux investisseurs. « Très souvent, ces derniers, dans leur volonté de recruter des nationaux, se heurtent au problème de qualification pour les postes à pourvoir. Ils n’ont d’autres choix que de recruter à l’étranger. Mais encore ici, il faut respecter une disposition stricte, notamment le versement à l’État ivoirien de l’équivalent d’un an de salaire. Pour une jeune entreprise, cela peut représenter une somme difficilement accessible et donc une formalité rédhibitoire », confie-t-elle. En dehors de ces difficultés qui peuvent être considérées comme spécifiques aux investisseurs étrangers, il y en a d’autres, plus communes comme la pression fiscale dont se plaignent presque tous les opérateurs économiques, les tracasseries routières et surtout l’accès aux terrains industriels.
« L’un des défis à relever pour une pratique plus sereine des affaires en Côte d’Ivoire reste la sécurisation du foncier », relève, en effet, un fonctionnaire de l’Ambassade de France, qui déplore l’opacité des procédures d’acquisition des terrains industriels en Côte d’Ivoire.
À cela il faut ajouter « l’accompagnement des PME qui ont du mal à accéder au crédit bancaire, les marchés publics qui ne sont pas totalement transparents, alors qu’ils devraient être un levier pour encourager l’investissement ». Il se félicite, toutefois de la création du tribunal de commerce dont « l’institution a été une réelle avancée dans l’assainissement de l’environnement des affaires ». Même s’il reconnaît que le tribunal de commerce n’a pas réglé tous les problèmes liés aux différents économiques que connaissent les acteurs du secteur privé.
Killian Kra et Gilbert Kende
Laurent Perrier : un champagne qui absorbe un quart du marché
En 2013, 100 000 bouteilles de Laurent Perrier ont été exportées au total en Côte d’Ivoire et cette marque représentait une bouteille de champagne sur quatre consommées dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. La marque française s’appuie sur un distributeur présent sur place depuis quarante ans, Groupe Prosuma (et sa filiale Œnophile). Elle a conquis le marché local avec ses principales cuvées – brut, le rosé, Grand siècle en gastronomie et demi-sec dans les night-club.
« La Côte d’Ivoire est un marché extrêmement porteur. Nous y investissons déjà et, puisque nous sommes en croissance, nous continuerons à investir. Nous ne lâcherons pas nos amis ivoiriens », confie Jean-Sébastien Boileau, directeur régional Afrique et Moyen Orient. « La Côte d’Ivoire est un marché extrêmement porteur sur lequel on compte énormément. Il y a un très bon niveau de développement sur ce marché et on espère que le pays va pouvoir continuer ce développement économique et social », explique-t-il.
Signe que la Côte d’Ivoire est un pays stratégique dans le monde pour la marque Laurent Perrier, le directeur général Monde de la célèbre maison de champagne, Jordi Vinyals, récemment nommé, a choisi cette destination pour son premier voyage en Afrique. Il est vrai qu’elle y a réalisé 25 % de croissance en un an. Selon Jordi Vinyals, ce succès est le résultat « d’un assemblage de la qualité des relations » et ce « sur la durée ».