Coopérer, même avec des concurrents, permet d’empocher de belles affaires. Comme le montre le cas de Bouygues pour la réalisation du train urbain d’Abidjan.
La France n’est plus seule en Côte d’Ivoire, mais elle peut aussi y trouver des partenaires. C’est ce que pense, en résumé, Jean-François Bijon, le chef du Service économique à Abidjan. Le nombre de grands projets va se multiplier et donc nécessiter, en raison de l’importance des fonds à engager, des coopérations.
Preuve en est ainsi la réalisation d’un train urbain, d’un coût global de 1 milliard d’euros, à Abidjan, confié au consortium mené par Bouygues, déjà retenu pour réaliser le troisième pont enjambant la lagune Ébrié, avec les Coréens Dongsan Engeneering et Hyundai Rotem. Les deux filiales Bouygues DTP Terrassement et Bouygues Constructions sont chargés du génie civil pendant que les deux partenaires asiatiques assureront les livraisons des rames et la sécurisation du réseau.
Long de 37,5 kilomètres entre Anyama dans la banlieue nord et l’aéroport de Port Boüet au sud-est, l’ouvrage, si les travaux sont engagés dès le premier trimestre 2015, doit être totalement achevé dans sept ans, permettant ainsi de transporter 300 000 personnes par jour.
A contrario, la France, forte de sa connaissance de la Côte d’Ivoire, pouvait espérer séduire un grand pays comme le Japon. Ce n’est pas tout à fait le cas, au regard du contrat d’élaboration du schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan (SDUGA), projet conçu avec l’appui technique et financier de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) dans le cadre du Plan national de développement (PND) 2013-2015. Le projet, dont l’exécution est prévue entre 2015 et 2030, a échappé à la France, mais, côté tricolore, on veut encore croire à un recours à l’expertise française par le Japon.
2013 n’aura pas été une grande année pour le commerce de l’Hexagone en Côte d’Ivoire. Certes, les exportations tricolores ont progressé de 2,5 % à 1,025 milliard d’euros. Mais sur les quatre grands postes de vente (plus de 10 % de part de marché chacun), seul le matériel électrique affiche une hausse, et encore très légère, de 1,5 %. Les trois autres marquent un recul sensible, supérieur à 13,1 % pour les machines et produits de la mécanique, à 10,3 % pour les céréales et à 7,3 % dans la pharmacie. « 2012 avait été une année anormalement haute. Il y a eu l’année suivante un phénomène de déstockage qui explique cette désescalade », commente Jean-François Bijon, qui parie sur un rebond en 2014, « de l’ordre de 8 à 10 % », correspond aux prévisions de croissance de l’économie ivoirienne.
François Pargny
Les PME doivent être des sous-traitants ou innover
Les groupes français sont tous présents en Côte d’Ivoire, notamment dans le BTP. Pour autant, les acteurs économiques montrent une certaine prudence quand il s’agit de projets en BOT (Build Operate Transfer) et sur financement de l’État ivoirien. « Le gouvernement doit gérer avec une trésorerie tendue, ce qui se traduit par des arriérés de paiement et la non-exécution de contrats », expliquent certains d’entre eux.
L’environnement des affaires n’est pas si facile dans ce pays francophone. Et peut-être encore plus pour des PME sans historique sur place, alors que les relations personnelles jouent un rôle important dans les affaires. « Sans doute faut-il leur conseiller de se positionner sur le marché de la sous-traitance ou de proposer des solutions nouvelles dans des niches sectorielles – télécommunications, industrie pétrolière ou énergie », juge Jean-François Bijon, chef du Service économique à Abidjan. Quoi qu’il en soit, il faut investir dans la durée.