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Secteurs porteurs : infrastructure, hôtellerie, éco-tourisme

Dans un vaste pays comme le Congo – 342 000 km² de superficie, dont 60 % couverts d’étendues de forêts – doté aussi de grandes villes, comme Brazzaville et Pointe-Noire, les opportunités en matière de tourisme et d’hôtellerie sont importantes. Reste que les infrastructures ne sont pas à niveau. Revue de détail.

Infrastructure : deux grands projets phares

Le Congo qui vit un boom pétrolier – qui ne dit pas son nom – depuis 2008 a initié un Plan national de développement (PND) axé sur la construction des routes internes et d’interconnexions sous-régionales qui nécessitent la mobilisation de capitaux extérieurs.
Dans cette nouvelle politique, les investisseurs français, déjà présents dans les opérations de contrôle des travaux des routes en cours de réalisation (cas de l’entreprise Egis international sur la route Pointe-Noire Brazzaville) sont attendus. « Chez nous, dans ce genre d’opération de couverture du pays en infrastructures viables, aucun financement n’est exclu », indique-t-on à la Délégation générale des grands travaux (DGGT) qui lance les appels d’offre et est maître d’ouvrage dans ces projets chiffrés en milliards de francs CFA. Voici les deux projets phares de ce Programme.

Le projet de port sec à Dolisie

Le port de Pointe-Noire, porte d’entrée de l’Afrique centrale, vestige de la colonisation, pourrait être désengorgé dans quelques années.
En effet, à mi-chemin entre Pointe-Noire et Brazzaville, les autorités veulent créer un port sec dans la ville de Dolisie, traversée par la ligne du chemin de fer, également héritage de la colonisation. Vu sa situation géographique ce port serait également utile pour le Gabon voisin.

Les études de faisabilité ont été menées et bouclées par le Bureau international maritime (BIMV) de Belgique suite à une initiative du Conseil congolais des chargeurs (CCC). La municipalité de Dolisie a déjà concédé 200 hectares au projet du port sec. Son coût prévisionnel est de 19 milliards de francs CFA (plus de 28 millions d’euros), sur une durée de trois ans à compter de 2014. Une partie des financements sera couverte par l’Etat congolais et l’autre viendra des bailleurs de fonds intéressés par ce projet dit ‘’intégrateur’’.

« L’objectif poursuivi est de renforcer la compétitivité du port de Pointe-Noire et permettre au Congo de mieux jouer son rôle de pays de transit. Ce port sec sera construit sur un site de 200 hectares et comportera un scanner, un terminal à conteneurs, des moyens roulants, des hangars », indique Jean-Jacques Banouanina Diangoma, directeur du Conseil congolais des chargeurs. « En fonction des prévisions, le terminal du port sec traitera au cours de sa première année (de fonctionnement) environ 10 000 conteneurs et le nombre progressera jusqu’à 40 et 70 000 conteneurs», précise Bernard Chaidron, responsable du BIMV Belgique. Outre le port à réaliser et le chemin de fer, la cité de Dolisie (ex-Jacob) est déjà traversée par la nationale 1, qui va à terme relier Pointe-Noire-Brazzaville. Son coût de financement de plus de 1 million d’euros a été apporté par la Chine.

Le projet de pont-route-rail Brazzaville-Kinshasa 
Brazzaville sur la rive droite du fleuve Congo et Kinshasa sur l’autre, sont reconnues comme les deux capitales les plus proches du monde. Les échanges commerciaux sont denses entre ces deux agglomérations qui abritent près de 14 millions d’habitants (plus de 12 millions pour la seule cité de Kinshasa).
Le Congo, la République démocratique du Congo (RDC) et la Banque africaine de développement (BAfD) ont bouclé courant 2011 un financement de 3,7 milliards de francs CFA (5,7 millions d’euros) pour les études relatives à la réalisation d’un pont-route-rail reliant les deux agglomérations pour faciliter un trafic estimé à 3000 à 4000 tonnes par mois, selon la direction du port de Brazzaville.

Le pont-route-rail est la première composante du projet, la deuxième étant le prolongement du chemin de fer Kinshasa-Ilebo (sud-est de la RDC) d’environ 800 à 1 000 kilomètres, précise un délégué du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) au ministère congolais du Plan. Sa réalisation va dépendre à la fois des financements des deux pays bénéficiaires et des partenaires aussi publics que privés. Mais pour l’heure le besoin global de de financement reste à déterminer.
 
Actuellement, la Banque mondiale estime que la traversée du fleuve est soumise à seize procédures d’exportation et d’importation entre les deux capitales. « Le pont-route-rail va rendre le commerce plus fluide. C’est en accroissant le commerce qu’on accroit la richesse », affirme Eustache Ouayaro, directeur des opérations de la Banque mondiale pour les deux Congo. Ce projet d’envergure qui cherche des financements ou des préfinancements doit, à terme, relier l’océan Atlantique des grands lacs, du port de Mombassa au Kenya, bref de l’océan Indien, expliquent souvent les experts.

 

Hôtellerie : des financements à trouver pour rénover le parc

Jusqu’en 2009, la capacité hôtelière du Congo ne dépassait pas officiellement 5 000 chambres, alors que le principal aéroport du pays, celui de Brazzaville, désormais modernisé, a enregistré tout récemment un million de passagers, selon l’agence Aerco qui gère les aéroports congolais.

« En dehors du pétrole, le bois et autres industries, le tourisme et l’hôtellerie sont des secteurs porteurs dans lesquels les firmes françaises peuvent apporter d’importants investissements au Congo », lance, comme une invite, Serge Ikiemi, enseignant d’économie et chercheur à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville.
Suite aux événements douloureux que le Congo a connus au cours de la décennie 90, des hôtels de luxe ont été saccagés à Brazzaville : c’est le cas de Cosmos situé à l’entrée du Beach, principal débarcadère sur le fleuve Congo, et l’hôtel Mbamou Palace qui avait par le passé abrité des grandes rencontres internationales. Leur réhabilitation nécessite des financements, surtout extérieurs. Après plus de deux ans de travaux, des investisseurs libyens ont rouvert récemment l’hôtel Ledger Plazza, en plein cœur de Brazzaville, qui appartenait autrefois au groupe Méridien. Il dispose d’une centaine de chambres, tout comme l’hôtel Alima (à capitaux publics et privés) à l’entrée d’Oyo, ville natale du président congolais Denis Sassou Ngueso.

 

Eco-tourisme : un potentiel immense toujours à exploiter

Le Congo dispose de trois grands parcs nationaux : Odzala-Kokoua (nord), dont la gestion a été confiée en 2011 à la société sud-africaine African Parks Network (APN), qui prévoit d’apporter jusqu’à 250 000 euros ; le parc de Conkouati Douli (sud), avec ses tortues marines, communément gérée par le gouvernement et la société américaine Wordlife Conservation Society (WCS).

Enfin, le parc de Nouabalé Ndoki qui a été inscrit en 2012 au patrimoine mondial de l’Unesco. Avec ses gorilles de plaine et ses éléphants baignant dans les clairières, ses crocodiles du Nil et ses poissons-tigres Goliath, de redoutables prédateurs de rivières, Nouabalé Ndoki et les autres parcs devraient attirer de nombreux touristes. Malheureusement, leur développement est très largement hypothéqué par le manque d’infrastructures et surtout de voies d’accès.
 
« En moyenne seulement 300 touristes, essentiellement occidentaux, visitent Nouabalé Ndoki chaque année », souligne Thomas Breuer, conseiller technique principal de WCS, chargé de la gestion de Nouabalé Ndoki. « Avec l’entrée du parc au patrimoine mondial (…), il va donner une autre vision éco touristique », espère, pour sa part, Antoinette Nkabi, conseillère à la faune et aux aires protégées au ministère de l’Economie forestière.
Depuis la fin du conflit armé et de la période d’instabilité sociopolitique qu’a connus le pays dans les années 1990 et au début des années 2000, les performances économiques et sociales du Congo se sont améliorées. Mais, l’écotourisme n’a vraiment pas apporté sa contribution, souligne un officiel, affirmant qu’il ne se présente pas toujours comme une priorité à l’instar de l’industrialisation par exemple. Et pourtant, le Congo est un réservoir pour le tourisme, avec quelque 22 millions d’hectares regorgeant d’espèces animales endémiques et emblématiques.

Laudes Martial Mbon

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