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Colombie : guide business 2014

Longtemps « oubliée » en raison de la violence, la Colombie, troisième économie d’Amérique latine, est en pleine croissance et se classe dans la catégorie des « nouveaux pays émergents ». La France, qui dispose d’une présence industrielle importante et d’une excellente image, a une vraie carte à jouer.

Une économie en croissance de 5 % cette année, un endettement public faible, une inflation de l’ordre de 3 % et une monnaie stable. Telles sont les principales caractéristiques de l’économie de la Colombie. Alors que la plupart des pays latino-américains sont suspendus aux décisions à venir de politique monétaire de la Réserve fédérale des États-Unis, les autorités colombiennes sont sereines. « Les fondamentaux de l’économie sont sains. La Colombie dispose d’une capacité à surmonter les turbulences financières internationales », affirme Pierre Sentenac, chef du Service économique pour la Colombie et l’Équateur. Le passé plaide d’ailleurs pour le pays. Le système bancaire est solide et a bien résisté à la crise de 2008-2009. La Colombie, pays traditionnellement bien géré du point de vue financier, a toujours honoré sa dette extérieure, même aux pires moments de la crise de la dette latino-américaine des années 80. L’économie n’a connu qu’une seule année de récession depuis quarante ans, en 1999.
À cela s’ajoutent d’autres atouts : l’abondance des ressources naturelles (pétrole, gaz, hydro-électricité, charbon, or, etc.) ; l’existence d’une base industrielle ; la taille du marché intérieur (47 millions d’habitants) et un revenu par habitant qui se situe au-dessus des 12 000 dollars en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA) ; une position géographique avantageuse au nord de l’Amérique du sud, etc. Mais tous ces avantages n’ont pas pu être véritablement capitalisés jusqu’ici en raison de la violence et de l’insécurité, résultat de l’action des narcotrafiquants, des groupes de guérilla et de la délinquance ordinaire.
Une grande rupture s’est produite à partir du premier mandat du président Alvaro Uribe 2002-2006 : la politique de « sécurité démocratique » a permis de pacifier la Colombie. « Cette politique a permis de repousser les groupes de guérilla dans des zones reculées du pays. Désormais, il est possible de circuler sur les principaux axes routiers du pays sans courir le risque d’être enlevé », note un homme d’affaires colombien. Le président Juan Manuel Santos, élu en 2010 et réélu en 2014, a franchi une étape supplémentaire, et capitale, en décidant d’ouvrir une négociation avec le principal groupe de guérilla, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), afin de conclure un accord de paix durable. « D’autres tentatives de paix ont échoué. La différence cette fois réside dans le fait que la guérilla est durablement affaiblie », note un entrepreneur français installé en Colombie.
Le processus a été engagé à la fin de 2012 et les deux parties sont tombées d’accord sur plusieurs volets, dont celui des terres agricoles. Même si la négociation est encore loin d’aboutir, le gouvernement prépare déjà le « post-conflit ». Le président Santos s’est rendu en Europe début novembre pour rencontrer plusieurs chefs d’État, et notamment François Hollande, et les responsables de l’Union européenne pour obtenir un soutien politique et sonder les possibilités de recevoir une aide. Un véritable « plan » est en cours d’élaboration. « Nous allons mettre l’accent sur l’éducation et la lutte contre la pauvreté. L’objectif est de faire de la Colombie le pays le plus éduqué d’Amérique latine en 2025 », affirme Maria Lorena Gutierrez Botero, secrétaire générale de la présidence de la République. Il s’agit d’attaquer les causes profondes de la violence : les inégalités et la pauvreté.
La conclusion éventuelle d’un accord de paix ouvrirait une situation nouvelle en Colombie. Elle déclencherait une nouvelle vague d’investissements étrangers. Des secteurs durement touchés par le conflit (agriculture, mines, etc.) connaîtraient un regain d’activité. Le tourisme, qui enregistre une reprise liée au succès de la « sécurité démocratique », serait promis à un bel avenir compte tenu de la diversité et de la richesse des paysages. De fait, la paix pourrait bel et bien garantir une croissance continue de l’économie pendant plusieurs années.
Cette perspective encourageante ne doit pas masquer le fait que la Colombie est confrontée à des défis plus immédiats. Le pays doit faire face à un déficit en matière d’infrastructures, encore aggravé par l’orographie du pays (trois cordillères en parallèle selon un axe nord-sud), qui constitue un lourd handicap. Le gouvernement parie sur une politique d’ouverture commerciale et la signature d’accords de libre commerce dont celui avec l’Union européenne, en vigueur depuis le 1er août 2013, et l’Alliance du Pacifique, conjointement avec le Chili, le Mexique et le Pérou. Un vaste programme de construction d’autoroutes a été lancé.
Les entreprises colombiennes sont confrontées à la nécessité de se moderniser. Dans le département d’Antioquia, dont Medellín est la capitale et qui est le berceau de l’industrialisation de la Colombie, les entreprises sont structurées en puissants « clusters » (énergie électrique, textile et mode, TIC, construction, etc.). « Les entreprises d’Antioquia sont celles qui ont été le plus touchées par l’ouverture commerciale, ce sont aussi celles qui ont réagi le plus vite. Elles travaillent beaucoup en termes d’innovation, de renouvellement de gamme, d’amélioration des procédés et de modernisation de la supply chain », indique Jaime Echeverri, vice-président de la Chambre de commerce de Medellín, en charge de la planification et du développement. Le Moci a pu constater sur place que des grands groupes colombiens sont très ouverts à des solutions innovantes qui leur permettent d’accroître leur compétitivité.
Les défis de la Colombie représentent autant d’opportunités pour les entreprises françaises y compris pour les PME. La France a une solide présence dans ce pays grâce en particulier aux filiales des entreprises françaises (Renault, Casino, Sodexo, SEB, etc.), qui emploient plus de 83 000 salariés colombiens. De plus, la France jouit d’une excellente image dans ce qui est probablement le pays le plus francophile de l’Amérique latine hispanophone. Mais, attention, les Français ne sont pas seuls ! Les atouts du pays attirent des entreprises du monde entier et les Colombiens sont désormais très courtisés. En octobre 2014, la princesse Astrid de Belgique a présidé une mission d’entreprises qui a mobilisé… 240 participants !

Daniel Solano, envoyé spécial en Colombie

Chiffres-clés
Superficie : 1 141 748 km²
Population : 47,1 millions d’habitants  (2013)
Principales villes : Bogota : 7,7 millions ; Medellin : 2,4 millions ; Cali : 2,3 millions ; Barranquilla : 1,2 million ; Carthagène des Indes : 1 million
Produit intérieur brut (PIB) : 378,4 milliards de dollars en 2013
PIB par habitant : 8 031dollars en 2013
Croissance du PIB : + 4,7 % en 2013, + 4,8 % en 2014, + 4,5 % en 2015
Inflation : +3,3 % en octobre 2014
Chômage : 8,9% en octobre 2014 (sur douze mois)
Exportations : 58,8 milliards de dollars en 2013
Importations : 59,4 milliards de dollars en 2013
Source : FMI et DANE.

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