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Porte d’entrée : et pourquoi ne pas passer par Hong Kong ?

Rétrocédée à la Chine en 1997, mais bénéficiant de son propre système économique et politique, Hong Kong est devenue l’avant-poste de nombreuses entreprises étrangères qui partent à la conquête de la Chine.

Après une seule visite à Hong Kong en novembre dernier, Nicolas Van Gucht, directeur commercial du fabricant d’enceintes haut de gamme Jewel Sound, en est convaincu : « Aller à Hong Kong, c’est bien sûr pour continuer sur le marché chinois. » Petit rocher peuplé de 7 millions d’habitants, Hong Kong est devenu en 35 ans le QG de beaucoup d’entreprises étrangères faisant des affaires avec la Chine continentale.
 
« Il faut commencer par Hong Kong, confirme Oriane Chenain, directrice adjointe de la Chambre française de commerce et d’industrie à Hong Kong. Le marché est beaucoup plus facile, le système juridique dépend de la common law, on peut vivre et travailler en anglais et Hong Kong reste encore une vitrine pour les Chinois. » Joaillerie, haute couture, maroquinerie, cosmétiques, parfums… Toute l’industrie du luxe est en effet présente et profite de l’appétit de consommation et de sophistication des Hongkongais, ainsi que de la frénésie de shopping des touristes venus du continent. 

« Hong Kong et Shanghai sont en concurrence pour attirer des investisseurs, mais je crois que la première a dix ans d’avance sur la seconde, avance Mathieu Lefort, directeur du bureau Ubifrance sur place. Et cela pour deux raisons : l’information y est transparente et les flux financiers sont taxés à minima. » Car la grande force de l’île c’est sa fiscalité plus que douce. L’impôt sur les sociétés est fixé à 16,5 % (contre 25 % en Chine continentale) et l’impôt sur le revenu à 15 %. Il n’y a pas de TVA, pas plus que de taxes à l’importation, y compris, depuis 2008, sur le vin. En outre, il serait plus facile de faire du business en Chine depuis Hong Kong que directement sur place. Selon Eric-Jean Thomas, avocat français installé sur l’île depuis plus de 15 ans, « il est plus simple de s’installer en Chine en passant par Hong Kong, d’autant que depuis avril 2010 il est devenu difficile d’ouvrir un bureau de représentation en Chine ». Comment faire ? « Au lieu de travailler avec un partenaire chinois sur le continent, vous le faites venir à Hong Kong et montez une société commune, à 70 %/30 % par exemple, conseille l’avocat. Vous créez ensuite une filiale à 100 % de la société hongkongaise. En cas de problème, vous dépendrez d’un tribunal hongkongais. Cela coûte en général plus cher que sur le continent, mais l’issue est moins incertaine. Il n’y a aucun problème pour remonter les dividendes à la maison mère. »

Car Hong Kong reste, pour l’instant (Londres pourrait suivre), le seul centre offshore d’internationalisation du yuan (ou renminbi), devise non convertible, alors que le dollar hongkongais suit un régime de change fixe par rapport au dollar américain. Un atout de poids pour qui veut travailler en Chine continentale : vous pouvez payer des salaires, des loyers ou des fournisseurs en yuans directement depuis Hong Kong, où il est d’ailleurs possible d’obtenir les deux monnaies aux guichets automatiques qui pullulent sur l’île. Et la devise continentale connaît un succès phénoménal. 

« En décembre 2009, il y avait 80 milliards de yuans à Hong Kong, et 320 milliards un an plus tard », se souvient Paul Yang, qui dirige la filiale de BNP Paribas. « Travailler en yuans est plus pratique pour les entreprises étrangères, mais nous assistons à un phénomène nouveau. Auparavant, les Chinois importaient en yuans via Hong Kong où le taux de change est plus intéressant. Nous observons désormais des flux dans les deux sens, note le banquier. Boeing et Airbus vendent en yuans en Chine, ce qui était inimaginable il y a encore quelques mois. » Très présentes à Hong Kong, les banques européennes, à l’instar de leurs consœurs chinoises, prêtent difficilement aux PME. Ce que confirme Paul Yang : « Nous travaillons avec des entreprises françaises pour des introductions en bourse, des levées de capitaux, des fusions acquisitions, mais très rarement avec des PME, à moins qu’elles n’aient des besoins importants. »

C’est précisément le problème qu’ont rencontré les deux fondatrices de la Madeleine de Proust, une boutique qui commercialise des sucreries traditionnelles françaises. « Ici, les banques ne s’intéressent pas aux petites entreprises, regrette Soizic le Lasseur. En revanche il est beaucoup plus facile de trouver des investisseurs individuels qu’en France. » Ce qu’ont fait les deux jeunes femmes : « Nous avons trouvé deux anciens banquiers français prêts à nous soutenir dans notre projet. En plus du financement, ils nous ont apporté leur expérience et un soutien moral. » Une aide qui a notamment permis à la Madeleine de Proust de trouver une parade à un obstacle de taille : le prix du mètre carré, qui peut atteindre des niveaux stratosphériques à Hong Kong. 

Dans le quartier de Central, le plus commerçant et le plus chic, il se négocie entre 300 et 400 euros par mois. « Nous avons opté pour une boutique éphémère, un corner shop que nous déplaçons de centre commercial en centre commercial. Le problème est que les clients ont parfois du mal à nous trouver, mais cela nous coûte trois fois moins cher et nous ne sommes pas liées par un bail d’un an », souligne Soizic le Lasseur, qui projette d’ouvrir deux nouvelles boutiques dans les prochains mois. 

Ce qui vaut pour les espaces commerciaux vaut également pour les bureaux : ils sont hors de prix. Des solutions existent cependant. Ainsi la Chambre française de commerce et d’industrie de Hong Kong propose à la location des bureaux à des tarifs préférentiels, de l’ordre de 250 euros par mois. Les sociétés innovantes peuvent également louer des espaces au Cyberport, un gigantesque incubateur situé sur l’est de l’île de Hong Kong où sont logés des entreprises comme Microsoft ou IBM, mais aussi des start-up. 

Dernier atout et non des moindres : Hong Kong est aussi un point d’entrée pour l’ensemble de l’Asie. Car toutes les entreprises présentes voient plus loin que la Chine. C’est le cas de Total Immersion, leader mondial de la réalité augmentée, présent à Hong Kong depuis deux ans. « Nous avons prospecté à Hong Kong sur le conseil de nos investisseurs, explique Philippe de Passorio, son directeur régional. Sa situation est centrale, nous sommes à deux heures d’avion de Shanghai, trois de Pékin et quatre de Tokyo. Il n’y a pas de taxes et il y a un certain prestige à être installé à Hong Kong. »

Sophie Creusillet, envoyée spéciale à Hong Kong


Les accords entre Hong Kong et la Chine continentale


Hong Kong et la Chine continentale ont conclu en 2003 un accord commercial bilatéral, le CEPA (Closer Economic Partnership Arrangement), entré en vigueur le 1er janvier 2004. Il comprend trois volets : un désarmement tarifaire concernant certaines catégories de biens exportés par Hong Kong vers la Chine, une ouverture préférentielle du marché chinois aux entreprises hongkongaises dans certains secteurs des 
services et un ensemble de mesures de facilitation des échanges bilatéraux de commerce et d’investissement. 
Objet de plusieurs annexes depuis sa création, le CEPA permet aujourd’hui d’exporter 1 500 catégories de produits et 42 services directement en Chine continentale depuis Hong Kong sans aucune taxe. Au 31 mai 2011, 69 119 produits étaient certifiés et 1 506 services.


Chiffres clés – Hong Kong

Superficie : 1 092 km2
Population : 7,1 millions d’habitants
Langues usuelles : mandarin, cantonais, anglais
PIB 2010 : 224,3 milliards de dollars US (+ 7 %)
Revenu national brut par habitant (2010) : 47 480 dollars US (27 530 dollars US en 2001)

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