Partenaire commercial européen privilégié du Chili, la France compte une présence historique, notamment dans les transports et l’énergie. Avec l’essor des énergies renouvelables produites par le soleil ou la mer, la France contribue à aider le Chili à relever ses défis énergétiques.
La France est le deuxième fournisseur européen au Chili avec une part de marché totale de 2,8 % en 2013, derrière l’Allemagne, et le 10e fournisseur du pays andin selon la Banque centrale chilienne, derrière les États-Unis, la Chine et la Corée du Sud. Elle y fait quasiment jeu égal avec le Japon (3,1 %). La France est très présente dans les biens d’équipement – machines industrielles pour le secteur minier et l’agriculture – la pharmacie et les cosmétiques, le marché automobile et les transports en commun. Alstom a ainsi construit le métro de Santiago en 1975 et remporté l’an dernier un appel d’offres pour le moderniser : plus de 220 millions d’euros seront investis dans un chantier qui devrait se terminer dans trois ans.
Au total, 192 entreprises tricolores sont implantées dans le pays andin – d’après l’INSEE, pour un chiffre d’affaires cumulé de près de 4 milliards d’euros en 2011. Quelque 2 000 sociétés de l’Hexagone vendent également directement au Chili, la 53e destination des exportations tricolores pour un flux en léger recul de quelque 620 millions d’euros sur les 11 premiers mois de l’année 2014. « Certaines sociétés bretonnes, de Bourgogne ou de la région Rhône-Alpes, réalisent de bonnes affaires », se félicite Bruno Zanghellini, chef du Service économique de l’ambassade de France, comme le Grenoblois Poma dans les équipements de transport par câble. Ces dix dernières années, les exportations vers le Chili, 6e client sud-américain de la France, ont été multipliées par 2,5, soit autant que vers le Brésil et la Chine et davantage que vers le Vietnam ou la Corée du Sud. Les entreprises françaises, en particulier Sodexo, employaient plus de 36 000 personnes au Chili en 2011. Malgré son réveil à l’export, la France n’est pas parvenue à éliminer totalement son déficit commercial avec le Chili, qui a ainsi atteint 332 millions d’euros en 2013 et 220 millions d’euros au premier semestre 2014 d’après les Douanes françaises. Si le solde des échanges de biens est négatif, c’est que la France importe en masse du cuivre – pour un demi-milliard de dollars par an – et par le ralentissement de l’économie chilienne, dont la croissance est passée de 4,2 % en 2013 à 1,7 % en 2014. Reste que le déficit de la France a été divisé par 5,5 entre 2006 et 2012.
En termes d’investissement, la France peut mieux faire, avec un stock de près de 2 milliards de dollars, soit seulement 3,3 % du stock total. Sa présence est particulièrement avérée dans l’énergie, un domaine dans lequel, au demeurant, elle ne cesse de se renforcer. GDF Suez a investi un demi-milliard d’euros dans le plus grand réservoir de stockage de GNL (gaz naturel liquéfié) du continent américain, inauguré en mai dernier dans le nord chilien. Le groupe français est aussi le premier distributeur d’eau : sa filiale Aguas Andinas détient une part de marché de 40 %. Autre filiale, ECL possède la moitié des parts de marché du réseau d’électricité du Nord (SING, Système Interconnecté du Grand Nord). Enfin, GDF Suez a remporté récemment, le 29 janvier exactement, l’appel d’offres concernant l’interconnexion des deux réseaux électriques du pays.
Les entreprises françaises « ont su très vite profiter du potentiel exceptionnel du Chili en matière solaire », se réjouit encore le chef du Service économique. Total, via sa filiale américaine SunPower, a inauguré le 23 janvier une station d’énergie solaire photovoltaïque de 70 mégawatts dans le désert d’Atacama dans le nord du pays. Solaire Direct dispose d’un portefeuille de projets ambitieux. Et le groupe naval DCNS a remporté un appel d’offres en octobre dernier pour constituer un centre de recherche sur les énergies marines renouvelables. Autre éventuel futur chantier énergétique, le lithium. Le Chili, deuxième producteur mondial de cet « or blanc », en détient 57 % des réserves mondiales, d’après l’institut d’études géologiques des États-Unis. Un potentiel à exploiter, qui ne devrait pas laisser insensible les entreprises françaises.
Laurie Fachaux