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Secteurs porteurs au Canada : sciences de la vie, technologies de l’information…

Vaste État, avec des besoins spécifiques selon les provinces, le Canada offre aussi de multiples opportunités dans toute une série de domaines, allant de l’agroalimentaire aux sciences de la vie, en passant par les technologies de l’information. Revue de détail.

« Le Canada est un pays riche avec des besoins sophistiqués, mais aussi avec des besoins de nations émergentes », résume pour Le Moci Axel Baroux, directeur au Canada du bureau Ubifrance. Deuxième État le plus vaste de la planète après la Russie, le voisin des États-Unis doit créer des infrastructures pour développer les zones les plus septentrionales et exploiter ses ressources phénoménales de pétrole, gaz de schiste ou minerais.
Le Plan Nord, rebaptisé « un Nord pour tous », concerne 70 % de la superficie du Québec, soit 1,2 million de kilomètres carrés « regorgeant de ressources colossales, mais qui ne pourront être exploitées sans des infrastructures de qualité », assure Axel Baroux. Les dix provinces et les trois territoires de la confédération ont toutes leurs particularités. Ainsi, l’industrie aéronautique est largement concentrée au sud du Québec, plus particulièrement autour de Montréal, comme l’a expliqué Le Moci dans un dossier récent dédié à cette province, intitulé « Québec, province francophone de la technologie » (n° 1954 du 9 janvier 2014).

L’Alberta, pourtant une des régions les plus prospères du monde avec un produit intérieur par habitant de 59 000 euros, souffre aussi d’un manque d’infrastructures pour exploiter son immense potentiel naturel. D’où les grands projets d’oléoducs (voir carte) ou les investissements considérables du gouvernement provincial, quelque 125 milliards de dollars annoncés, pour exploiter les sables bitumeux. Autant d’initiatives créant des appels d’air pour des experts des ressources humaines, de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre ou des économies d’eau en phase d’extraction du bitume des sables bitumeux.

De façon générale, les grands énergéticiens lorgnent sur les marchés de l’hydroélectricité, la bioénergie, de l’électricité éolienne. Sans oublier la construction de centrales thermiques classiques prévues en Ontario. Dans le Saskatchewan, depuis le 13 mars, l’uranium de la mine géante de Cigar Lake, propriété du canadien Cameco (50 %), du français Areva (37,1 %) et des japonais Idemitsu (7,9 %) et Tepco (5 %), est livré à 70 kilomètres de distance à l’usine de traitement de McLean, détenue à 70 % par Areva. D’un coût global de 2,3 milliards de dollars, la mise en production de ce gisement se révèle stratégique pour la compagnie française, qui cherche à diversifier son approvisionnement en uranium concentré au Kazakhstan et surtout au Niger. L’Ontario, l’Alberta, le Québec offrent aussi des opportunités dans les transports, avec des projets de trains légers à Toronto, Calgary, Edmonton et le renouvellement de rames de métro à Montréal.

Enfin, toutes les provinces, même les plus petites, ont leur attrait. Tel est le cas de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Ile-du-Prince-Edouard, qui présentent les mêmes atouts : agriculture-élevage-pêche, ressources pétrolières, potentiel hydroélectrique, centre pétrochimique. Les provinces atlantiques, comme elles sont appelées, ont également développé les services dans les ports, comme Halifax et Saint-John. Sans oublier la concentration de savoir-faire dans la défense et l’aérospatiale, les produits forestiers, la potasse, les technologies de l’information et de la communication ou les services financiers, encore à Halifax.

François Pargny

Sciences de la vie : l’essor de la sous-traitance et de la génomique

La médecine-fiction frappe aux portes du Canada. Capables de reproduire des organes humains ou de créer des prothèses, les imprimantes 3D offrent de multiples possibilités.

Pour être capables d’offrir cette révolution médicale aux patients, les chercheurs doivent réaliser des essais cliniques. D’où les nombreuses opportunités qui s’offrent aux PME françaises. « Depuis 2011, avec le changement du modèle d’affaires des compagnies pharmaceutiques basé sur une externalisation des activités de la recherche, nous misons sur la sous-traitance pour la recherche et encourageons la venue de partenaires étrangers pour élargir l’offre de services dans ce secteur », souligne Michelle Savoie, P d-g de Montréal InVivo, la grappe (pôle) des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS) de la métropole.

Également ouverte à l’expertise étrangère, la génomique est en pleine ébullition. Ce créneau porteur a besoin d’investissements. La génomique permet, d’un côté, de prévenir des maladies et, de l’autre, de prodiguer des soins plus efficaces. « L’utilisation de la génomique permet de découvrir les prédispositions de certaines personnes pour tel ou tel type de cancer ou maladie. Elle nous permet de cibler quel médicament sera efficace », explique Michelle Savoie.

Maître d’œuvre du développement de la génomique au Québec depuis 2000, Génome Québec soutient financièrement des initiatives de recherche et met en œuvre des programmes d’intégration des résultats de la recherche aux secteurs de la santé. Pour concrétiser cette mission, le gouvernement du Québec annonçait dernièrement un soutien financier de 26 millions de dollars canadiens sur deux ans, comprenant l’appui à de nouveaux concours de recherche en génomique, la réalisation d’activités de mobilisation en génomique et le soutien à l’exploitation de plateformes technologiques.
Cette aide n’est d’ailleurs pas la seule, précise Michelle Savoie : « Le gouvernement considère ce secteur comme stratégique, en raison de ses impacts positifs sur l’ensemble de la société et de la place croissante qu’il occupe dans l’économie mondiale. Plusieurs programmes existent et des fonds de capital risque peuvent aussi être versés. »

 

TIC : le boom des jeux vidéo et des applications pour téléphones ou tablettes

« Près de 90 % des entreprises françaises que nous accompagnons viennent s’établir dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) », note Véronique Loiseau, directrice générale de la Chambre de commerce française au Canada.

Il est vrai que les TIC ont le vent en poupe, avec une croissance de 16 % entre 2007 et 2011.
À ce jour, les jeux vidéo sont le segment le plus développé. À l’instar de Candy Crush, ils sont à la mode et l’engouement ne cesse de croître. Dans les années à venir, ce sont les applications pour téléphones intelligents, tablettes et même pour les voitures qui pourraient être les plus demandées. C’est ainsi qu’un bel avenir est promis aux applications – encore peu nombreuses – permettant de réduire la facture chez l’épicier. Par exemple, l’application Ta circulaire, qui recueille les informations concernant les rabais affichés dans toutes les circulaires des détaillants en alimentation, a été téléchargée 30 000 fois. Les jeux vidéo mobiles ont également la cote.

Les achats en ligne ne cessent de croître, alors que le nombre de plateformes locales est encore très limité – et encore plus en langue française. C’est pourquoi, « faute de fournisseurs locaux, les consommateurs se procurent des biens sur Amazon ou sur d’autres sites américains. Le potentiel de développement est extraordinaire », constate Patrice-Guy Martin, ancien rédacteur en chef de Direction informatique aujourd’hui président-directeur général du Réseau Action TI. Pour protéger les acheteurs, mais aussi pour ceux qui font appel aux systèmes informatiques basés sur la technologie en nuages (cloud), les besoins de sécurité sont énormes. Même le gouvernement canadien a besoin de l’expertise d’entreprises capables d’implanter des systèmes qui vont assurer la protection des informations confidentielles de ses citoyens. « Prochainement, le gouvernement du Québec va implanter une base de données, appelé Dossier de santé du Québec, qui va permettre aux intervenants du monde médical d’accéder au dossier médical de tous les Québécois. La sécurité est un enjeu énorme et ce n’est que le début », souligne Patrice-Guy Martin.

 

Informatique : le recours croissant aux logiciels spécialisés

Au Canada, les gouvernements, fédéral et provinciaux, utilisent souvent des logiciels libres, c’est-à-dire des logiciels libres d’exécution ou de modification, donc plus souples d’utilisation, mais aussi plus économes que les logiciels dits « propriétaires » qui appartiennent à leurs concepteurs.

Du coup, il encourage aussi les entreprises étrangères à s’installer sur place, à l’instar de Linagora, champion français du logiciel libre, qui a ouvert une filiale à Montréal en 2013. « La politique québécoise de soutien à l’innovation et aux entreprises ainsi que la proximité du marché américain ont été des facteurs déterminants dans notre décision. De plus, l’intérêt avoué du gouvernement québécois pour le logiciel libre offre des perspectives très prometteuses pour une entreprise comme la nôtre », a déclaré dans un communiqué Alexandre Zapolsky, président-directeur général de Linagora. Si le gouvernement a besoin de logiciels libres, les PME de tous les horizons ont surtout un grand besoin de logiciels spécialisés. « Pour être plus efficaces et concurrentielles, les entreprises se tournent vers des plateformes de gestion dirigées avec des logiciels particuliers. L’origine des demandes est variée, par exemple l’Ontario avec un constructeur automobile comme Ford ou dans l’aérospatiale et l’aéronautique au Québec », constate Patrice-Guy Martin, ancien rédacteur en chef de Direction informatique aujourd’hui président-directeur général du Réseau Action TI.

L’année dernière Sobeys, un détaillant alimentaire présent dans tout le Canada, a opté pour la technologie de Witron, une société allemande, pour la mise en place d’un centre de distribution automatisé. Un investissement de 160 millions de dollars canadien. Le recours à des logiciels spécialisés s’est aussi répandu chez les producteurs
agricoles. On ne compte plus le nombre d’aviculteurs et d’horticulteurs contrôlant la température de leurs poulaillers et de leurs serres grâce à ces logiciels spécialisés. Compte tenu de l’étendue du territoire canadien, la géolocalisation et les technologies de gestion logistique du transport sont aussi très appréciées. « Les distances à parcourir sont très grandes et les entrepreneurs veulent pouvoir suivre leurs marchandises », note Patrice-Guy Martin. Ce besoin s’étend même là où l’on s’y attendrait le moins comme les banques. « Des institutions financières, qui doivent gérer 5 000 ordinateurs portables, veulent savoir où se trouve leur équipement », souligne le P d-g du Réseau Action TI.

 

Agroalimentaire : les plats préparés, mais aussi le plaisir

Bien que consacrant moins de temps à la cuisine, les Canadiens ne renoncent pas à bien se nourrir.
Du coup, s’ils apprécient les plats cuisinés, ils veulent du haut de gamme. Ainsi, sur le modèle de l’entreprise française Picard, qui a développé un concept de produits préparés, de qualité, avec des composants naturels, la société québécoise Cool Simple a récemment ouvert ses portes avec une offre de tartares de saumon, soufflés au fromage, jarrets d’agneau confit ou encore de brandades de morue.

Selon Xavier Poncin, directeur exécutif d’Expo Canada France, filiale du géant français des congrès, événements et salons Comexposium (avec au Canada Set Canada et Sial Canada), ce type de commerce concerne un secteur en pleine évolution. « Il faut oublier les produits de masse, c’est saturé. Si vous voulez vous installer au Canada, il faut mettre sur le marché un produit santé, le plus naturel possible et pratique, c’est-à-dire sans ingrédient chimique, se préparant facilement ou déjà prêt à manger ».

Les Canadiens font attention à ce qu’ils mangent, mais ils veulent aussi se faire plaisir. Pâtisseries françaises, charcuteries, chocolats, cornichons et betteraves en pot avec recettes artisanales, autant de petits plaisirs que veulent s’offrir les consommateurs. Chocmod, chocolatier français, a misé sur ce côté épicurien. Installée au Canada, il y a deux ans, l’entreprise y fabrique de la pâte et des truffes nature, conçoit aussi, sous sa marque Truffettes de France, de nouvelles truffes au sirop d’érable. « C’est un des principaux intérêts d’être sur le continent et plus près des consommateurs. On peut s’imprégner de ses habitudes et de ses goûts », explique le directeur d’usine, Antoine Boduain.

Au demeurant, la gourmandise n’est pas l’apanage des seuls Canadiens d’origine. Plusieurs nouveaux arrivants partagent cette caractéristique et souhaitent retrouver sur les tablettes des aliments qui leur rappellent leur pays d’origine. « Il y a de la place dans les épiceries dites fines pour des produits français comme des pâtisseries. Par exemple, il n’existe pas ici de vrai flanc aux œufs », note Xavier Poncin. Autre créneau potentiel, les viandes halal et cascher. Selon lui, « le Canada est la deuxième destination d’immigration au monde derrière les États-Unis. En 2050, 50 % de la population sera d’origine étrangère et la population musulmane représentera 7 % des citoyens. Il y a là un potentiel énorme. »

Devenir un carrefour mondial des serveurs de données

Pour parvenir à transmettre toutes les données qui transitent par Internet, le Canada a besoin de serveurs de données. OVH, un hébergeur français, s’est installé à Beauharnois dans la banlieue de Montréal. Les températures froides, le coût de l’énergie et bien sûr, la présence des Américains juste au sud sont autant de raisons qui l’ont incité à s’établir. « Nous avons besoin du froid parce que les équipements informatiques, qui dégagent énormément de chaleur, doivent être constamment refroidis », explique le directeur mondial des centres de données d’OVH, Germain Masse. Par ailleurs, à Montréal, « on a tout ce qu’il faut pour faire de gros centres de données efficaces et peu coûteux, entre autres parce qu’on trouve de l’électricité en quantité illimitée, stable et à faible coût », renchérit Michel Chartier, président de Kelvin Emtech, firme consultante dans le domaine des centres de données.
L’implantation d’OVH est encourageante et ils sont nombreux à vouloir transformer le pays en un carrefour mondial des centres de données. Claude Malaison, blogueur et pionniers de l’informatisation des communications dans les entreprises, rêve ainsi au Canada d’un Plan Nord technologique. « Que ce soit à Montréal ou Vancouver, le Canada est le chemin le plus court entre l’Europe et l’Asie et vers les États-Unis. Nous sommes carrément une porte d’entrée vers d’autres marchés. »

 

L’ouverture du marché aux fromages européens

Le Canada a signé un accord de libre-échange avec l’Union européenne, dont l’application totale pourrait prendre jusqu’à huit ans. D’ici là, même si les contraintes commerciales sont encore importantes, Xavier Poncin, directeur exécutif d’Expo Canada France, filiale du géant français des congrès, événements et salons Comexposium, encourage les petits fromagers à s’adapter le plus tôt possible.
« Le nouvel accord prévoit l’importation de 32 000 tonnes contre 13 400 avant, dont près de 17 000 pour les fromages fins (adjectif idoine au Québec) ou spécialités (terme utilisé plutôt dans les provinces anglophones). Le Canada est un marché test qui comporte peu de risques et c’est une porte d’entrée vers les États-Unis. Il faut commencer à s’informer dès maintenant. »

Julie Roy

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