Trois questions à Renata Baruzzi, présidente du Centre d’excellence de l’EPC (CE-EPC)

Le Moci. Comment concilier les exigences de contenu local et la compétitivité encore insuffisantes de la chaîne des fournisseurs pour faire face aux demandes du secteur de l’Ingénierie, Approvisionnement et Services de construction (Engineering, Procurement and Construction, EPC) ?

Renata Baruzzi. Pendant les années 90, le Brésil a souffert d’une réduction des investissements, d’une baisse du nombre de projets et, par conséquent, d’une réduction des opportunités d’emplois pour les ingénieurs. Lorsque les investissements ont redémarré en 2000, il a fallu donner une impulsion plus importante que prévue pour récupérer le temps perdu. Cet effort repose sur la contribution du système éducatif, qui n’est pas préparé pour répondre à ce type de demande, et des investissements en technologie, en outils de gestion et en automatisation des procédés. Il y a une liste importante de lacunes que nous devons combler. La productivité des chantiers laisse encore à désirer. La nécessité de renforcer l’excellence et d’augmenter la compétitivité de l’industrie brésilienne, ainsi que le rôle crucial de l’EPC dans les projets de grande ampleur ou de haute complexité dans l’industrie des hydrocarbures, sont des questions incontournables actuellement au Brésil et, pourquoi ne pas le dire, dans le monde.

Le Moci. Quels sont les principaux problèmes rencontrés dans l’exécution des grands projets ?
R. B. Le problème ne réside pas dans la qualité : les raffineries, les plateformes et les usines de gaz fonctionnent comme prévu. Ce qui est en cause, c’est le décalage entre ce qui a été planifié en termes d’exécution, de délais, Coût et produit final et la réalisation du projet. Il manque une discipline accrue en matière de planification, de recherche des façons de mitiger et d’éliminer les risques, de réduction du travail double et, surtout, de la perte de temps qui a des conséquences négatives sur la productivité. Les entreprises locales et étrangères doivent avancer en permanence dans ces domaines. Il faut avoir de la discipline, et ce à tous les niveaux de la chaîne : aussi bien celui du maître d’œuvre en matière de définition et de précision au niveau du détail du projet ; que de ses clients tout au long de la chaîne afin de réaliser ce qui a été demandé. La discipline est la base de tout.
Nous avons besoin également de développer et de recevoir de nouvelles méthodes de construction, de nouveaux outils, de nouvelles technologies qui sont déjà utilisées dans d’autres pays et qui doivent être appliquées au Brésil. Cela fait partir aussi de la responsabilité des entreprises étrangères qui travaillent au Brésil, qui sont installées ici : elles doivent amener leurs technologies dans le pays.

Le Moci. Pour quelles raisons, le CE-EPC a-t-il été créé ?
R. B. Le Centre d’Excellence de l’EPC est né dans l’industrie du pétrole, dans le cadre du Programme de mobilisation de l’industrie nationale du pétrole et du gaz naturel (Prominp). Cependant, nous souhaitons nous ouvrir à d’autres secteurs comme l’énergie et les mines. Depuis sa création, le CE-EPC cherche à stimuler une réflexion permanente sur les défis de ce secteur. Une des tâches clés est de discuter et proposer des solutions qui contribuent au perfectionnement de la gestion des projets, avec un focus sur la planification et les gains de productivité, et par voie de conséquence sur l’augmentation de la compétitivité qui reste, depuis le début, notre objectif principal.

Propos recueillis par D. S.