L’ambassadeur Christophe Lecourtier a entamé une démarche de diplomatie économique. Si l’enjeu pour les grandes entreprises n’est pas négligeable, un autre axe prioritaire est de drainer les PME sur place.
L’Australie pourrait se révéler un laboratoire fort intéressant pour la France. En y nommant comme ambassadeur Christophe Lecourtier, ancien directeur général d’Ubifrance (aujourd’hui Business France), le ministre français des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), Laurent Fabius, a décidé de confier à un spécialiste de l’accompagnement des entreprises le soin de développer son concept de « diplomatie économique » au service des sociétés de l’Hexagone. Un choix d’autant plus judicieux que si les groupes tricolores sont déjà établis, le peloton des PME reste à entraîner dans ce pays des antipodes.
En fonction depuis juillet 2014, Christophe Lecourtier entend « non seulement garantir aux entreprises une disponibilité permanente des services de l’État (ambassade, service économique, consulats), mais également veiller ce que l’action des différents acteurs publics et privés soit coordonnée ». Une « Team France » a été inaugurée lors de la visite de François Hollande en novembre 2014 afin d’aider les entrepreneurs français qui souhaiteraient s’installer en Australie. Équipe rassemblant l’ambassade, Business France, la Chambre de commerce et d’industrie française en Australie (Facci) et des acteurs privés.
C’était la toute première visite d’un chef d’État français dans ce vaste territoire d’Océanie. Les relations économiques bilatérales ont dominé les discussions, avec l’objectif d’accroître la présence économique de la France en Australie. « Jusqu’ici, notre pays n’a pas su exploiter tout le potentiel du marché australien », déplore l’ambassadeur de France. La France est le 13e fournisseur de biens de l’Australie et son 24e client.
L’Hexagone dégage un confortable excédent commercial : en 2014, il s’est établi à 1,69 milliard d’euros, grâce à des exportations supérieures à 2,57 milliards, ce qui a fait de l’Australie le cinquième excédent commercial de la France. L’aéronautique, les produits pharmaceutiques, les vins et spiritueux et les produits cosmétiques figurent parmi les principales exportations. Cependant, la France recule en part de marché. « Même si l’ensemble des pays de l’Union européenne ont perdu en moyenne en 10 ans 31 % de leur part de marché, nos performances sont inférieures (- 46 % pour la France) », note l’ambassadeur. Les performances de la France dans les services compensent, cependant, en partie ce recul des ventes de marchandises.
En 2012, on recensait 280 PME françaises. Le marché australien est parfois jugé lointain et cher, mais pour ces entreprises, il est considéré comme stratégique dans leur développement international et leur positionnement en Asie-Pacifique. Plusieurs groupes français sont leaders : Accor compte plus de 200 hôtels dans le pays, Sodexo emploie 6 000 salariés, Pernod Ricard est l’un des principaux producteurs et exportateurs de vins australiens…
Les grands groupes se développent bien dans la majorité des secteurs, excepté la grande distribution qui reste dominé par le duo Coles et Woolworths. Au total, la Facci a dénombré en 2013 500 implantations françaises (dont 37 des entreprises du CAC 40), représentant un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et un effectif cumulés de 75 000 salariés, et 8 000 entreprises exportatrices.
Pour Christophe Lecourtier, dans la mondialisation, la France doit « imposer une image qui favorise le succès » des entreprises françaises. Elle doit être ainsi perçue comme un pays « qui innove » afin de devenir plus attractive. Selon lui, pour « favoriser l’implantation, le développement et les contrats » des sociétés tricolores, « le paramètre France peut, et doit, devenir en Australie – comme il l’est déjà pour l’art de vivre – un élément de différenciation et un facteur d’adhésion ».
Caroline Taïx