À l’affût des bonnes affaires, les PME françaises peuvent cibler les commandes publiques et les investissements directs étrangers. Illustration avec Siso et Sefac.
Surprises par la réglementation, excédées par les changements de législation, parfois découragées par la bureaucratie, l’inertie, les entreprises françaises sont pourtant les premiers bénéficiaires des marchés publics et privés.
Proximité culturelle et géographique, affinité naturelle favorisent l’immersion et les rapprochements en Algérie, pays qui devrait disposer jusqu’à 200 milliards de dollars de réserves de change à la fin de l’année.
F. P.
Siso : comment obtenir un marché public
Le 28 octobre dernier, le négociant et stockiste de produits métallurgiques non ferreux (tubes, barres…) Siso a été retenu comme moins disant dans un appel d’offres public.
« Une grosse affaire », de l’aveu même de Jacques Bachelard, président du conseil de surveillance de cette entreprise d’une trentaine de salariés, au chiffre d’affaires de 11 millions d’euros en 2011 (20 % à l’export).
Dans la pratique, la société sélectionnée n’est pas Siso, mais la société que la PME de Vaulx-en-Velin (Rhône) a constituée en joint-venture avec un associé algérien, détenteur de 51 % du capital. En créant une entreprise de droit algérien, les deux partenaires ont pu bénéficier de la préférence nationale accordée dans les appels d’offres publics.
« Cette préférence est de 25 % pour une entreprise algérienne, mais quand il s’agit d’une joint-venture, en général, elle est divisée par deux », précise Jacques Bachelard, un fin connaisseur de l’Algérie qui a eu « le coup de foudre pour ce pays en 1984 ». C’est un ancien représentant de Siso en Algérie qui est associé et gérant de la joint-venture, dont le capital est modeste : 10 000 euros. « Attention ! Rien n’est simple dans ce pays », confesse Jacques Bachelard. Ainsi, une joint-venture 51/49 ne peut pas rapatrier ses fonds et doit les réinvestir sur place.
Pour pouvoir traiter l’affaire remportée, une caution a dû être constituée, d’un montant de 1,6 million d’euros, avec un pool de quatre banques et Oséo. « Il nous a aussi fallu demander une avance sur facturation pour ne pas être à découvert et pouvoir payer tous les frais et taxes : TVA, taxe sur les bénéfices, transit, transport intérieur », expose Jacques Bachelard.
Enfin, Siso a dû patienter trois mois avant de recevoir le contrat à signer. Et plus de trois mois après avoir envoyé le document paraphé, la PME française n’a toujours pas obtenu la commande définitive. « Heureusement pour nous, les cours des métaux non ferreux sont relativement stables. Mais il est clair, s’inquiète Jacques Bachelard, que si les prix de ces matières prenaient 10 % à la hausse, nous ne pourrions pas honorer le contrat ».
F. P.
Sefac : se renforcer avec un distributeur
À la fin de l’été, la société Sefac conclura un contrat de distribution exclusif avec un spécialiste algérien des équipements de garage.
Ce partenaire, basé à Alger, disposera d’un stock et vendra en direct pour l’entreprise française spécialisée dans les poids lourds, seul fabricant français de ponts élévateurs à colonnes mobiles.
Cette PME ardennaise de 63 salariés a participé au salon Equip Auto Algeria du 16 au 19 avril 2012. « Nous avions déjà croisé notre futur partenaire lors d’appels d’offres, mais c’est grâce aux rendez-vous pris par Ubifrance que nous avons pu nous entendre avec ce spécialiste algérien, qui exposait », relate Laila Moujib, responsable export Afrique chez Sefac. Le producteur de ponts élévateurs, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros en 2011 (50 % à l’export), travaille depuis plus de 20 ans en Algérie. Il a décidé d’y passer à la vitesse supérieure pour deux raisons. D’abord, parce que le programme algérien d’investissements publics fixe parmi les objectifs l’amélioration du transport urbain. « Jusqu’à présent, Sefac répondait aux appels d’offres internationaux avec un agent commercial algérien ou vendait en France ses produits pour le métro ou le tramway algérien à Alstom ou Vinci », explique Laila Moujib. Deuxième raison : la société veut en profiter pour renforcer son offre en matière de levage. Elle a déjà passé des accords cadre ou des contrats avec des constructeurs de poids lourds, comme Volvo, Renault ou Scania. Selon Laila Moujib, seuls les ateliers pour la maintenance de véhicules légers sont aujourd’hui équipés de matériels performants.
F. P.