Malgré la pandémie et des déplacements retreints, les entreprises ont toujours besoin de recruter des profils capables d’aller défricher de nouveau marchés ou d’installer une nouvelle implantation. Certes, cette démarche est plus ou moins aisée (en fonction du pays et des ressources de l’entreprises) mais des solutions existent, dont le V.I.E.
Le volet export du plan de relance rendu public par le gouvernement le 3 septembre 2020 fait la part belle au volontariat international en entreprise (V.I.E) avec la mise en place d’un « chèque V.I.E ».
Le V.I.E, dont la gestion est assurée par Business France via la plateforme Civiweb, permet de recruter un profil junior afin de lui confier une mission à l’étranger (prise de contacts, étude de marché, recherche de partenaires locaux, création d’une filiale ou d’un bureau de représentation, mise en place d’un réseau de distribution…).
Avec cette mesure, l’objectif est de répondre en partie aux difficultés des entreprises confrontées aux restrictions de déplacements internationaux liées à la Covid-19. « Les contacts à distance ont leurs limites : beaucoup de nos clients nous disent être confrontés à de nombreuses difficultés pour animer leur réseau commercial à l’étranger, souligne Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France. Ils pourraient mettre en place un V.I.E pour assurer une présence locale, dans le pays ou la zone ciblée, pour assurer cette fonction ».
Le chèque V.I.E est une incitation financière aux entreprises pour leur faciliter ce type de recrutement.
Comment ça marche ?
Concrètement, le principe de ce chèque repose sur une aide forfaitaire de 5 000 euros pour toute PME ou ETI souhaitant soit remplacer un V.I.E sur le départ, soit initier une nouvelle mission. Il s’agit d’un véritable coup de pouce au regard du coup moyen annuel de ce dispositif (entre 35 000 et 40 000 euros suivant la destination). Soit une prise en charge de 15 % à 20 % du coût total.
L’objectif affiché par le gouvernement est de 3 000 V.I.E financés d’ici à la fin 2021 en mettant l’accent sur des profils « atypiques ». Tous les secteurs d’activités sont concernés, de la santé à la finance et l’assurance en passant par les TIC, services ou encore l’industrie, comme l’automobile par exemple.
Important : le chèque V.I.E ne sera opérationnel qu’au 1er janvier 2021, les crédits devant être votés dans le cadre de la loi de Finance pour 2021.
Le volontariat international en entreprise (V.I.E)
Guichet : Business France
Description : ce dispositif permet de recruter un jeune de 18 à 28 ans, homme ou femme, de profil varié, pour lui confier une mission à l’étranger : étude de marché, prospection, renforcement d’équipes locales, accompagnement d’un contrat, d’un chantier, participation à la création d’une structure locale, animation d’un réseau de distribution, support technique d’un agent, etc.
Recrutement : Business France propose une aide au recrutement de volontaires, incluant la présélection de profils en fonction des besoins de l’entreprise. Elle a aussi mis en place une base de données des candidats, Civiweb, permettant aux entreprises de trouver plus facilement les profils recherchés.
Durée de la mission : de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite.
Organisation de la mission : un V.I.E peut passer jusqu’à 182 jours par an en France par année de mission, mais l’entreprise s’engage à affecter son candidat à l’étranger. L’entreprise peut également couvrir jusqu’à huit pays avec un même volontaire, grâce au V.I.E régional.
Mesures d’incitation : afin d’encourager les PME et TPE à utiliser la formule, le dispositif s’adapte régulièrement grâce à de nouvelles mesures. Voici les dernières mises en avant par Business France :
• le portage par des grands groupes ou des possibilités d’hébergement au sein de ses bureaux, les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFI), solutions qui peuvent aller du simple hébergement au suivi du V.I.E durant sa mission ; des sociétés privées d’accompagnement à l’international proposent également ce service ;
• le parrainage du V.I.E par les conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) en France et dans son pays de mission ;
• la formule du V.I.E à temps partagé, qui permet de bénéficier d’un V.I.E tout en partageant ses services et son coût avec d’autres entreprises, au sein d’une même filière professionnelle ou d’une même région ; il suffit que les entreprises aient un projet de développement dans un pays commun et qu’elles désignent l’une d’elles comme chef de file et interlocuteur de Business France pour les aspects juridiques et financiers.
• des organismes fédérateurs, par ailleurs, proposent aux PME de se regrouper autour d’un V.I.E à temps partagé en favorisant le rapprochement d’entreprises ayant un projet sur la même destination.
Dépenses à la charge de l’entreprise : frais de voyage aller et retour et de transport de bagage ; indemnité forfaitaire mensuelle variable selon les pays (entre 1 400 et 4 900 euros) ; frais de gestion des dossiers (protection sociale incluse) ; dépenses opérationnelles liées à la mission confiée.
Repère
Le chèque V.I.E privilégie les profils « atypiques »
Nouveauté 2021 : le « chèque V.I.E », aide forfaitaire de 5 000 euros dans le cadre du plan de relance export, doit répondre en même temps à des problématiques d’emploi de certains jeunes et diversifier les profils de recrutement, jusqu’à présent plutôt concentrés sur des bac +5 issus de cursus écoles de commerce ou de grandes écoles. « Le chèque V.I.E peut venir en complément de dispositifs d’alternance ou d’apprentissage. Nous mettrons aussi l’accent sur le recrutement de jeunes diplômés à bac +3 et issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville » précise Frédéric Rossi, directeur général délégué de Business France. Dans cet objectif, Business France a prévu de mobiliser son réseau d’établissements et associations partenaires à partir du mois d’octobre 2020, via une campagne. « Ce que l’on souhaite, c’est proposer aux entreprises des profils pertinents mais plus atypiques » conclut Frédéric Rossi.
Contacts
• Pour les entreprises : n° violet : 0810 659 659 ; [email protected]
• Pour les jeunes : n° violet : 0810 101 828 ; [email protected]
Bon à savoir
Aide administratives et financières
Un des avantages de la formule est aussi que si l’entreprise pilote la mission du V.I.E, c’est Business France qui s’occupe de sa gestion administrative et juridique, l’entreprise étant exonérée de tout lien contractuel direct avec le jeune. Ce dernier est placé sous la tutelle administrative de l’ambassade de France dans son pays d’affectation.
En matière financière, des aides sont possibles : les dépenses liées au recours à un V.I.E sont éligibles au prêt croissance international de Bpifrance et le budget V.I.E est intégrable dans une assurance prospection. Enfin, last but not least, dans de nombreuses régions, les entreprises peuvent bénéficier d’aides régionales qui offrent la prise en charge partielle ou totale du coût du V.I.E.
Repère
Plus de 10 500 V.I.E en poste
Un objectif de 10 000 V.I.E. annuels en poste fin 2017 avait été fixé à Business France l’année de sa création, en 2015. Elle l’a dépassé, et fin février 2020, ils étaient 10 517, en poste dans 123 pays pour le compte de 1 882 entreprises dont 75 % de PME et d’ETI et 25 % de grands groupes. Depuis le début de la formule en 2001, quelque 85 801 V.I.E ont effectué une mission pour le compte de 7 868 sociétés.
D’après les données de Business France à fin février 2020, si l’Europe reste la zone d’affectation dominante (52 %), avec comme premières destinations la Belgique (11,75 %) et l’Allemagne (8,88 %), l’Amérique du Nord est la deuxième zone avec 19,67 %, les États-Unis étant le premier pays d’affectation au monde (14,27 %).
La formule est efficace pour les entreprises : 73 % des utilisateurs du V.I.E poursuivant des objectifs commerciaux ont bénéficié de nouveaux courants d’affaires à l’export (étude Ipsos 2019). Par ailleurs, 98 % des volontaires recommandent l’expérience aux jeunes diplômés (étude Edhec NewGen Talent Centre, octobre 2018).
Par catégories, les PME et ETI emploient 38 % des V.I.E en poste à février 2020. Le secteur bancaire est le premier utilisateur, suivi des TIC et de l’industrie automobile.