Peu avant le confinement décrété pour endiguer l’expansion de la Covid-19, Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, avait accordé une interview exclusive au Moci pour expliquer les objectifs du nouveau dispositif Team France Export*. Nous proposons ici un extrait de cet entretien qui a gardé toute sa pertinence, même si la crise sanitaire a retardé la réalisation des objectifs.
Le Moci. Pour vous, quels sont les atouts clés du nouveau dispositif de la Team France Export (TFE) ?
Christophe Lecourtier. L’équation de la TFE, c’est deux choses : la première, c’est l’héritage de Business France, à savoir sa capacité à transformer ses actions d’accompagnement en courant d’affaires pour les entreprises ; nous sommes la seule agence nationale d’accompagnement à l’export qui, à partir de 2012, a décidé de relever le défi de mesurer l’impact de ses actions. Les Britanniques ont essayé mais ils s’y sont cassé les dents.
La deuxième chose, c’est l’héritage des Chambres de commerce et d’industrie (CCI), qui est la proximité dans les territoires et que nous avons encore renforcées avec des effectifs de conseillers internationaux.
La TFE, ce n’est pas seulement une mise au carré des acteurs publics, c’est aussi l’association nouvelle entre la proximité et la promesse d’efficacité, avec une exigence de qualité de service à chaque bout de la chaîne d’accompagnement, depuis le territoire, en lien avec les priorités des Régions, jusque dans le marché étranger.
Le portefeuille de la TFE compte 45 000 entreprises, qui sont les cibles prioritaires des 235 conseillers internationaux sur le territoire, issus des CCI et de Business France, et spécialisés par filières sectorielles. À chaque entreprise, un conseiller référent qui devra lui donner confiance, la convaincre d’accélérer et l’accompagnera tout au long du parcours. À cela s’ajoutent, en miroir, les 750 conseillers de notre réseau international. Au total, la TFE c’est aujourd’hui 1 000 conseillers disposant d’objectifs solidaires, organisés en filières, partageant les informations via un outil CRM. Une véritable équipe.
Avec Bpifrance, autre partenaire clé de la TFE pour les financements, nous avons en outre un dispositif de coaching spécifique pour les PME et ETI à fort potentiel de croissance. Nous poursuivons ce dispositif qui a fait ses preuves et sommes partenaire des deux accélérateurs internationaux lancés l’an dernier par Bpifrance.
Le Moci. Vous nous aviez dit, il y a un an, que 2019 serait l’année du privé. Est-ce le cas ?
Ch. L. Oui, et cela a été le cas. Le privé a été associé à tous les étages de la construction de la TFE, à commencer par les plateformes de solutions développées au plan régional. Les prestataires privés y ont leur place, et pas seulement ceux de l’OSCI, soit en complémentarité, soit en alternative aux services de la TFE. Nous souhaitons qu’ils soient toujours plus nombreux à rejoindre ces plateformes, qui constituent de véritables supermarchés de l’export !
À l’autre bout de la chaîne, à l’étranger, nous avons massivement associé les acteurs privés aux actions d’aide à la prospection à travers les Concessions de service public (CSP) et les marchés de services confiés à des prestataires, via des appels d’offres lancés à partir de fin 2018.
On a profondément transformé la géographie du réseau international : aujourd’hui, nous sommes à 50/50, 50 pays où Business France est le référent TFE et 50 pays où ce sont les partenaires privés, alors qu’auparavant, nous proposions un réseau 100 %
Business France dans une soixantaine de pays. Cela permet une meilleure couverture et un vrai partenariat public privé.
Pour les actions d’implantation locale, ce que nous appelons l’ancrage, qui ne sont pas de notre ressort, nous avons opté pour un système de référencement de prestataires, identifiés pour leur expertise, leur notoriété, voire leur probité. Les ambassadeurs et les services économiques ont eu un rôle central dans ce travail de référencement à notre demande. Aujourd’hui, ceux qui ont ainsi été référencés « Solution Team France Export » disposent d’un véritable un label de qualité qu’ils peuvent afficher et revendiquer.
Le Moci. On l’a déjà évoqué, vous l’avez dit vous-même à plusieurs reprises, l’année 2020 doit être l’année de l’action. Quels sont les objectifs de la TFE pour 2020 ?
Ch. L. Ils sont ambitieux, portés avec nos partenaires et associés : parvenir à projeter plus de 10 000 entreprises à l’international, ce qui implique de les avoir préalablement identifiées et préparées selon leurs besoins. En quatre ans, d’ici 2022, nous devrons avoir ainsi traité un quart de l’appareil exportateur, soit plus ou moins 30 000 entreprises.
Propos recueillis par Christine Gilguy