Le volontariat international en entreprises (V.I.E.), qui a fêté l’année dernière ses 18 ans, continue à être plébiscité tant par les entreprises que par les jeunes diplômés. Depuis 2000, ils sont plus de 72 000 à avoir rempli des missions à l’étranger pour le compte de plus de 7 700 entreprises. L’un de ses enjeux aujourd’hui est de diversifier les profils et les parcours.
10 000 V.I.E. sont en poste chaque année partout dans le monde. Dispositif de mobilité internationale sécurisé par l’État, le volontariat international offre l’opportunité à une entreprise de droit français de confier une mission professionnelle à l’étranger, à un jeune français ou ressortissant de l’Espace économique européen de 18 à 28 ans, et ce pour une durée de 6 à 24 mois reconductibles une fois.
L’essor des missions en Afrique
L’Europe (avec en trio de tête la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni) accueille plus de la moitié des volontaires, suivie des États-Unis. Mais le volontariat en entreprise connaît un véritable essor sur le continent africain, qui a accueilli 800 V.I.E. en 2018. Directeur pour l’Afrique de l’Est de Business France, Xavier Chatte-Ruols observe une croissance annuelle de 20 % du nombre de VIE depuis 2016 sur sa zone géographique. La progression des V.I.E. a atteint 9 % en 2018 sur toute l’Afrique subsaharienne.
« Le potentiel du continent est très fort puisqu’il concentrera un humain sur quatre en 2050. Alors que les entreprises ont longtemps privilégié leur développement en Asie, nous voyons aujourd’hui beaucoup de projets en Afrique. Business France est là pour accompagner les entreprises et le V.I.E. est un des outils à leur disposition », remarque de son côté Axel Baroux, directeur pour l’Afrique subsaharienne à Business France.
Quant aux missions, elles couvrent une large palette d’activités depuis les études de marché, la prospection commerciale, l’animation de réseaux de distribution, le renforcement d’équipes locales, l’accompagnement d’un contrat ou d’un chantier, l’ingénierie, le contrôle qualité…
Le V.I.E. rencontre d’ailleurs un beau succès : 65 % des entreprises utilisatrices considèrent qu’il a eu un impact direct sur leur implantation commerciale, 60 % affirment avoir gagné de nouveaux clients et 73 % disent avoir vu leur chiffre d’affaires progresser.
Des V.I.E pour Nature & Découvertes en Allemagne
L’enseigne Nature & Découvertes recourt ainsi à des volontaires en entreprise depuis 2016 afin d’accompagner son développement en Allemagne, initié deux ans plus tôt. « Nous recrutons des apprentis directeurs adjoints. Nous les formons au préalable dans nos magasins en France pour apprendre le métier, puis ils participent avec le directeur du magasin à l’ouverture d’un point de vente en Allemagne (recrutement, stocks…) », explique Anne Deneux, directrice des ressources humaines de Nature & Découvertes.
À l’issue de sa mission, la première volontaire recrutée en 2016 a intégré la pépinière des directeurs adjoints, puis a été embauchée comme directrice de magasin en Allemagne. Et deux autres V.I.E. sont en cours de mission dans cette entreprise de 1 000 salariés. « Les volontaires sont francophones, ont une culture allemande par leur famille ou via des stages dans le pays et parlent la langue. Le dispositif permet de proposer des missions intéressantes pour les jeunes diplômés d’école de commerce, à des niveaux de rémunération très compétitifs pour nous », se félicite la DRH.
Globalement, 70 % des jeunes se voient proposer une embauche définitive à l’issue de leur mission, 51 % décidant d’intégrer l’entreprise où ils ont réalisé leur mission. À noter que 78 % des anciens V.I.E. occupent aujourd’hui un poste en relation avec l’international.
Augmentation de la part des PME
Si le dispositif, héritier de l’ancienne coopération civile, a surtout attiré des grandes entreprises à ses débuts il y a 18 ans, il est aujourd’hui davantage utilisé dans les PME et ETI. « Elles représentent aujourd’hui 70 % des entreprises utilisatrices et 40 % des missions », détaille Michel Bauza directeur du V.I.E. de Business France.
Et les efforts se poursuivent pour toucher cette catégorie d’employeurs. Autre enjeu : développer le vivier des 40 000 candidats inscrits sur la plate-forme Civiweb de mise en relation entre jeunes et entreprises. « 30 % sont issus d’une école de management, 30 % sont ingénieurs. Nous souhaitons sensibiliser au V.I.E. l’ensemble des structures de formation, notamment les universités, sur tous les territoires, afin de toucher le plus de jeunes talents possible », poursuit Michel Bauza.
Concentration sur les bac +5
Le niveau de formation reste pour le moment très homogène et concentré – à 90 % – sur des bac +5. « Des candidats moins diplômés postulent, mais l’on constate que les entreprises choisissent des profils qui ont un degré de maturité assez élevé – la moyenne d’âge est de 26 ans – et qui ont déjà effectué des stages ou eu des expériences professionnelles à l’étranger puisqu’ils vont devoir travailler, dans un contexte de forte autonomie, dans un pays étranger », note Michel Bauza.
Par ailleurs, alors que la rémunération proposée est la même quel que soit le profil finalement recruté, il n’est pas étonnant que les employeurs choisissent la sécurité en s’entourant des candidats les plus diplômés.
Gaëlle Ginibrière
Témoignages
Marc de Courcel, cofondateur d’Optimetriks
« Optimetricks est une start-up basée au Kenya. Elle accompagne le développement de ses clients (parmi lesquels Nestlé, Danone ou L’Oréal) en Afrique subsaharienne en les équipant d’une appli leur permettant de remonter en temps réel des données sur leurs points de vente, afin d’affiner leur suivi et leur stratégie. En 4 ans, nous avons déployé notre présence dans une quinzaine de pays africains et le V.I.E. est un bel outil, qui facilite les démarches. Il permet de recruter des profils intéressants et expérimentés – nous préférons pour notre part des candidats ayant déjà 3 ou 4 années d’expérience aux tout jeunes diplômés fraîchement sortis de l’école – et qui ont une culture de l’international. Six V.I.E. se sont déjà succédé chez nous pour une durée de deux ans, dans le commercial, les opérations ou l’architecture de la solution. Parmi eux un Allemand, puisque les ressortissants de l’espace économique européen peuvent postuler. Et nous sommes actuellement en discussion avec un Espagnol. Parmi les six V.I.E. accueillis, quatre ont été recrutés en CDI dans la continuité de leur poste et nous avons embauché un jeune qui avait fait son V.I.E. dans une autre entreprise. »
Bastien Greco, Volontaire en Belgique
« Mon choix de partir en V.I.E. est déjà ancien, puisqu’il remonte… à la Terminale. Après un bac STG orienté marketing, je m’étais renseigné sur la possibilité d’avoir une expérience à l’international et avais découvert cette possibilité. À la suite d’un DUT Techniques de commercialisation, j’ai étudié un an dans une université finlandaise et obtenu un diplôme universitaire d’études technologiques internationales (DUETI). Puis j’ai intégré l’Ieseg en apprentissage, travaillant pendant deux ans comme chef de produit junior/acheteur pour la société Feu vert.
« Toujours mû par l’idée de travailler à l’étranger, j’ai rejoint en V.I.E. à Bruxelles GO Concept, une société de conseil en innovation technologique. C’était en novembre 2017. Ma mission consiste à développer l’activité de la société en Belgique et le portefeuille clients – la branche ayant été lancée quelque mois avant mon arrivée – de recruter une équipe d’ingénieurs et d’animer ce réseau de consultants. J’apprécie l’autonomie dont je dispose et la capacité de l’entreprise à m’intégrer dans ses équipes. GO Concept a proposé de m’embaucher à la fin du contrat en avril, mais j’ai décliné pour des raisons personnelles. »
Le V.I.E mode d’emploi
Guichet : Business France
Description
Le V.I.E (volontariat international en entreprise) est une solution RH de développement à l’international. Ce dispositif permet aux entreprises de droit français de confier à une personne âgée de 18 à 28 ans une mission professionnelle à l’étranger (étude de marché, prospection, renforcement d’équipes locales, accompagnement d’un contrat, d’un chantier, participation à la création d’une structure locale, animation d’un réseau de distribution…).
Recrutement
Business France fournit une assistance au recrutement, incluant la présélection de profils en fonction des besoins de l’entreprise. Elle a aussi mis en place une base de données des candidats, Civiweb, permettant aux entreprises de trouver plus facilement les profils recherchés.
Durée de la mission
De 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite.
Organisation de la mission
Un V.I.E peut passer jusqu’à 183 jours par an en France par année de mission, mais l’entreprise s’engage à affecter son candidat à l’étranger. L’entreprise peut également couvrir jusqu’à 8 pays avec un même volontaire, grâce au V.I.E régional.
Mesure d’incitation
Afin d’encourager les PME et TPE à utiliser la formule, le dispositif s’adapte régulièrement grâce à de nouvelles mesures.
Voici les dernières mises en avant par Business France :
• le portage par des grands groupes ou des possibilités d’hébergement au sein de ses bureaux, les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger (CCIFI), solutions qui peuvent aller du simple hébergement au suivi du V.I.E durant sa mission. Des sociétés privées d’accompagnement à l’international proposent également ce service ;
• le parrainage du V.I.E par les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) en France et dans son pays de mission ;
• la formule du V.I.E à temps partagé, qui permet de bénéficier d’un V.I.E tout en partageant ses services et son coût avec d’autres entreprises, au sein d’une même filière professionnelle ou d’une même région. Il suffit que les entreprises aient un projet de développement dans un pays commun et qu’elles désignent l’une d’elles comme le chef de file et interlocuteur de Business France pour les aspects juridiques et financiers.
• des organismes fédérateurs, par ailleurs, proposent aux PME de se regrouper autour d’un V.I.E à temps partagé en favorisant le rapprochement d’entreprises ayant un projet sur la même destination.
Dépenses à la charge de l’entreprise
Frais de voyage aller et retour et de transport bagage ; indemnité forfaitaire mensuelle variable selon les pays (entre 1 400 et 5 000 euros) ; frais de gestion des dossiers (protection sociale incluse) ; dépenses opérationnelles liées à la mission confiée.
Contacts
• Pour les entreprises :
N° Azur : 0 810 659 659
[email protected]
• Pour les jeunes :
N° Azur : 0 810 10 18 28
[email protected]