Au cœur des préoccupations RH des entreprises engagées dans une stratégie d’expansion à l’international, la formation constitue un vrai levier de réussite. C’est aussi un enjeu pour l’attractivité de la France.
En termes d’internationalisation de l’économie française, les marges de progrès sont encore conséquentes. Certes, les exportations de biens ont connu une croissance de 4,4 % (en particulier dans l’industrie navale, les biens d’équipement et le textile) entre les premiers semestres 2017 et 2018. Mais le déficit commercial a, lui, continué à se dégrader au premier semestre 2018, avec un solde des échanges extérieurs de -13,6 milliards d’euros sur les biens et services.
Annoncée par le Premier ministre Édouard Philippe à Roubaix en février 2018, la stratégie du gouvernement en matière de commerce extérieur n’est pas encore totalement entrée dans sa phase opérationnelle. Certes, le nouveau dispositif de soutien à l’export fondé sur une alliance entre Business France et les réseaux consulaires est en cours de déploiement. Et le Conseil national de l’industrie (CNI) a installé le 23 juillet 2018, le CNI international, une instance de concertation réunissant acteurs publics et privés de l’export dans l’objectif de dynamiser les exportations de l’industrie française. Parmi les cinq leviers mobilisés dans cet objectif, figure l’effort de formation sur les compétences afin de conquérir l’international.
Plus que jamais, la montée en compétence des dirigeants, mais aussi des salariés, est un gage de réussite des entreprises à l’international. À court terme, c’est ainsi la perspective de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne qui oblige les opérateurs à se mettre à jour en matière douanière pour éviter toute rupture d’activité. Alors que l’hypothèse d’un « Brexit dur » est de plus en plus plausible en ce début d’année 2019, les entreprises commencent – encore timidement – à s’y préparer. « Même si le flou persiste sur ce qui va se passer fin mars, nous préférons conseiller aux entreprises de se préparer, en estimant leur exposition aux exportations avec le Royaume-Uni, et en commençant à démarcher lorsqu’elles en ont besoin pour externaliser », note Jean Mencacci, chef du pôle action économique à la direction des Douanes de Paris Ouest. Agence d’emploi dédiée au commerce international, le cabinet Riverchelles constate d’ailleurs une recrudescence des recherches pour des postes de déclarant en douane. « Et la demande va monter crescendo dans les prochaines semaines », prédit Milèn Michel, responsable de l’antenne parisienne.
Parallèlement, le marché de la formation se voit bousculé. La réforme de la formation professionnelle commence à se mettre en place depuis le 1er janvier, à travers, notamment, de nouveaux acteurs et de nouveaux circuits de financement.
Quid également de l’annonce des 400 millions d’euros d’économies demandées d’ici 2022 aux Chambres de commerce et d’industrie (CCI) ? Certains s’inquiètent des conséquences, notamment sur la baisse de leurs financements aux écoles de management sous leur tutelle. « Ce n’est pas un risque, mais une opportunité pour nos écoles, qui en dehors des dépenses d’investissement doivent présenter un équilibre d’exploitation. Il n’est donc pas sain que des acteurs publics subventionnent ce compte d’exploitation. Nous sommes en revanche là pour les aider à financer des investissements utiles, leur apporter un accompagnement pédagogique… », relativise Didier Kling, président de la CCI de Paris Île-de-France. 19 écoles franciliennes se préparent d’ailleurs à ouvrir leur capital, parmi lesquels HEC, l’ESSEC et ESCP Europe.
Autre sujet d’interrogation : la hausse des frais d’inscription dans les universités pour les étudiants extracommunautaires, annoncée le 19 novembre 2018 par le gouvernement. Cette décision devrait faire passer de 170 à 2 770 euros l’inscription en licence, et 3 770 euros en master, des tarifs qui restent trois à quatre fois moins chers que le coût réel d’une année étudiante en France.
Une mesure dont la conférence des présidents d’université (CPU) demande la suspension en vue d’une concertation sur le sujet.
« La France a besoin des étudiants internationaux qui contribuent à son développement et à son rayonnement dans le monde. Pour opérer un saut qualitatif dans nos politiques d’accueil des étudiants internationaux, qui ont déjà progressé, nous avons besoin de moyens supplémentaires mais l’augmentation générale des droits d’inscription annoncée ne constitue pas une réponse adaptée, car elle porte en elle le risque important d’exclure des étudiants et des doctorants que nous accueillons aujourd’hui », indiquait le 10 décembre la CPU dans un communiqué. Déjà une quinzaine d’universités ont annoncé qu’elles n’appliqueraient pas l’augmentation.
Dans ce contexte, l’édition 2019 du Guide des formations au commerce international du Moci veut apporter un éclairage sur les programmes aujourd’hui disponibles sur le marché, mais aussi les métiers.
Dans la première partie, la dixième édition du Palmarès du Moci valorise les meilleures formations au commerce international, de bac +2 à bac +5. Ce classement est accompagné d’un guide mis à jour sur les métiers du commerce international et les formations qui y conduisent, à l’adresse à la fois des étudiants et des employeurs.
La deuxième partie aborde des problématiques spécifiques à la formation continue, et répertorie dans un annuaire les cursus longs et les stages courts aujourd’hui proposés.
Gaëlle Ginnibrière