La Chambre de commerce franco-norvégienne (CCFN) fait partie des premières CCIFI a avoir signé une concession de service publique avec Business France dans le cadre de la réforme « Team France Export » (TFE), devenant ainsi le « correspondant unique » de la TFE dans ce pays. Son directeur-général nous explique la démarche.
Le Moci. La CCFN fête en 2019 ses cent ans. Le 11 décembre dernier, elle a signé à Oslo une concession de service public (CSP) avec Business France. N’est-ce pas un gros risque financier pour une petite équipe de quatre personnes ?
Ludovic Caubet. Le risque financier a été au cœur de notre analyse. Dès que nous avons su que la Norvège se trouvait sur la liste des pays pilotes de Business France, nous avons commencé à réfléchir à un modèle économique pour que le transfert soit viable. Nous avons au sein de notre conseil d’administration des expertises en finance. Nous nous sommes engagés sur cinq ans : trois ans + deux ans. C’est clairement un pari d’intégrer et de rationnaliser l’activité de Business France pour être viable. Nous ne serons pas rentables tout de suite, l’objectif étant de servir un maximum d’entreprises tout en s’autofinançant à moyen terme.
Le Moci. Qu’est-ce qui a poussé la CCFN dans ce pari ?
L. C. Nous avons été surpris de voir la Norvège sur la liste de Business France. Pour l’agence publique, la Norvège était sans doute un petit pays, avec des coûts de fonctionnement très élevés. Nous avons saisi cette opportunité, car nous misons sur le développement des services aux entreprises. D’ailleurs, depuis 2009, nous avons une filiale commerciale pour les services d’appui aux entreprises : hébergement, domiciliation, portage salarial, etc. Notez bien que la CSP ne concerne, elle, que la première approche. Pour aller plus loin, l’entreprise sera sur le marché et sera libre. On s’est engagé à avoir des procédures transparentes, à ce qu’il n’y ait pas d’abus. En même temps, on a des ambitions, mais la CCFN ne peut pas faire à quatre tout de suite ce que le bureau de Business France réalisait avec six agents. On va fonctionner par palier, sachant que nous avons négocié un nombre d’entreprises à accompagner. C’est un engagement sur cinq ans ambitieux, mais réaliste. L’agence publique a accepté de mettre à notre disposition un de ses anciens membres de l’équipe à Oslo pour travailler sur l’intégration. C’est une aide indispensable pour comprendre ses procédures et assurer la continuité avec le réseau en France, avec, notamment, la création des guichets uniques en région et des Team France Export, et aussi la mise en place à venir des plateformes de solution en ligne et des CRM pour la gestion de clients.
Le Moci. Business France a une organisation sectorielle. Comment vous adaptez-vous ?
L. C. La Chambre avait déjà signé localement avec Business France en 2015 une convention de partenariat. On conservait certaines filières stratégiques à nos yeux : énergie, innovation, numérique, « clean-tech ». Aujourd’hui, on a tout, en particulier l’agroalimentaire, ce qui nous oblige prioritairement à travailler sur la récupération de l’information nécessaire aux entreprises. Une activité qui est facilitée par le fait que certains de nos membres sont dans l’agroalimentaire. Ce qu’il faut comprendre et qui est peut-être spécifique à la Norvège par rapport aux autres pays de CSP attribuées, c’est que nous sommes intégrés à une région. Nombre d’entreprises françaises en Norvège opèrent sur la zone nordique. C’est pourquoi dès le début de l’année, nous avons travaillé avec les bureaux de Business France en Suède, au Danemark et en Finlande. Leurs équipes possèdent des référents sectoriels sur la zone, ce qui permet d’harmoniser les procédures ou de partager les types de contrats. Si la CCFN ne parvenait pas à s’intégrer, ce serait alors compliqué, parce qu’on nous risquerions alors d’être marginalisés. Ce ne sera pas le cas.
Propos recueillis par François Pargny