En juin, Christophe Benoit, responsable de production internationale dans une entreprise de fabrication de matériels agricoles de 350 salariés en France et 1 800 dans le monde, achèvera son Executive MBA à Neoma Business School. Une formation à temps partagé d’un an et demi, exigeante et qui suppose un investissement financier conséquent – 41 500 euros…
« J’ai négocié avec mon entreprise pour qu’elle prenne en charge les deux tiers du coût de la formation en argumentant que le contenu du programme constituerait un apport pour la société car je pourrais dans le cadre du programme mener un état des lieux de la stratégie de l’entreprise et travailler sur la redéfinition de son mode opératoire », explique-t-il.
Le cas de Christophe Benoit illustre la co-construction de la formation entre salariés et employeurs, assortie du cofinancement, qui s’est développée depuis l’Accord national interprofessionnel (ANI) de 2003.
Avec la réforme en cours de la formation professionnelle menée par la ministre du Travail Muriel Pénicaud, entreprises et salariés pourraient être conduits à mettre plus souvent la main à la poche.
Questions autour de la monétisation du CPF
Le CPF (Compte personnel de formation), créé par la loi de 2014, permettait jusqu’ici aux salariés d’obtenir 24 heures de crédit formation par an (48 heures pour les moins qualifiés) dans la limite de 150 heures (400 heures pour les moins qualifiés). La proposition du gouvernement est de monétiser le CPF : 500 euros par an, plafonnés au bout de 10 ans à 5 000 euros, 800 euros plafonnés à 8 000 euros pour les non qualifiés.
Cette somme est jugée insuffisante par nombre d’acteurs de la formation, d’autant plus qu’elle ne correspond même pas forcément au tarif des 24 heures de formation précédemment créditées. « La monétisation risque d’avoir des effets pervers, car il y aura un problème d’équité d’accès aux formations en fonction de leur coût, sachant que ce ne sont pas les formations sur les plus bas niveaux de qualification qui coûtent les moins chers », regrette Jean-Michel Pottier, vice-président de la CPME en charge de ces questions.
Pour les formations longues de réorientation professionnelle, le gouvernement s’oriente vers un abondement de l’entreprise, à négocier dans le cadre d’accords collectifs. En l’absence d’abondement, il est tout à fait imaginable que les salariés soient de plus en plus amenés à investir dans leur propre formation.
Pour l’heure, les entreprises peuvent solliciter des aides pour financer la formation de leurs collaborateurs. Par exemple, les Actions de développement de l’emploi et des compétences (ADEC) permettent d’anticiper les mutations économiques, sociales et démographiques par des formations ciblant les salariés, notamment de TPE et PME, faisant face aux évolutions de l’emploi.
L’Agefos PME propose également des aides, par exemple dans le cadre de contrats de professionnalisation. Mais ces aides ne sont pas toujours aisées à identifier, car les financeurs sont multiples et il n’existe pas de guichet unique.
Le commerce international pas toujours ciblé
Pour les dirigeants non salariés qui souhaitent se former, la partie n’est pas plus simple. D’autant que les formations dédiées au commerce international ne figurent pas toujours parmi les cursus ciblés. Par exemple, l’opération « Mallette du Dirigeant » menée par l’Agefice depuis 2013 et destinée à permettre aux chefs d’entreprise de se former, ne prend pas en charge les cursus liés au développement à l’international.
Le programme Stratexio coûte, selon la formule, 4 250 euros (pour cinq journées de formation collective en club, avec une revue stratégique et en option des journées individuelles de formation à la carte à 1 500 euros HT/jour) ou 9 950 euros pour un programme complet comprenant cinq journées collectives et cinq journées individuelles avec revue stratégique. Des financements sont envisageables en sollicitant des dispositifs existants. « Les frais pédagogiques des journées de formation collective et la revue stratégique initiale sont éligibles aux fonds formations et les journées de formation individuelle intra-entreprises sur mesure peuvent être financées par certaines régions », commente de son côté Stéphanie Le Dévéhat.
Par ailleurs, les chefs d’entreprise peuvent bénéficier d’un crédit impôt formation. Cette aide concerne tous les dirigeants des entreprises imposées d’après leur bénéfice réel ou exonérées, quel que soit le mode d’exploitation de l’entreprise. Elle est plafonnée à la prise en compte de 40 heures de formation par an, financé à hauteur du taux horaire du SMIC.
Gaëlle Ginibrière