Le Moci. Bpifrance assurance export, filiale de Bpifrance, est opérationnelle depuis le 1er janvier 2017. Comment cela se passe-t-il ?
Christophe Viprey. Bien. Nous sommes très heureux de retrouver, avec Bpifrance, un maillage régional. Une centaine de collaborateurs, formés à la gamme de produits assurance-export, se trouvent dans les 48 implantations régionales. Sur tout le territoire Bpifrance propose désormais la palette complète de soutiens financiers publics à l’exportation, de l’assurance-prospection aux financements en passant par l’assurance-crédit et l’assurance-change. C’est un grand changement, car auparavant la gestion était concentrée à Paris et nous n’avions que quelques personnes en région. Ce maillage nous permet à la fois d’accroître sensiblement la diffusion des produits auprès des entreprises et d’être plus réactifs. Ainsi, la nouvelle assurance prospection sera en grande partie déléguée aux collaborateurs du réseau, qui instruiront désormais la majorité des demandes, et plus de la moitié des décisions seront même prises localement.
Le Moci. Les nouveautés dans la gamme sont nombreuses. Quelles sont les principales à vos yeux ?
C. V. Nous avons simplifié et modernisé nos différents produits en tenant compte des attentes des entreprises. Une rencontre avec 200 clients a été organisée pour cela dès mars 2017, ce qui a permis de cerner les attentes. Outre la nouvelle assurance prospection, je peux citer le déploiement d’une garantie de ligne de caution, qui va compléter notre offre en garantie de caution et de préfinancements. Par ailleurs, nous étendons la garantie de change à onze nouvelles devises –dont le renminbi chinois, le pesos colombien et le leu roumain – en plus des dix-sept déjà couvertes, même si la majorité des opérations aujourd’hui couvertes sont libellées en dollars.
Par ailleurs, en matière d’assurance-crédit, les procédures de demande ont été simplifiées et les délais de réponse réduits. L’engagement pris avec le ministère des Finances est que le délai de réponse n’excède jamais 60 jours, sachant que la norme est plutôt de dix jours et que nous fournissons des lettres de soutien dans un délai standard de 48 heures. Autre nouveauté, nous avons simplifié les formalités de déclaration de part française avec le Pass export, qui cible particulièrement les ETI et les grandes entreprises qui nous sollicitent de façon récurrente. Il s’agit d’un accord sur trois à cinq ans par lequel l’entreprise s’engage à respecter un taux moyen de part française en échange du soutien financier maximal permis par l’OCDE. L’administration ne fait son calcul qu’en fin de période sur l’ensemble des contrats couverts et non pour chaque contrat.
Autre amélioration que j’aimerais citer, l’extension prévue de la couverture d’assurance-crédit aux filiales d’entreprises françaises, qui donnera plus de souplesse aux grands industriels qui doivent passer par des filiales pour répondre à certains appels d’offres.
Nous modernisons, enfin, la garantie des investissements internationaux pour pouvoir proposer très prochainement un contrat simplifié qui couvrira à la fois le risque politique et le risque commercial. Nous espérons, grâce à cette amélioration, encore mieux soutenir les entreprises qui s’implantent dans un pays étranger.
Cette nouvelle dynamique nous permet d’être plus ambitieux sur nos objectifs, notamment pour les produits destinés aux PME. Nous visons ainsi pour 2018 une progression de 30 % pour l’assurance prospection, les garanties de cautions et de préfinancement risque exportateur. L’assurance-crédit devrait de nouveau être en croissance, comme elle l’a été en 2017, notamment dans le segment des petits montants.
Le Moci. Vous y avez fait allusion, une nouvelle formule de l’assurance prospection, aide à l’export phare pour les PME, sera lancée début mai. Certains regrettent l’ancien mécanisme, jugé plus généreux. Quels sont, selon vous, les « plus » du nouveau ?
C. V. Nous avons mené une expérimentation de plusieurs semaines dans les Hauts de France et la vingtaine d’entreprises avec lesquelles nous avons contracté est conquise !
Deux caractéristiques me paraissent particulièrement intéressantes : la première est l’apport immédiat de « cash », car on débourse 50 % du budget à la signature, ce qui libère de la trésorerie – un point souvent sensible pour les PME –, ce qui donne aux entreprises les moyens d’entreprendre leur projet sans attendre. La deuxième est la simplification, puisque l’entreprise est désormais certaine de son budget pluriannuel et le nombre de rendez-vous administratifs pour un contrat tombe à trois contre plus de neuf précédemment.
Certes, le nouveau produit exige un remboursement forfaitaire minimum de 30 % du budget couvert. Mais il faut faire la part des choses : ce montant minimum est calculé sur une durée de chiffre d’affaires de cinq ans, plus courte que dans la formule précédente, et les seuls vrais perdants seront ceux qui ne feront aucun chiffre d’affaires ! Ainsi, nous ciblerons davantage les entreprises qui croient en leur projet d’exportation. J’ajoute que cela permettra aussi d’aider un plus grand nombre d’entreprises.
Propos recueillis par Christine Gilguy